Question de M. LE GLEUT Ronan (Français établis hors de France - Les Républicains) publiée le 08/04/2021

Question posée en séance publique le 07/04/2021

M. le président. La parole est à M. Ronan Le Gleut, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Ronan Le Gleut. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

Monsieur le ministre, « nous nous tenons prêts » : c'est par ces mots qu'au mois d'août dernier vous répondiez dans le Journal du dimanche à une question relative au fiasco technologique qui s'est déroulé lors du premier confinement. Le 16 mars 2020, il y a en effet eu un plantage phénoménal et l'école à la maison n'a tout simplement pas fonctionné lors du premier confinement. Vous aviez alors évoqué de prétendues attaques informatiques venues de Russie. On se demande bien quel pirate informatique russe aurait comme objectif de voler les cours de maths de CM1… (Rires sur de nombreuses travées.)

Cette semaine, 12,4 millions d'élèves étaient concernés par l'école à la maison ; les enseignants et les parents étaient prêts, les élèves de l'étranger qui suivent des cours à distance aussi. Et là, nouveau fiasco : tous les systèmes sont en carafe, que ce soit « Ma classe à la maison » du CNED, les ENT ou Pronote.

Vous avez évoqué, monsieur le ministre, l'incendie qui a touché l'entreprise OVHcloud, mais son P-DG a immédiatement démenti cette version. Vous avez aussi évoqué, comme l'année dernière, de prétendues attaques informatiques.

La réalité est bien différente : alors que vous aviez un an pour vous préparer, vous n'étiez tout simplement pas prêts. Comment la prétendue « start-up nation », portée en étendard par Emmanuel Macron, peut-elle justifier un tel fiasco ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Christine Herzog applaudit également.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 08/04/2021

Réponse apportée en séance publique le 07/04/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur, vous choisissez de prendre un ton polémique sur un sujet technique – c'est votre droit. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Votre petite boutade sur les cyberattaques russes montre à quel point vous méconnaissez le sujet. (Protestations sur les mêmes travées.) En effet, nous subissons en permanence de telles attaques, souvent sur les sujets les plus anodins. Si vous ne savez pas cela, vous aurez du mal à connaître le reste. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Nouvelles protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) Je vais vous expliquer ! (Protestations redoublées puis brouhaha sur les travées du groupe Les Républicains.) Renseignez-vous ! Vous verrez que tous les pays du monde sont menacés par ce type de cyberattaques, qui portent aussi sur les infrastructures d'éducation. On verra bien alors, si vous continuez vos boutades ! En tout cas, cela explique une partie de ce qui s'est passé hier.

Vous donnez aussi un tour polémique à votre question en disant que l'enseignement à distance n'a pas fonctionné lors du premier confinement. C'est vrai qu'il y a eu des problèmes de tuyaux au début ; ils ont duré un jour ou deux et les choses se sont ensuite améliorées.

D'ailleurs, on ne peut que rendre hommage aux enseignants qui ont réussi beaucoup de choses en la matière.

Mme Pascale Gruny. Ça, c'est vrai !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Toutes les enquêtes montrent un taux de satisfaction des parents de 75 %.

Bien sûr, il y a eu des imperfections, des choses qui n'ont pas marché, mais il serait antipatriotique de nier les éléments positifs. (Marques d'agacement sur les travées du groupe Les Républicains.)

Seconde assertion de votre part : le fait que nous ne serions pas prêts. Là aussi, c'est une insulte aux enseignants qui, tous, étaient prêts hier.

Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains. Pas vous !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Comme je le disais au sénateur Lafon, ils étaient prêts !

Ce qui n'a pas marché, ce sont effectivement les tuyaux, comme on dit. Or, je le répète très clairement, ces tuyaux ne relèvent pas de la compétence de l'éducation nationale. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) C'est un fait et, si vous ne le savez pas, c'est quand même un problème ! (Mêmes mouvements.) Ces environnements numériques de travail relèvent de la compétence des régions et des départements.

La semaine dernière, les collectivités locales nous ont dit qu'elles étaient prêtes. D'ailleurs, certaines l'étaient et l'enseignement à distance s'est bien passé dans une bonne partie du pays. Cela n'a pas été le cas partout, mais les choses sont en train de s'améliorer – nous le constatons déjà aujourd'hui – et j'ai confiance dans le fait que le système sera rétabli demain ou après-demain.

De grâce, ne faisons pas de polémiques inutiles !

M. le président. Il faut conclure !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Parlons de ce sujet de façon informée. L'éducation nationale a énormément travaillé sur ces questions depuis un an et ne faisons pas injure à toutes ces personnes – plus d'un million ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Ronan Le Gleut, pour la réplique.

M. Ronan Le Gleut. Monsieur le ministre, votre réponse ne convainc malheureusement personne. Le Président de la République avait dit aux députés de La République En Marche : « Soyez fiers d'être des amateurs ! » Aujourd'hui, vous devez être fiers de vous… (Rires et vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes SER et CRCE.)

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