Question de M. MALHURET Claude (Allier - Les Indépendants) publiée le 01/07/2021

Question posée en séance publique le 30/06/2021

M. le président. La parole est à M. Claude Malhuret, pour le groupe Les Indépendants – République et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.)

M. Claude Malhuret. Monsieur le Premier ministre, le variant delta ouvre un nouvel épisode de l'épidémie de covid, qui, une fois de plus, prend le monde entier à contre-pied.

Les pays d'Asie et du Pacifique qui ont adopté la stratégie du « zéro covid » et n'ont pas centré leurs efforts sur le vaccin font face aujourd'hui à de nouvelles flambées. Les pays pourvus de vaccins chinois et russes, distribués pour des raisons de propagande, sans les contrôles nécessaires, s'aperçoivent qu'ils ne protègent pas et sont aujourd'hui massivement touchés.

Quant à l'Europe, moquée au début de l'année pour son retard et sa prudence, on peut se réjouir qu'elle dispose aujourd'hui des vaccins les plus efficaces. Malgré les campagnes des complotistes et des « antivax », ses populations sont désormais les plus vaccinées derrière celles des États-Unis et d'Israël. Enfin, à partir du 1er juillet, elle sera le principal producteur et distributeur de vaccins pour le monde entier.

Cependant, la course de vitesse entre l'immunisation de masse et la dissémination du virus, qui semblait en bonne voie d'être gagnée, est remise en cause par le nouveau variant, plus contagieux, et la vaccination commence à marquer le pas. Le risque est clair : celui d'une quatrième vague à l'automne.

Particulièrement préoccupant est le taux de vaccination des personnels de santé – pour certaines catégories, il n'atteint que 50 % ! –, mettant ainsi en danger ceux qu'ils sont censés soigner.

Beaucoup de scientifiques conseillent la vaccination obligatoire, au moins dans certaines professions et pour les publics à risque, à l'instar d'autres vaccins pour les soignants.

Devant cette nouvelle escalade du risque, ne pensez-vous pas qu'il va falloir envisager des décisions en ce sens avant l'automne ? De même, ne devrions-nous pas imiter les pays qui traitent différemment les tests PCR justifiés, qui sont gratuits, et les tests PCR dits « de confort », pour échapper au vaccin, qui ne sont pas remboursés ?

Nous sommes tous attachés à la liberté individuelle, mais lorsqu'elle est invoquée par ceux qui refusent le vaccin, elle équivaut, en fait, à la liberté de mettre en danger la vie d'autrui. Il s'agit non plus de liberté, mais d'égoïsme ! (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP et sur des travées du groupe Les Républicains. – M. Martin Lévrier applaudit.)


Réponse du Premier ministre publiée le 01/07/2021

Réponse apportée en séance publique le 30/06/2021

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Jean Castex, Premier ministre. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le président Claude Malhuret, c'est une question extrêmement importante qui vient de m'être posée. Je vous le dis tout de suite, je vais lui apporter une réponse globalement positive.

Vous m'interrogez sur la prise en compte de ce nouveau variant, dit delta, qui est déjà à l'œuvre dans de très nombreux pays du monde, pas toujours très loin de la France. Vous l'avez rappelé, il est extrêmement contagieux, beaucoup plus que les variants qui l'ont précédé. Point très positif, il est quand même sensible à la vaccination, en tout cas d'après tous les éléments dont nous disposons.

Toujours est-il qu'il vient questionner notre propre situation sanitaire. Apparemment, mesdames, messieurs les sénateurs, grâce aux efforts collectifs des Françaises et des Français, ainsi que de toutes les collectivités publiques, notre situation est orientée très favorablement. Vous connaissez toutes et tous la situation du taux d'incidence, les baisses très fortes du nombre de malades hospitalisés, dans les services de réanimation en particulier, le nombre de décès, etc.

Pour autant, vous avez parfaitement raison, il est de notre devoir d'anticiper les évolutions que l'on constate partout en dehors de chez nous. Nous avons très largement commencé de le faire.

D'abord, nous renforçons notre stratégie « tester, alerter, protéger » pour détecter le plus vite possible ce variant au moyen du séquençage et adapter l'isolement à ces situations. Vous le savez, grâce au faible nombre de cas, cette stratégie obtient des résultats partout où nous constatons la présence de ce variant.

Ensuite, nous avons adopté, au niveau national et européen, des mesures de contrôle particulièrement strictes, notamment des arrivées en provenance des pays classés en liste rouge. Il y a certainement encore des possibilités d'amélioration, notamment pour faire face aux flux, qui pourraient s'accroître à la faveur des vacances.

Néanmoins, j'ai la conviction que nous devons aller plus loin, et je compte engager le Gouvernement dans ce sens.

Plus loin, d'abord, sur la question de la vaccination, car, vous le savez toutes et tous, c'est la vaccination qui nous protège du virus. Or, vous avez raison de le dire, elle marque le pas, même si – j'en profite pour en informer le Sénat –, ces derniers jours, les prises de rendez-vous sont reparties à un rythme beaucoup plus satisfaisant. Je parle bien entendu des prises de rendez-vous pour les primo-vaccinations, la seconde injection marchant bien. J'y insiste, il nous faut encore et encore encourager la vaccination.

J'ai été particulièrement choqué, comme toutes les Françaises et tous les Français, mais aussi les sénatrices et les sénateurs, que je sais attentifs à cette question, d'avoir observé, lors de ma visite dans le département des Landes, que l'épidémie s'était réintroduite avec ce nouveau variant dans un Ehpad – on sait le lourd tribut qu'ont payé ces établissements, notamment lors de la première vague –, par l'entremise de celles et ceux dont c'est la vocation de protéger et de soigner les résidents. Je le dis de la façon la plus claire : c'est inadmissible ! (Marques d'approbation sur les travées du groupe Les Républicains.)

Pour aller à l'essentiel et pour vous répondre, monsieur le sénateur, après avoir consulté MM. les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, je vais, dans les jours qui viennent, consulter l'ensemble des associations d'élus locaux, qui sont à la manœuvre, ainsi que tous les présidents de groupe de l'Assemblée nationale et du Sénat pour savoir quelles sont leurs propositions sur tous ces sujets, y compris ceux qui supposeraient une nouvelle intervention du législateur. Il y a la question de la vaccination obligatoire des soignants, que vous avez évoquée ; on peut aussi parler du recours au pass sanitaire, pour inciter encore plus de personnes à se faire vacciner ; et j'ai moi-même cité les questions de l'isolement au terme de la stratégie « tester, alerter, protéger ».

Bref, nous ne restons pas sans rien faire. Nous anticipons en faisant tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter une quatrième vague, et, surtout, ce qui est capital, pour éviter que les plus vulnérables à la maladie ne contractent le virus, parce que ce sont eux qui ont statistiquement la plus forte probabilité d'aller dans les services hospitaliers et de réanimation, qui sont, comme vous le savez, le goulet d'étranglement de cette épidémie.

Monsieur le président Malhuret, nous restons vigilants et nous nous préparons à toutes les éventualités ! (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et INDEP.)

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