Question de Mme BRIQUET Isabelle (Haute-Vienne - SER) publiée le 10/06/2021

Question posée en séance publique le 09/06/2021

M. le président. La parole est à Mme Isabelle Briquet, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Isabelle Briquet. J'associe mon collègue Christian Redon-Sarrazy à cette question.

Depuis plusieurs années, La Poste est en réorganisation permanente. Si l'on peut comprendre certaines évolutions visant à répondre aux besoins des usagers, il est des décisions incompréhensibles et lourdes de conséquences tant en matière d'emplois et d'aménagement du territoire que de service rendu.

C'est le cas aujourd'hui de la restructuration de ses services financiers. Nous avons appris le 4 juin dernier la fermeture des services de relation client de cinq centres financiers employant près de 500 personnes. À Limoges, ce sont 150 femmes et hommes qui sont directement concernés par cette décision, alors même que ce centre est reconnu nationalement pour ses performances et la qualité de ses conseils.

Or le choix de fermer ces services ne tient aucun compte d'éléments qualitatifs objectifs, mais seulement de l'éventuelle facilité à reclasser les salariés concernés. Je dis bien « éventuelle », car les possibilités de reclassement ne considèrent ni les grades, ni les compétences, ni les traitements et salaires.

Cette décision semble s'inscrire dans une stratégie de concentration d'activités au sein de certaines grandes métropoles. Pourtant, préserver l'activité et des emplois qualifiés répartis équitablement sur l'ensemble du territoire national est un impératif pour réduire les inégalités territoriales.

La Poste doit avoir les moyens d'assurer les missions de service public qui lui sont confiées par la loi. Une présence territoriale équilibrée y contribue et la fermeture de ces services financiers serait un recul supplémentaire.

Monsieur le ministre, considérant le poids de l'État au sein du groupe, quelles actions envisagez-vous pour préserver les emplois et le maillage territorial qui ont fait les preuves de leur efficacité ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER et sur des travées du groupe CRCE.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Comptes publics publiée le 10/06/2021

Réponse apportée en séance publique le 09/06/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics.

M. Olivier Dussopt, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargé des comptes publics. Madame la sénatrice Briquet, la question que vous posez et l'inquiétude que vous relayez sont légitimes. Les députés Sophie Beaudouin-Hubière et Pierre Venteau nous en ont saisis, Bruno Le Maire et moi-même, il y a quelques jours.

Nous avons pris contact avec le président de La Poste, Philippe Wahl, qui nous a confirmé – nous partageons cette orientation – que le développement économique de son groupe ne pouvait se faire sans les territoires et, notamment, sans un maillage territorial dans des villes petites, moyennes, ou grandes. Limoges est l'une de ces villes, un centre financier pour La Banque postale et le quatrième centre financier de France.

Ce centre va évoluer, puisque La Banque postale a fait le choix de transformer progressivement les centres financiers en centres d'expertise et en centres de compétence produit, en s'engageant à mettre en place la formation et les investissements dans le numérique qui seront nécessaires.

Le président Wahl a redit aux députés que j'ai cités sa détermination pour que le centre financier de Limoges reste, en taille, le quatrième de France et soit même amené à croître dans le cadre du développement d'activités, notamment en matière de gestion des titres et des valeurs mobilières, comme en termes de développement des activités numériques et du paiement à distance.

Cela nécessite un investissement dans les outils numériques mais aussi dans la formation, pour permettre au personnel que vous avez évoqué, aux 147 salariés travaillant à Limoges, d'occuper ces postes. Cela nécessite aussi d'organiser des mobilités au sein du groupe La Poste.

Cela nécessite enfin de la concertation. Celle-ci a débuté. Une première réunion des instances sociales s'est tenue hier ; une seconde aura lieu vendredi.

Je peux donc vous assurer, à la fois, de la fermeté des engagements pris par le groupe La Poste vis-à-vis du Gouvernement, mais aussi des parlementaires, et de la très grande attention avec laquelle nous suivons ce dossier pour faire en sorte que ces engagements de maintien des emplois et des compétences soient tenus et que cette transformation, cette réorganisation et cette modernisation de l'activité financière de La Banque postale, que nous assumons, ne soient pas préjudiciables aux territoires et en particulier à Limoges.

M. le président. La parole est à Mme Isabelle Briquet, pour la réplique.

Mme Isabelle Briquet. Monsieur le ministre, j'entends bien votre réponse. La Poste ne joue pas n'importe quel rôle auprès des Français. C'est aussi pour cela que les élus sont particulièrement attentifs à défendre la présence postale en zone rurale.

À l'heure où la crise sanitaire nous oblige à repenser l'organisation territoriale des activités, La Poste doit pouvoir contribuer à l'aménagement du territoire pour les services de proximité au quotidien, mais aussi pour maintenir les bassins d'emploi qualifié. (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE.)

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