Question de M. LAFON Laurent (Val-de-Marne - UC) publiée le 08/04/2021

Question posée en séance publique le 07/04/2021

M. le président. La parole est à M. Laurent Lafon, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Laurent Lafon. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

La semaine dernière, le Président de la République a annoncé la reprise des cours à distance pour l'ensemble des élèves de France du 6 au 9 avril, date qui marque le début des vacances de printemps. Les collégiens et les lycéens, quant à eux, suivront les cours à distance au moins jusqu'au début du mois de mai.

Hier, depuis leur habitation, ce sont donc 12 millions d'élèves qui ont tenté de se connecter. Malheureusement, deux séries de bugs informatiques les ont privés d'école, du moins temporairement : le bug de « Ma classe à la maison », dispositif géré par le Centre national d'enseignement à distance (CNED) visant à assurer les cours en visioconférence, et celui des espaces numériques de travail (ENT), qui permettent de charger les cours et les devoirs en ligne.

Vingt-quatre heures plus tard, les raisons de ces difficultés restent floues. Pour les ENT, notre fleuron national, l'hébergeur OVHcloud, a été accusé d'avoir failli. Celui-ci dément cette accusation, d'autant que certains ENT sont hébergés par Amazon. Quant au CNED, c'est l'explication d'une cyberattaque par déni de service qui a été avancée, soit exactement la même que celle qui a déjà été subie en mars 2020.

Cette situation montre, monsieur le ministre, que nous n'étions manifestement pas prêts à ce que les cours soient repris à distance, alors même que nous disposions de plusieurs mois pour nous y préparer.

Mme Pascale Gruny. Même après un an ?…

M. Laurent Lafon. Vous ne serez donc pas surpris par les questions que je veux maintenant vous poser.

Pourriez-vous nous expliquer les raisons précises de ces bugs et nous rassurer sur le fait qu'elles sont définitivement résolues ?

À la suite de l'attaque subie par le CNED l'an passé, quelles mesures ont été prises pour éviter qu'elle ne se reproduise ?

L'État a-t-il dialogué avec les collectivités locales pour qu'elles redimensionnent les hébergements des ENT ?

Enfin, de nombreux professeurs sont obligés de contourner ces difficultés en recourant à des plateformes, comme celles de Windows ou de Google. Disposez-vous d'un chiffrage précis sur l'étendue du phénomène ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC. – M. Michel Savin applaudit également.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 08/04/2021

Réponse apportée en séance publique le 07/04/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur Lafon, depuis hier, en effet, la France est entrée de nouveau dans l'enseignement à distance massif ; elle l'était déjà de manière hybride, s'agissant notamment des lycées.

Depuis un an, il s'est passé beaucoup de choses. Les professeurs ont bénéficié d'une préparation importante, en particulier d'une formation pour assurer les cours à distance. Ils étaient donc tous prêts hier. Je regrette donc d'autant plus les phénomènes qui se sont produits, lesquels relèvent de problèmes techniques. Toujours est-il que, sur le plan pédagogique, les professeurs étaient prêts.

En matière informatique, comme dans d'autres matières, le ministère de l'éducation nationale est responsable essentiellement des enjeux de « contenu ». Les enjeux de « tuyau », quant à eux, relèvent d'autres compétences.

Hier, la tenue des cours s'est passée correctement pour certains élèves, plus mal, voire très mal pour d'autres, mais seulement dans certaines parties du territoire, là où les ENT n'ont pas pu supporter l'afflux immédiat des millions d'élèves qui se sont connectés sur internet au même moment.

La semaine dernière, pourtant, les régions, qui sont en l'espèce responsables, nous avaient assuré que tout était prêt dans leurs relations avec les prestataires. C'est donc vers eux que nous devons nous tourner. Pour ma part, je n'ai nullement pointé la responsabilité d'OVHcloud. J'ai simplement affirmé hier, au début de la crise et au vu des premiers éléments dont nous disposions, que le fameux incendie qui était survenu avait eu des conséquences indirectes.

En effet, le report sur différents opérateurs, en France, révèle que certains d'entre eux ne possèdent pas la puissance technique nécessaire – je le déplore. Je le rappelle, un tel sujet ne relève pas de la compétence de l'éducation nationale.

Les personnes qui sont promptes à mettre les responsabilités sur le dos de l'éducation nationale doivent surtout nous expliquer ce qu'il s'est passé. Nous bénéficierons, dans le détail, des éclaircissements nécessaires dans les prochains jours. Dans l'immédiat, nous travaillons prioritairement au rétablissement de la situation – c'est bien ce qui se passe –, en liaison tant avec les régions qu'avec les opérateurs concernés.

Le CNED, quant à lui, a été la victime de cyberattaques, certaines ayant été commises depuis l'Hexagone, d'autres depuis l'étranger. Nous avons d'ailleurs porté plainte. Ces attaques ont été extrêmement importantes, au moment même où des centaines de milliers de comptes étaient créés pour faire face à la situation. Je compléterai évidemment ma réponse dans d'autres contextes. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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