Question de M. BABARY Serge (Indre-et-Loire - Les Républicains) publiée le 24/06/2021

Question posée en séance publique le 23/06/2021

M. le président. La parole est à M. Serge Babary, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Serge Babary. Ma question s'adresse à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l'attractivité.

Monsieur le ministre, partout dans le monde, l'activité repart et les économies se relancent après la crise sanitaire. En France, nous assistons à un rebond technique : après l'effondrement de 8 % du PIB, sa progression devrait atteindre 6 % cette année.

Si une lecture partielle de la situation pourrait nous conduire à un excès d'optimisme, toute comparaison montre à quel point notre économie ressort de la crise plus dégradée que celles de nos voisins.

Nos parts de marché à l'exportation régressent. « Ces chiffres sont mauvais », déclariez-vous en février dernier. En effet, pour l'année 2020, les chiffres publiés par la direction générale des douanes et droits indirects traduisent une inquiétante dégradation : le déficit commercial de la France, qui était déjà de 57,9 milliards d'euros en 2019, atteint désormais 65,2 milliards d'euros.

Les exportations françaises de biens et services se sont contractées plus fortement que dans les autres pays de la zone euro : –19,3 % pour notre pays, contre –13,2 % pour la zone euro.

Le déficit commercial de la France s'est aggravé, pour atteindre 3,6 % du PIB, alors que les soldes de l'Espagne et de l'Italie s'amélioraient. Quant à l'Allemagne, elle maintient un excédent de 5,5 % de son PIB.

La part de la France dans les exportations de la zone euro est à son plus bas niveau depuis vingt ans, et les chiffres de 2021 continuent à se dégrader. Plus grave encore, cette détérioration concerne la quasi-totalité des catégories de produits, y compris, désormais, le secteur agroalimentaire.

Quelle conclusion tirer de ces résultats désastreux ?

La compétitivité de nos entreprises s'est dégradée, la fiscalité française est plus que jamais désavantageuse par rapport aux autres pays, et notre industrie poursuit son érosion.

Monsieur le ministre, le déclassement français est-il donc inéluctable ? Personne ne peut s'y résoudre. C'est pourquoi nous attendons des actions fortes de votre part ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères - Commerce extérieur et attractivité publiée le 24/06/2021

Réponse apportée en séance publique le 23/06/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l'attractivité.

M. Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur et de l'attractivité. Monsieur le sénateur Babary, il est exact que le déficit commercial extérieur de la France s'est dégradé en 2020 par rapport à 2019. La crise de la covid et le fait que celle-ci a particulièrement affecté des secteurs forts à l'international pour la France, tels que l'aéronautique, expliquent cette dégradation en 2020.

Le Gouvernement est totalement mobilisé pour redresser le commerce extérieur français, structurellement déficitaire depuis des années. Notre stratégie repose sur quatre axes.

Le premier est la compétitivité. Pardonnez-moi, monsieur le sénateur, car je sais que vous connaissez bien ces sujets, mais je ne peux vous laisser affirmer que la compétitivité des entreprises françaises se dégrade : au contraire, elle s'améliore, notamment grâce aux décisions fiscales qui ont été prises par le Gouvernement depuis 2017.

M. Laurent Duplomb. Oh !

M. Franck Riester, ministre délégué. La baisse de la fiscalité sur le capital, la baisse de l'impôt sur les sociétés, la baisse des impôts de production, le rapprochement des négociations au sein des entreprises du terrain, la simplification de la relation des entreprises avec l'administration, le paquet mis sur la formation professionnelle et sur l'innovation permettent à la France, en 2020, pour la deuxième année consécutive, d'être le pays le plus attractif en matière d'investissements étrangers sur son sol. Nous aurons l'occasion d'y revenir lundi dans le cadre de Choose France, un grand événement visant à conforter l'attractivité de la France.

Le deuxième axe est la stratégie industrielle. Celle-ci doit être encore plus forte qu'elle ne l'a été au cours des années précédentes. C'est tout l'objectif du plan France Relance, qui mise sur les secteurs industriels d'avenir.

Le troisième axe est de promouvoir une politique commerciale européenne moins naïve. Nous devons nous doter d'outils nous permettant de mieux protéger nos entreprises. Cette démarche est au cœur des initiatives françaises visant à infléchir la politique commerciale européenne. D'ici à la présidence française, nous entendons démontrer, au travers des outils juridiques auxquels nous travaillons, que les choses changent en Europe.

Enfin, le quatrième axe est l'accompagnement des entreprises, notamment des PME, à l'avenir desquelles je sais que vous êtes particulièrement attaché, monsieur le sénateur. Celles-ci doivent être mieux accompagnées à l'international. C'est pourquoi cet objectif est au cœur du volet export du plan de relance, que j'ai l'honneur de porter depuis maintenant plus de six mois au sein du Gouvernement. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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