Question de M. LAURENT Pierre (Paris - CRCE) publiée le 01/04/2021

M. Pierre Laurent attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports sur la formation des coiffeurs et des coiffeuses en France.
Selon le ministère de l'éducation nationale les différents diplômes ayant trait à la coiffure doivent donner à ceux qui les réussissent des compétences adaptables et transférables à tous les types de cheveux au moyen notamment de situations de salons pédagogiques permettant de travailler sur tout type de cheveux.
Force est de constater que ces objectifs très pertinents sont loin d'être atteints en France, notamment en ce qui concerne les cheveux texturés (bouclés, frisés, crépus) que 20 % de la population du pays possède, selon une estimation faite par une grande entreprise et révélée par la presse. En effet, du fait du manque de concrétisation des directives ministérielles très peu des coiffeuses et des coiffeurs qualifiés savent traiter ce type de cheveux de manière satisfaisante. Ceux et celles qui veulent se former à cet effet sont obligés, soit d'apprendre sur le tas, soit de passer par des instituts privés, ou encore de partir à l'étranger ou enfin de se former à distance.
Ce manque de formation participe à une situation de pénurie, où certaines personnes ayant ce type de cheveux fréquentent des salons qualifiés spécialisés peu présents en dehors des grandes villes et des métropoles de l'Hexagone notamment, ce qui en période de mesures sanitaires limitant les déplacements est encore plus préjudiciable. D'autres, et ce davantage encore en dehors de ces zones géographiques, ont recours à l'entraide ou encore au travail non déclaré de personnes qui ne sont pas forcément qualifiées. Il y a aussi certains salons de coiffure avec du personnel bien souvent non diplômé et exploité de manière éhontée par un patronat sans scrupules et dans l'illégalité la plus complète. Cette réalité a été mise au grand jour dès 2014 avec une lutte de travailleuses et de travailleurs dans le quartier Château d'Eau du 10e arrondissement de Paris contre ce qui a été qualifié par la justice de traite d'êtres humains. Pour l'ensemble de ces situations la question de la qualité des produits employés se pose également fréquemment.
Dans un premier temps il lui demande s'il ne serait pas nécessaire que les pouvoirs publics fassent un état des lieux précis concernant l'ensemble de la problématique évoquée. Par la suite, et en fonction des résultats de cette étude, il lui demande s'il ne serait pas souhaitable, dans les structures de formation publiques pour le moins, de débloquer les moyens nécessaires en vue d'améliorer, en concertation avec les différents acteurs concernés, la formation générale des coiffeurs et des coiffeuses en la matière, et ce en cohérence avec les objectifs affichés des pouvoirs publics évoqués ci-dessus.
L'objectif à terme de la réalisation de ces mesures serait non pas la multiplication des salons de coiffure spécifiques mais la possibilité pour tous les habitants de pouvoir être pris en charge par tous les salons de coiffure. Ces derniers bénéficieraient par là même d'une possible extension de leur clientèle et de leur savoir-faire, bienvenus dans la période économique difficile que le pays traverse. Cela participerait également concrètement au vivre ensemble dont la France a tellement besoin. Cela participerait enfin à une augmentation des recettes fiscales et à un recrutement de nouveaux personnels. Ces mesures devraient également être accompagnées d'une meilleure rémunération des salariés de cette profession qui perçoivent des salaires inférieurs de 40 % à la moyenne nationale.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 24/03/2022

Le certificat d'aptitude professionnelle (CAP), le baccalauréat professionnel, le brevet professionnel (BP), la mention complémentaire (MC) et le brevet de technicien supérieur (BTS) métiers de la coiffure sont des certifications professionnelles qui permettent d'exercer le métier de coiffeur ou coiffeuse. Les candidats à ces diplômes acquièrent des compétences qui sont adaptables et transférables à tous les types de cheveux. En outre, les apprenants choisissent leurs modèles et peuvent ainsi travailler sur tout type de cheveux en situation de salon pédagogique. Les cheveux « texturés » étant une nature de cheveux parmi d'autres, il est donc tout à fait possible d'apprendre à coiffer avec un modèle ayant des cheveux du type « crépu », « bouclé » ou « frisé ». Les titulaires de ces diplômes entrent ainsi dans la profession avec un bon niveau de compétences professionnelles et générales leur permettant d'évoluer et de se spécialiser, par le biais notamment de la formation tout au long de la vie, selon leurs appétences et choix professionnels. Ainsi, tous les salons de coiffure sont d'ores et déjà préparés à prendre en charge tous les publics, quel que soit leur âge et les caractéristiques de leur chevelure. Des formations spécialisées pour le travail de tel ou tel type de cheveu seraient certainement envisageables, mais elles ne sont pas proposées dans les diplômes de l'éducation nationale, le besoin de telles certifications n'ayant été signalé ni par les représentants (employeurs ou salariés) de la profession, ni par des initiatives d'organismes de formation. Le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports (MENJS) observe notamment qu'il n'existe pas de certification professionnelle publique ou privée spécialisée par type de cheveux inscrite au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). La question des formations spécialisées pour certains types de cheveux a déjà été signalé ces dernières années. Le MENJS a par exemple été informé il y a plusieurs années d'un projet de création d'un « certificat de qualification professionnelle (CQP) » concernant une spécialisation sur les cheveux dits « afro ». Les CQP, qui existent dans l'ensemble des secteurs professionnels, ne sont soumis à aucun avis ni autorisation du ministère, et peuvent être librement créés par les représentants des professionnels de la coiffure, puis éventuellement inscrits au RNCP. Il semble que ce projet soit resté sans suite à ce jour. La rénovation des diplômes de l'État s'effectue dans le cadre structuré des travaux des commissions consultatives professionnelles (CPC), à la demande des branches professionnelles. Les représentants des employeurs et salariés sont majoritaires dans ces commissions dans lesquelles sont également représentés les ministères. Dans la commission professionnelle consultative « Services et produits de consommation », le besoin d'une certification professionnelle consacrée aux cheveux texturés n'a jamais été évoqué.

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