Question de M. ROJOUAN Bruno (Allier - Les Républicains-R) publiée le 27/05/2021

Question posée en séance publique le 26/05/2021

M. le président. La parole est à M. Bruno Rojouan, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Bruno Rojouan. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Il n'y a pas si longtemps, nous vivions la crise des gilets jaunes. Ces manifestations ont révélé les tensions et les fractures à la fois sociales, économiques et territoriales qui minent notre société.

La pandémie de covid et les confinements successifs ont mis un frein à l'ensemble des mouvements sociaux en faisant rentrer à la maison toutes les contestations. Cependant, les reproches à l'égard de votre politique sont toujours présents et se sont amplifiés.

Alors que nous sortons progressivement de la crise sanitaire, il faut regarder les choses en face : depuis que votre gouvernement est en place, le quotidien des classes populaires ne s'est pas amélioré.

Dans nos territoires, on constate chaque jour un éloignement grandissant et très inquiétant entre les Français ruraux modestes et la politique menée. Vous leur demandez de prendre le vélo et les transports en commun, de bazarder le diesel pour l'électrique, d'abandonner les chaudières au fioul. Quoiqu'elles soient dictées par de bonnes intentions, ces mesures sont éloignées des préoccupations et du quotidien de nombreux Français. Attention au choc en retour, car vous les sommez de s'adapter !

Malgré le « quoi qu'il en coûte », qui draine en masse l'argent public, la France populaire n'y trouve pas son compte. Nos concitoyens les plus modestes ont toujours l'impression de travailler durement sans gagner leur vie dignement.

Monsieur le Premier ministre, avez-vous conscience de cette France-là, qui gronde, peine et ronge son frein ? Avez-vous conscience que la plus petite décision malvenue, prise au mauvais moment, peut raviver la violente contestation que ni vous ni nous ne souhaitons ?

En conclusion, ma question est simple : que comptez-vous faire pour réduire cette fracture sociale et territoriale si évidente ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Jean Hingray applaudit également.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargé de l'économie sociale, solidaire et responsable publiée le 27/05/2021

Réponse apportée en séance publique le 26/05/2021

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de l'économie sociale, solidaire et responsable.

Mme Olivia Gregoire, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'économie sociale, solidaire et responsable. Monsieur le sénateur Rojouan, vous l'avez dit et nous le savons, par de nombreux aspects, la crise de la covid a affecté et continue d'affecter plus durement les ménages qui se trouvent en bas de l'échelle des revenus. Je ne saurais en deux minutes être exhaustive concernant toutes les aides transverses et sectorielles qui ont permis depuis plus d'un an à notre économie de tenir, mais il est évident que, ce faisant, c'est les ménages, notamment les plus fragiles, et la société que nous avons fait tenir.

Le Gouvernement n'a pas fait que soutenir l'économie – je pense aux différentes aides exceptionnelles et légitimes qui ont été déployées en faveur des plus fragiles et qui sont déjà mises en œuvre. Je citerai l'aide exceptionnelle de solidarité aux bénéficiaires du RSA, pour un montant global de presque 1 milliard d'euros, décidée en novembre 2020 – vous vous en souvenez très certainement – et complétée par une aide de 100 euros par enfant étendue aux familles bénéficiaires des aides au logement, soit près de 4,1 millions de bénéficiaires.

Mentionnons par ailleurs les aides à destination des étudiants en difficulté et de 560 000 jeunes précaires, l'allocation de rentrée scolaire, la création de places d'hébergement d'urgence supplémentaires – je vous l'ai dit : je n'aurai pas le temps de citer toutes les aides.

Au-delà de leur ampleur, il est important de dire que ces aides atteignent leur cible. Une étude du Trésor, fin 2020, démontre clairement que les deux tiers des bénéficiaires des aides débloquées pour les ménages sont parmi les 20 % des Français les moins riches.

J'ajoute qu'une étude assez récente du Conseil d'analyse économique, publiée début 2021, démontre clairement, là encore, que le niveau de vie des bénéficiaires, à savoir les catégories populaires et les plus fragiles, ne se détériore pas durant cette période. Monsieur le sénateur, les catégories populaires, nos concitoyens les plus fragiles, sont au cœur de nos préoccupations depuis le début de ce quinquennat en 2017.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Ah bon !

Mme Olivia Gregoire, secrétaire d'État. Nous n'avons pas attendu la crise pour supprimer la taxe d'habitation (Exclamations sur des travées des groupes Les Républicains et SER.) ; nous n'avons pas attendu la crise pour alléger de 5 milliards d'euros l'impôt sur le revenu – faut-il le rappeler ?

M. le président. Il faut conclure.

Mme Olivia Gregoire, secrétaire d'État. Le cap ne change pas, la route est la même : cela fait quatre ans que nous travaillons à l'augmentation du pouvoir d'achat des plus fragiles et nous avons bien l'intention de continuer. (Nouvelles exclamations sur les mêmes travées. – M. François Patriat applaudit.)

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