Question de M. DECOOL Jean-Pierre (Nord - Les Indépendants-A) publiée le 08/07/2021

M. Jean-Pierre Decool appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur les difficultés rencontrées par les opérateurs des concours colombophiles du nord de la France en relation avec le Royaume-Uni depuis la sortie de ce dernier de l'Union européenne.

Les pigeons voyageurs en provenance du Royaume-Uni étaient, jusqu'à la mise en place du Brexit, autorisés à être introduits sur le territoire français à des conditions d'échanges au sein de l'Union européenne et au titre du suivi du statut sanitaire de chaque État-membre à l'échelle de l'Union européenne.

Cependant, l'entrée en vigueur du Brexit a imposé des conditions sanitaires différentes au Royaume-Uni, ce dernier étant devenu un pays tiers à l'Union européenne.

Jusqu'à présent, les pigeons voyageurs en provenance de pays tiers étaient autorisés à être importés en France à des conditions sanitaires établies au niveau national. Une harmonisation de ces conditions a été apportée par la loi de santé animale et c'est le règlement (UE) n°2020/692 qui régit dorénavant les importations d'oiseaux captifs dont les pigeons voyageurs. Ce dernier impose notamment une quarantaine de 30 jours à destination, pour tous les oiseaux captifs destinés à être importés vers l'Union européenne.

La problématique, posée par cette quarantaine à destination pour les pigeons voyageurs, a bien été prise en compte et le texte européen est en cours de modification par les services de la Commission européenne. Aussi, cette quarantaine à destination ne sera plus requise pour les pigeons voyageurs en provenance d'un pays tiers ayant une frontière commune avec l'État-membre à partir duquel ils doivent être relâchés.

Afin de ne pas bloquer leurs importations, en attendant la parution du texte modificatif, les pigeons voyageurs sont soumis aux dispositions nationales qui restent en vigueur (arrêté du ministre de l'agriculture du 19 juillet 2002) ce qui leur permet ainsi d'être autorisés à être importés, sans quarantaine, sous réserve qu'ils répondent aux conditions sanitaires en vigueur et que l'autorisation de lâcher ait bien été délivrée, au regard du contexte sanitaire actuel lié à l'influenza aviaire, dont les pigeons sont susceptibles d'être porteurs. À ce jour seuls les postes de contrôle frontaliers de Caen-Ouistreham, Cherbourg et Saint-Malo sont désignés pour le contrôle des pigeons. Les postes de contrôle frontaliers des Hauts-de-France (Dunkerque, Calais port et Calais tunnel) ne sont donc pas en mesure d'assurer le contrôle à l'importation de ces animaux.

Il souhaite donc s'enquérir de l'état d'avancement de la modification du texte européen par les services de la Commission européenne mais également de la possibilité de la prise de dispositions pour permettre aux postes de contrôle frontaliers des Hauts-de-France d'assurer le contrôle à l'importation de ces animaux.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargé de la jeunesse et de l'engagement publiée le 14/07/2021

Réponse apportée en séance publique le 13/07/2021

M. le président. La parole est à M. Jean-Pierre Decool, auteur de la question n° 1751, adressée à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation.

M. Jean-Pierre Decool. Madame la secrétaire d'État, au Nord, il n'y a pas que les corons, il y a aussi les coulonneux. C'est comme cela que l'on appelle les colombophiles, ces passionnés de courses de pigeons voyageurs. En effet, dans les Hauts-de-France, on joue énormément « à pigeons », on enchaîne les courses. Les colombiers cultivent le bien-être animal, la convivialité et la compétition sportive.

Si j'ai décidé d'introduire mon propos de cette façon, c'est pour mettre en exergue un aspect important de ce sport : le lien social. C'est un lien fort et unique qui lie entre eux les colombophiles non seulement européens, mais aussi britanniques.

Toutefois, comme chacun sait, le Brexit est arrivé et avec lui son cortège de complications. Les pigeons voyageurs en provenance du Royaume-Uni bénéficiaient, jusqu'alors, d'une autorisation d'introduction sur le territoire français. Dorénavant, ils ne peuvent plus être transportés aussi facilement et le lien qui unit les passionnés des deux côtés de la Manche en pâtit.

C'est le règlement européen 2020/692 qui régit dorénavant les importations d'oiseaux captifs, dont les pigeons voyageurs. Ce dernier impose une quarantaine de trente jours, mettant en difficulté la tenue des compétitions colombophiles. Je sais que cette problématique a été prise en compte et que le texte européen est en cours de modification.

En attendant, les pigeons voyageurs sont naturellement soumis aux dispositions nationales. À ce jour, les postes de contrôle frontaliers des Hauts-de-France – Dunkerque, Calais port et Calais tunnel – ne sont pas en mesure d'assurer le contrôle à l'importation de ces animaux.

Madame la secrétaire d'État, j'aimerais donc vous poser deux questions. Pouvez-vous m'informer, d'une part, de l'état d'avancement de la modification du texte européen ? Acceptez-vous, d'autre part, de prendre des dispositions pour permettre aux postes de contrôle frontaliers des Hauts-de-France d'assurer le contrôle à l'importation de ces animaux et permettre ainsi à ce sport traditionnel de reprendre son cours ?

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de la jeunesse et de l'engagement. Monsieur le sénateur Jean-Pierre Decool, nous avons tellement été privés de lien social que, dès que nous en avons l'occasion, nous nous attachons à rebâtir ce lien !

Je vous fais part de la réponse du ministre de l'agriculture et de l'alimentation, qui ne pouvait malheureusement pas être là ce matin pour vous répondre, sur ce sujet qui lui tient à cœur. Si vous le permettez, comme pour Mme Saint-Pé, je vous en ferai lecture car il s'agit d'une question technique.

Les services du ministère de l'agriculture et de l'alimentation ont bien pris en compte les difficultés engendrées par la mise en place de ce nouveau règlement, qui concerne les importations de pigeons voyageurs. Vous l'avez dit, des travaux sont actuellement engagés par la Commission européenne : ils devraient conduire à la parution d'un acte délégué modificatif du règlement, spécifiquement dédié aux nouvelles modalités d'importation en provenance des pays tiers.

La date de parution de cet acte délégué ne nous a pas encore été transmise. Je sais que c'est l'information que vous espériez obtenir, mais les services de la Commission européenne nous ont fait part de leur souhait d'une parution « rapide », au sens diplomatique du terme, laquelle reste toutefois soumise au processus de validation des actes modificatifs prévu par la législation européenne.

Dans l'attente de cette publication, les importations sont actuellement possibles sous couvert du respect des dispositions nationales fixées par l'arrêté ministériel du 19 juillet 2002. Ce texte impose notamment que tous les animaux vivants en provenance des pays tiers soient soumis aux fameux contrôles vétérinaires d'introduction dans un poste de contrôle frontalier.

À ce jour, et cela répond à votre seconde question, seuls les postes de contrôle frontalier de Caen-Ouistreham, de Cherbourg et de Saint-Malo sont désignés et disposent des infrastructures adaptées pour le contrôle de ces animaux sur la façade Manche. Vous l'avez dit, ce n'est pas tenable en l'état.

Les demandes d'extension du champ de désignation d'autres postes de contrôle frontaliers relèvent non pas de la compétence du ministère de l'agriculture et de l'alimentation, mais de celle des gestionnaires des points d'entrée – ports et tunnels – au regard de leur appréciation de l'opportunité d'investir dans des infrastructures nécessaires, considérant les flux attendus.

Aussi, si ces derniers l'estiment opportun, ils peuvent présenter un dossier de désignation, qui sera bien évidemment étudié par les services du ministère de l'agriculture et de l'alimentation avec attention, en particulier par le service d'inspection vétérinaire et phytosanitaire aux frontières, puis transmis à la Commission européenne afin de recueillir son accord.

Monsieur le sénateur, je tiens à vous assurer que le ministre de l'agriculture et de l'alimentation est attaché comme vous au lien social que cette activité permet de créer dans nos territoires, mais il est aussi le garant du respect des règles sanitaires applicables à l'entrée de l'Union européenne.

Soyez convaincu que les services suivent de très près ce dossier et reprendront au plus vite la désignation de nouveaux postes. Nous vous tiendrons évidemment au courant des évolutions.

M. le président. La parole est à M. Jean-Pierre Decool, pour la réplique.

M. Jean-Pierre Decool. Madame la secrétaire d'État, je vous remercie pour cette réponse du ministre de l'agriculture dont je ne peux, vous l'imaginez bien, me satisfaire.

Je vous invite à relayer mon attente pour être plus rapide que les rapides. La saison colombophile internationale est déjà bien entamée ; dans un mois et demi, elle sera achevée. J'ai le sentiment que, lorsque les réponses vont arriver, les compétitions seront terminées.

Au-delà du lien social, nous avons aussi avec les Britanniques des relations économiques. Je vous adresse cette supplique : il faut tout faire pour que nous obtenions une réponse extrêmement rapide.

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