Question de Mme MÉLOT Colette (Seine-et-Marne - Les Indépendants) publiée le 03/06/2021

Question posée en séance publique le 02/06/2021

M. le président. La parole est à Mme Colette Mélot, pour le groupe Les Indépendants – République et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur des travées du groupe UC. – M. Martin Lévrier applaudit également.)

Mme Colette Mélot. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, la réforme du lycée général engagée voilà deux ans a remplacé les filières traditionnelles de la voie générale par des enseignements de spécialité choisis à la carte.

L'objectif de cette réforme était de lutter contre les inégalités scolaires en supprimant le déterminisme social qui se reflétait dans le choix des filières.

Les lycéens choisissent désormais trois enseignements de spécialité en classe de première, pour n'en garder que deux en classe de terminale. Or le caractère élitiste reproché à la filière S se reporte parfois sur le choix des deux spécialités conservées en terminale. Ainsi, les meilleurs élèves et les plus favorisés ont tendance à reconstituer les filières traditionnelles de cette façon.

Autre stéréotype, qui n'est pas nouveau : 50 % des filles choisissent d'arrêter la spécialité « mathématiques », contre 30 % des garçons. Ce choix détermine très souvent l'orientation post-bac.

Pour que cette réforme atteigne l'objectif visé, certains chefs d'établissement proposent quelques ajustements qui pourraient être bienvenus et qui s'appuient notamment sur les questions suivantes.

Premièrement, la préparation des élèves aux épreuves anticipées de spécialité en classe de terminale est-elle suffisante ?

Deuxièmement, le contenu pédagogique des enseignements en sciences est-il toujours en adéquation avec le nombre d'heures consacrées, qui a diminué après la réforme ?

Troisièmement, l'abandon d'une spécialité en terminale ne restreint-il pas les possibilités d'orientation pour un certain nombre d'élèves ?

Quatrièmement, enfin, la réintégration de la spécialité « mathématiques » au sein du tronc commun ne permettrait-elle pas d'améliorer le niveau général des élèves et de réduire le déterminisme social lié au choix de cet enseignement ?

Monsieur le ministre, quel est votre regard sur ces questions ? Plus généralement, quel premier bilan de l'application de la réforme dressez-vous à ce stade ? (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur des travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 03/06/2021

Réponse apportée en séance publique le 02/06/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Madame la sénatrice Colette Mélot, vous me posez quatre questions : je vous en remercie, car elles vont au cœur des enjeux de cette réforme, dont le mot clé est liberté. C'est précisément pourquoi elle est appréciée des lycéens : les enquêtes d'opinion le prouvent, leur taux de satisfaction s'établit autour de 60 % à ce stade.

Mme Cathy Apourceau-Poly. Ah oui ?

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Pourquoi ? Parce qu'ils en constatent déjà les premiers bénéfices, notamment avec la disparition des séries, qui leur permet d'avoir beaucoup plus de choix. Au total, 90 % des élèves se concentrent sur quinze combinaisons : c'est évidemment beaucoup plus que les trois séries antérieures dans la voie générale.

Ainsi, la philosophie de la réforme est à l'œuvre et produit déjà des effets.

Une autre de ses caractéristiques, c'est la modularité, que je retrouve dans vos quatre questions. Cette modularité permet une souplesse, et donc des évolutions. C'est pourquoi nous disposons d'un comité de suivi du baccalauréat, dont la prochaine réunion aura lieu le 11 juin prochain : nous nous adaptons sans cesse aux situations que nous observons.

Dès lors, comment répondre rapidement à vos quatre questions ?

Premièrement, le comité de suivi doit effectivement regarder si, pour mars 2022, nous devons prévoir un programme légèrement moins ambitieux afin d'être réellement prêts lors des examens terminaux : il faut nous pencher sur cette question, sachant que les élèves continuent de travailler de mars à juin et que leurs enseignements de spécialité sont au cœur du grand oral qu'ils auront à passer. Ils pourront donc accomplir la totalité du programme.

Deuxièmement, on peut entendre ici ou là que l'on a perdu des heures de sciences, mais ce n'est pas exact. Aujourd'hui, un élève peut totaliser au maximum dix-sept heures d'enseignements scientifiques. Autrefois, en terminale S, il en avait seize : deux fois six heures d'enseignement de spécialité, deux heures de maths expertes et deux heures d'enseignement scientifique dans le tronc commun.

Madame la sénatrice, dix-sept heures, c'est beaucoup. Bien entendu, l'une de nos priorités a été de renforcer l'enseignement des sciences et d'avoir des élèves mieux préparés. Ainsi, le programme de physique-chimie est beaucoup plus ambitieux qu'antérieurement.

Troisièmement, vous vous demandez si le fait d'abandonner un enseignement de spécialité en première pose problème. À mon avis, c'est au contraire le moyen d'assurer une orientation progressive, en entonnoir, dont les élèves se disent satisfaits.

Évidemment, ces différents points ont vocation à être discutés dans la perspective des prochaines évolutions ! (MM. François Patriat et Alain Richard applaudissent.)

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