Question de M. BRISSON Max (Pyrénées-Atlantiques - Les Républicains) publiée le 01/07/2021

Question posée en séance publique le 30/06/2021

M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Max Brisson. Ma question s'adresse bien à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargé des élèves avant qu'ils ne deviennent des étudiants.

Estimez-vous judicieux, monsieur le ministre, que les procédures Affelnet et Parcoursup dissipent désormais dans des « indices de position sociale » – sic ! – les critères académiques qui étaient jusqu'à présent au fondement de toute orientation objective ?

Estimez-vous de bonne conduite que des élèves candidats aux concours des grandes écoles puissent désormais bénéficier, par avance, de points supplémentaires sur des critères qui s'apparentent essentiellement à de la discrimination positive ?

Croyez-vous qu'au concours de l'École polytechnique les mathématiques et la physique ne soient plus suffisantes pour choisir les meilleurs ?

Ne craignez-vous pas, en définitive, que ces évolutions auxquelles tiennent tant certaines élites qui ont pu y échapper se fassent au détriment du rayonnement des formations supérieures et, surtout, de l'équité que l'on doit aux élèves ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 01/07/2021

Réponse apportée en séance publique le 30/06/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le sénateur Brisson, puisqu'il n'y a ici que des élus et – je vous rassure ! – des ministres qui aiment la France, je ne crois pas me tromper en affirmant que nous sommes tous également très attachés à la promesse républicaine. C'est cette exigence qui nous a rassemblés, sur toutes ces travées, lors de l'examen de la loi relative à l'orientation et à la réussite des étudiants (ORE), qui promeut le mérite.

Oui, aujourd'hui, nous constatons plus de mobilité sociale et une meilleure représentation des boursiers dans toutes les formations, y compris les classes préparatoires aux grandes écoles. C'est le résultat concret de la lutte contre l'autocensure que nous ne cessons de mener. Dans le même temps, la réussite à l'université a progressé.

C'est la même exigence qui nous a rassemblés lors de l'examen de la loi de programmation de la recherche. Nous avons permis aux établissements qui le souhaitent – tel est bien leur souhait ! – de faire évoluer leurs concours, afin là encore de pouvoir reconnaître les mérites de chacun, que les étudiants soient ou non boursiers, qu'ils viennent de la région parisienne ou d'ailleurs en France, qu'ils soient de Paris intra-muros ou extra-muros.

Non, malgré ce que vous sous-entendez, monsieur le sénateur, ce gouvernement n'est pas celui qui remettra en cause le principe du mérite et celui du concours.

M. François Bonhomme. C'est pourtant ce qui s'est passé !

M. Gérard Longuet. Vous niez la réalité !

Mme Frédérique Vidal, ministre. Je vous rappelle d'ailleurs que les concours d'accès aux grandes écoles ont tous été préservés et maintenus l'an dernier, malgré la crise sanitaire et grâce au travail mené par le Gouvernement, en lien avec les écoles.

Maintenant, regardons les chiffres, si vous le voulez bien : on constatera que la promotion au mérite ne fonctionne peut-être plus aussi bien qu'auparavant. Lorsque plus de la moitié des élèves de l'École polytechnique viennent de moins de dix classes préparatoires, qui sont presque toutes situées en Île-de-France, peut-être convient-il de se poser cette question-ci : y a-t-il vraiment un accès de tous les jeunes de tous les territoires de notre pays sur la base du mérite ? Je sais bien, mesdames, messieurs les sénateurs, à quel point vous êtes attachés aux territoires. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)

M. Gérard Longuet. Faites en sorte que les lycées soient bons !

M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour la réplique.

M. Max Brisson. Ma réplique s'adressera à Mme Vidal, mais aussi à M. Blanquer. Madame, monsieur les ministres, je n'aurais jamais cru que, sous votre magistère collectif, on s'éloignerait davantage encore de la promesse républicaine qui a vu Charles Péguy, le fils d'une rempailleuse de chaises, devenir normalien, ou Albert Camus, le fils d'une femme de ménage, recevoir le prix Nobel de littérature, tout cela sans quotas ni « indices de position sociale » !

Je n'aurais jamais cru que ce serait sous votre magistère que l'excellence et le mérite, mesurés par le travail, les connaissances et l'effort, seraient abaissés au rang d'incongruité !

J'avais pourtant sincèrement espéré que vous fermeriez la porte à cette fascination pour les délires wokistes venus d'outre-Atlantique, pour lesquels s'entichent ceux qui sont si prompts à passer par-dessus bord tout ce qui a forgé notre modèle républicain. (M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports manifeste son agacement.)

J'espérais que vous auriez fait vôtre cette belle citation de Philippe Nemo : « Ce n'est pas en faisant injure aux valeurs de raison, de science, d'intelligence et de travail qu'on forme la jeunesse d'un pays. »

Madame, monsieur les ministres, c'est bien sous votre magistère, hélas, qu'à bas bruit nous tournons le dos à la méritocratie républicaine ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Anne-Catherine Loisier applaudit également.)

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