Question de Mme JASMIN Victoire (Guadeloupe - SER) publiée le 22/04/2021

Mme Victoire Jasmin souhaite alerter M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, sur les inquiétudes des parents d'élèves de Guadeloupe concernant les conditions de réussite scolaire des jeunes Guadeloupéens.
En effet, les trois dernières années scolaires en Guadeloupe ont été marquées par un climat social tendu, conséquence de l'absence de concertation réelle entre les services académiques et les corps intermédiaires représentants les personnels éducatifs, les parents d'élèves et les collectivités locales.
Finalement, avec les impacts cumulés de la pandémie de la Covid-19 et les dysfonctionnements de la distribution d'eau potable, les élèves de l'archipel, tous niveaux confondus, se retrouvent pénalisés par des coupures à répétitions dans la poursuite de leurs parcours scolaires.
Cette situation est d'autant plus regrettable, que l'enseignement est un service public fondamental dans tous les territoires en dépression démographique de l'outre-mer.
En effet, dans un contexte de dépeuplement démographique et de chômage endémique, créer les conditions d'épanouissement pour la jeunesse de la Guadeloupe est indispensable à la survie et au développement de ce territoire.
Aussi, elle s'interroge légitimement sur les moyens supplémentaires humains et matériels qui seront affectés à l'académie de Guadeloupe, pour permettre le rattrapage dans l'apprentissage des élèves, dès la rentrée 2021.
Par ailleurs, elle souhaite insister sur les risques occasionnés par une éventuelle réduction des effectifs enseignants, à l'heure même, où il faudrait justement les augmenter.
À ce titre, il serait également dommageable de voir léser des enseignants contractuels locaux occupant des postes qui cette année vont être ouverts à la campagne nationale de mutation.
Il apparaît dès lors urgent de repenser les affectations de postes dans l'île, en fonction de la situation particulière de la Guadeloupe.
En effet, la double insularité et les frais liés aux obligations de stage dans l'hexagone, rebutent de nombreux candidats à la titularisation, qui ne veulent pas mettre en péril leur vie de famille et renoncent de fait, à passer le concours.
À l'ère du numérique, il semble pertinent de revoir les modalités de formation, en privilégiant l'enseignement à distance par e-learning ou visioconférence, afin de permettre à des territoires déjà éprouvés par l'exode des jeunes diplômés de maintenir sur place des jeunes locaux qui souhaitent devenir enseignants dans leur île natale.
De ce fait, elle souhaite connaitre les mesures envisagées par le Gouvernement pour répondre aux inquiétudes des parents d'élèves et des enseignants de l'académie de Guadeloupe dès la rentrée 2021.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 24/03/2022

En 2021, le budget du ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports reste le premier budget de l'État, en augmentation d'1,6 Md€ pour la seule éducation nationale et les emplois y sont globalement stabilisés. Malgré une baisse de 12 500 élèves entre le premier et le second degrés publics, les moyens d'enseignement seront en augmentation. La rentrée scolaire 2021 a été celle d'une priorité réaffirmée en faveur du premier degré, de la maîtrise des savoirs fondamentaux et de la prise en charge dès le plus jeune âge des difficultés d'apprentissage. Le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports veille à l'équité des dotations qu'il répartit entre académies. L'analyse des moyens mis à disposition tient compte notamment du poids de l'académie, de la démographie des élèves et des disparités sociales et territoriales, tant pour le premier que le second degré. Dans l'enseignement scolaire public du premier degré, entre les rentrées 2017 et 2020, 11 900 postes ont été créés, dans un contexte de forte baisse démographique marqué par la perte de 150 000 élèves dans le premier degré. Les classes de CP et de CE1 en éducation prioritaire ont été dédoublées et le dédoublement des classes de grande section de maternelle a été engagé, pour être pleinement déployé à la rentrée scolaire 2023. Une autre réforme, complémentaire de la mesure relative aux dédoublements, vise à plafonner les effectifs des classes de grande section, CP et CE1 à 24 sur tout le territoire. Elle permet de consolider les apprentissages pour les élèves de GS, CP, CE1 donnant la priorité aux savoirs fondamentaux : lire écrire et compter. Concernant la Guadeloupe à la rentrée 2020, le nombre moyen d'élèves par classe dans le premier degré était de 19,6. Ce taux d'encadrement était bien plus favorable que la moyenne nationale de 22,2. Le nombre de professeurs pour 100 élèves a aussi connu une amélioration très nette : il était de 7,40 pour la Guadeloupe, nettement plus favorable que la moyenne nationale de 5,74, et plaçant l'académie au second rang des académies les mieux dotées. A la rentrée scolaire 2021, malgré une baisse prévue de 977 élèves dans le premier degré, il n'y a pas eu de retrait d'emplois et le taux d'encadrement a augmenté pour passer à 7,60 professeurs pour 100 élèves, soit une progression plus significativement forte que celle attendue au niveau national. Dans l'enseignement scolaire public du second degré, le volume d'heures d'enseignement a été abondé en 2021. En effet, l'augmentation des crédits a permis de proposer aux professeurs un volume d'heures supplémentaires, qui ont plus que compensé la diminution des emplois. Au total, avec le plan de relance, les moyens d'enseignement ont augmenté de l'équivalent de près de 1 000 équivalents temps plein (ETP) au niveau national. Les heures supplémentaires ainsi créées ont permis d'apporter une réponse souple aux besoins réels des établissements, tout en améliorant sensiblement la rémunération individuelle des enseignants les assurant. Pour l'académie de la Guadeloupe, la baisse démographique dans le second degré de l'enseignement scolaire public était importante : depuis la rentrée scolaire 2010, elle s'établit à -5 196 élèves, soit près de -11 %. La prévision pour la rentrée scolaire 2021 était aussi orientée à la baisse : -221 élèves (-0,5 %), là encore à l'inverse de la démographie nationale. Le nombre d'élèves par division (E/D), tous niveaux d'enseignement confondus en Guadeloupe, était de 23,8, soit un taux beaucoup plus favorable que le E/D France métropolitaine + DROM (25,2). De même, le nombre d'heures/élèves (H/E), tous niveaux d'enseignement confondus, était lui aussi nettement plus favorable que le H/E moyen France métropolitaine + DROM (1,53 à comparer à 1,35). Les mesures de rentrée scolaire 2021 arrêtées pour le second degré public ont tenu compte de ces éléments. L'ensemble des données et des indicateurs montrent bien la prise en compte marquée pour la rentrée 2021 des spécificités de la Guadeloupe. Les autorités académiques ont été particulièrement mobilisées pour répartir les moyens de la façon la plus juste possible dans le cadre d'un dialogue constant et constructif avec les élus.

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