Question de Mme DELATTRE Nathalie (Gironde - RDSE) publiée le 10/06/2021

Mme Nathalie Delattre attire l'attention de M. le ministre délégué auprès de la ministre de la transition écologique, chargé des transports, concernant la baisse de l'offre de transport de la SNCF pour le Sud-Ouest.

La SNCF dit vouloir accueillir davantage d'usagers sur ses voies. À l'occasion de l'annonce de ses résultats annuels pour 2020, elle a également affirmé son ambition de devenir d'ici à 2030 « un champion mondial de la mobilité durable ».

Or, cette volonté affichée est en légère rupture avec les faits. En effet, si l'on considère l'exemple du Sud-Ouest, on constate une réduction des dessertes dans cette partie du territoire et ce malgré un soutien exceptionnel de l'État, à hauteur de 4,7 milliards d'euros.

Cette réduction de l'offre de transport est dommageable pour le territoire.

La fin de l'interdiction des déplacements entre régions et les week-ends de l'Ascension ou de la Pentecôte ont permis un afflux massif des Français dans les gares.

À l'approche de la saison estivale, il serait souhaitable que l'offre de transport soit en adéquation avec le nombre important de voyageurs que les régions, notamment touristiques, s'apprêtent à accueillir.

Le Sud-Ouest est la deuxième région la plus touristique de France. Son littoral, qui s'étend sur des kilomètres, en fait un lieu particulièrement prisé des touristes. Malgré cela, il est prévu cet été, une réduction de 8 % des liaisons par rapport à l'été 2020. Cette diminution est préjudiciable pour les usagers.

Cette baisse de l'offre de transport dans le Sud-Ouest est d'autant plus surprenante au regard des conséquences notamment environnementales qu'elle aura. De fait, l'offre n'étant plus en accord avec la demande, les usagers n'auront d'autre choix que d'utiliser des modes de transport plus polluants comme la voiture ou encore l'avion.

Or, si l'on s'intéresse en particulier au cas de l'avion, le Gouvernement a décidé de supprimer tous les vols d'une durée de 2 h 30 pouvant être effectués par un mode de transport alternatif. À son grand regret, la desserte Bordeaux-Paris-Orly a été une victime emblématique de cette décision.

Suite à cette mesure, la ligne Bordeaux-Paris, qui est actuellement la deuxième ligne ferroviaire la plus utilisée de France, aurait dû voir son nombre de dessertes augmenter. Or, actuellement ce n'est pas ce qui se produit. En effet, 6 TGV ont ainsi été supprimés par la SNCF au premier semestre et ce notamment en heure de pointe.

Cette situation ne peut perdurer.

C'est pourquoi elle l'interroge sur les mesures qu'il compte prendre pour augmenter l'offre de transport de la SNCF aux fins qu'elle réponde aux besoins et aux exigences des usagers.

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Réponse du Ministère auprès de la ministre de la transition écologique - Transports publiée le 08/10/2021

Réponse apportée en séance publique le 07/10/2021

M. le président. La parole est à Mme Nathalie Delattre, auteure de la question n° 1718, adressée à M. le ministre délégué auprès de la ministre de la transition écologique, chargé des transports.

Mme Nathalie Delattre. Monsieur le ministre, du fait de la crise du covid, la fréquentation ferroviaire s'est effondrée. SNCF Voyageurs a perdu 97 % de son chiffre d'affaires sur le TGV au plus fort de la pandémie.

À l'heure de la reprise, la densité des flux de mobilité de la SNCF est centrale, parce qu'il lui faut, stratégiquement et économiquement, accueillir davantage d'usagers et parce que la transition énergétique et environnementale l'impose.

Mais patatras ! Le train-train qui lui sied n'est pas au rendez-vous : trains bondés par le surbooking, usagers assis par terre, plages horaires réduites. J'en fais l'expérience toutes les semaines sur la LGV Sud Europe Atlantique (LGV SEA), entre Bordeaux et Paris. Les changements de train avec place assise sont pour ainsi dire impossibles le jour même.

Avant la crise, la qualité de service de cette ligne était remarquable, mais, aujourd'hui, le niveau de l'offre est dégradé. La forte fréquentation de cette rentrée n'a pas été accompagnée par la réouverture des sillons annulés avant l'été. Il manque la bagatelle de cinq allers-retours quotidiens pour revenir au cadencement de 2019 toutes les trente minutes.

Comment expliquer cela ? Comment expliquer à des milliers d'Aquitains que la suppression brutale et incompréhensible de la liaison aérienne Bordeaux-Orly n'ait pas été suivie de l'accroissement mécanique du report modal sur le train ?

Que dire des propos sur le nombre de dessertes quotidiennes promis aux collectivités, celles qui ont mis la main au portefeuille pour financer cette ligne voilà quelques années ? Le groupe SNCF Voyageurs ne se sent plus lié par l'engagement pris lors des négociations originelles avec SNCF Réseau. L'État n'a pas tenu sa parole à cet égard.

Une telle situation n'est pas tenable. Elle est même injustifiable. Monsieur le ministre, comment comptez-vous peser pour inverser la trajectoire et permettre aux usagers de retrouver un niveau de service en rapport avec le prix souvent très élevé du billet qu'ils ont acheté ?

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué auprès de la ministre de la transition écologique, chargé des transports. Madame la sénatrice, vous m'interrogez sur l'offre de transports, notamment ferroviaires, à destination du Sud-Ouest.

L'offre de service grande vitesse a été fortement perturbée en 2020 et 2021 du fait de la crise sanitaire. La SNCF a constamment dû, en lien avec l'État, adapter le plan de transports aux restrictions de déplacement mises en place et au protocole sanitaire. À cet égard, je tiens à saluer l'engagement de la SNCF et de tous ses salariés, qui ont été à pied d'œuvre chaque jour.

Avec souplesse, la SNCF a adapté en permanence le niveau d'offre à la réalité des besoins de déplacements de nos concitoyens. Toutes les adaptations réalisées ont été temporaires.

Vous le savez, je suis en permanence attentif à ce que le niveau de service ferroviaire soit adapté aux besoins de nos concitoyens. Dès la fin du dernier confinement, l'offre sur l'axe Atlantique Sud-Ouest a été augmentée de 50 % pour faire face à la reprise progressive des voyages. Pendant l'été 2021, l'offre à grande vitesse est remontée à 95 % du niveau de 2019, soit plus de 40 000 places offertes chaque jour. Pour 2022, je peux vous confirmer que le niveau d'offre prévu sur la liaison Paris-Bordeaux s'élèvera à dix-neuf allers-retours quotidiens. Il ne présente donc pas de diminution.

Par ailleurs, pour tenir compte des évolutions sur la liaison aérienne Orly-Bordeaux, j'ai missionné Mme la préfète de région, qui a déjà commencé à réunir les acteurs locaux, pour voir si des améliorations routières ou de transports en commun étaient nécessaires, notamment pour faciliter l'accès à la gare bordelaise. Elle me rendra compte dans les prochains jours.

Telles sont les informations que je peux vous communiquer à ce stade, madame la sénatrice.

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