Question de Mme BOURRAT Toine (Yvelines - Les Républicains-A) publiée le 13/05/2021

Mme Toine Bourrat appelle l'attention de Mme la ministre de la culture sur l'avenir de la radio en France.
Alors que les professionnels des ondes célébreront le 31 mai 2021 les 100 ans de ce média incontournable, des risques considérables pèsent tant sur les stations publiques que commerciales.
La dernière livraison médiamétrie, publiée le 15 avril 2021, révèle une tendance inquiétante en matière d'audience cumulée. La radio dans son ensemble a en effet perdu 300 000 fidèles depuis fin 2020 et plus de 2 millions par rapport à la dernière année de référence.
Ce média étant celui de la mobilité, il semble naturel d'imputer une partie de cette baisse à la diminution récente de nos déplacements. Il serait pourtant illusoire de limiter ce phénomène à la seule crise sanitaire, la tendance baissière étant continue depuis 2012. Le Covid-19 est donc une difficulté supplémentaire affectant un secteur déjà structurellement malade.
Dans le privé, l'addition des contraintes en matière de réclame entraîne un effet d'éviction mécanique. Sur 60 minutes de programmes, 15 sont aujourd'hui exclusivement de nature publicitaire. La multiplication des annonces légales réduit considérablement le temps d'antenne quand la rigidité des quotas de chansons françaises imposés aux stations accroît la distorsion de concurrence avec les nouveaux acteurs du numérique qui n'y sont pas soumis.
Dans le public, outre l'avenir incertain de la contribution à l'audiovisuel public au delà de 2023, l'impact budgétaire des contrats d'objectifs et de moyens entraîne une diminution mécanique des ressources et une perte de confiance pourtant indispensable au rayonnement de Radio France.
Elle souhaite connaître les intentions du Gouvernement en matière de soutien à ce secteur radiophonique en plein désarroi.

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Réponse du Ministère de la culture publiée le 31/03/2022

Le succès de la première édition de la Fête de la radio, qui s'est déroulée sur l'ensemble du territoire pendant la semaine du 31 mai 2021, a montré le dynamisme de ce média centenaire, qui s'est profondément renouvelé au cours du siècle. De nouveaux modes de diffusion permettent désormais à la radio, média de mobilité et de proximité par excellence, de trouver de nouveaux auditeurs, y compris parmi les plus jeunes. Les radios ont montré en 2020 et en 2021 leur très grande capacité d'adaptation. Elles ont en effet joué un rôle de premier plan dans la crise sanitaire de la Covid-19, en assurant l'information, l'accès à la culture et le lien entre les citoyens. Elles ont pourtant dû faire face en 2020 à une crise financière d'une ampleur inédite, consécutive à une forte baisse de leurs ressources publicitaires, qui ont ainsi reculé de 12,7 % sur l'année 2020 par rapport à 2019, alors que le marché était auparavant en légère croissance (+1,7 % en 2019). La poursuite de leur activité, malgré des conditions dégradées, a de plus limité leurs possibilités de recours aux dispositifs transversaux mis en place par le Gouvernement, tels que le dispositif d'activité partielle. En réponse à cette situation, et après consultation en avril 2020 des professionnels concernés, le ministère de la culture a proposé deux dispositifs de soutien spécifiques au bénéfice des éditeurs audiovisuels. - un dispositif de soutien à la diffusion hertzienne terrestre pour les télévisions locales et les radios ayant subi des pertes de ressources publicitaires au premier semestre 2020 : il a permis notamment de prendre en charge une partie des coûts de diffusion des radios privées en bande FM et en radio numérique terrestre (DAB+), à l'exception des radios associatives ayant bénéficié en 2020 du fonds de soutien à l'expression radiophonique locale. Ce dispositif a été ouvert par le décret n° 2020 1835 du 10 avril 2021 et les aides ont été versées dans le courant de l'été dernier. - un crédit d'impôt en faveur des dépenses dans la création engagées par les diffuseurs (services de télévision, de radio et de médias audiovisuels à la demande), entré en vigueur le 17 juin 2021, à la suite de son autorisation par la Commission européenne : l'annonce de ce crédit d'impôt dès l'été 2020 a incité les éditeurs à poursuivre leurs investissements pour la création malgré la baisse de leurs revenus publicitaires et, s'agissant des radios, à maintenir notamment un taux de musicalité élevé sur leurs antennes. Cette mesure a constitué ainsi un soutien indirect à l'ensemble de la chaîne de valeur de la création audiovisuelle, mais aussi musicale, dans un contexte de fermeture des salles de spectacles. Plus généralement, le Gouvernement reste attentif à l'équilibre économique du secteur de la radio. Le média a démontré au premier trimestre 2021 sa forte capacité de rebond, en retrouvant quasiment son niveau de recettes publicitaires antérieur à la crise sanitaire (117 M€). La présence de mentions légales dans les publicités radiophoniques ne semble donc pas diminuer l'attractivité de ce média pour les annonceurs. S'agissant des quotas de chanson française en radio, par une délibération du 8 décembre 2021, entrée en vigueur le 1er janvier dernier, l'ARCOM a procédé à plusieurs assouplissements des modalités de calcul de ces quotas, en modifiant la définition des « nouveaux talents », en étendant celle des « heures d'écoute significative » et en faisant évoluer la périodicité du contrôle des quotas, fondée désormais sur une moyenne trimestrielle. S'agissant de Radio France, il lui a été demandé un effort de 20 M€ d'économies sur 4 ans dans le cadre du plan de transformation de l'audiovisuel public annoncé par le Gouvernement en juillet 2018 et du cadrage budgétaire qui l'accompagne. Si la loi de finances pour 2021 a confirmé la baisse programmée de la dotation allouée à Radio France, cette dernière a toutefois bénéficié d'une dotation exceptionnelle de 15 M€ en 2021 et de 5 M€ en 2022 au titre du plan de relance en vue de compenser les effets conjoncturels de la crise sur ses comptes.

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