Question de M. FERNIQUE Jacques (Bas-Rhin - GEST) publiée le 08/04/2021

Question posée en séance publique le 07/04/2021

M. le président. La parole est à M. Jacques Fernique, pour le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires.

M. Jacques Fernique. Monsieur le ministre de l'économie, des finances et de la relance, ma question concerne le secteur aérien. Pour autant, elle ne portera pas sur le sort d'une subvention de 8 000 euros allouée à l'aéroclub du Poitou ou sur le « péril vert » d'une police des rêves d'enfants. Suffisamment de ministres ont surréagi là-dessus, et continueront sans doute à le faire lors des prochains épisodes de la série « Haro sur les écolos ! ». (Rires sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Philippe Dallier. À qui la faute ?

M. Jacques Fernique. Ma question porte sur le nécessaire soutien au secteur aéronautique, qui est l'un des plus durement frappés par la crise mondiale provoquée par la pandémie : le trafic et les recettes se sont effondrés et les commandes d'avions neufs ont brutalement plongé. Les soutiens publics et les crédits de relance sont donc bien évidemment nécessaires.

L'annonce qui a été faite dimanche dernier d'un abondement de 4 milliards d'euros d'aides au bénéfice d'Air France participe de cet effort public. Il serait cependant illusoire de penser qu'il suffit de milliards payés par les contribuables pour assurer un avenir durable à l'aérien : ce secteur ne peut s'exonérer d'une transition qui réponde aux enjeux sociaux, économiques et climatiques.

Quelque 400 000 emplois sont en jeu pour l'ensemble du secteur. Nous ne pouvons pas accepter le délitement et les suppressions programmées. Quelles actions fortes l'État envisage-t-il pour la sauvegarde des emplois et les reconversions ?

Le climat également – et surtout !– est en jeu : un aller-retour Paris-New York, c'est une tonne de CO2 par passager. (Murmures sur les travées du groupe Les Républicains.) Notre pays s'est pourtant engagé à ce que chacun d'entre nous, pour l'ensemble de son bilan carbone, passe sous les deux tonnes par an d'ici à 2050.

Quelle est la stratégie pour la décarbonation du secteur ? (Murmures accentués puis brouhaha sur les travées du groupe Les Républicains.) Nous pouvons déjà nous appuyer sur les progrès techniques existants et compter sur des reports, lorsque cela est possible, vers d'autres modes de transports moins émetteurs de gaz à effet de serre. Est-il viable de s'en remettre à l'initiative privée des acteurs du secteur ? Ne faut-il pas envisager des changements structurels ? (Le brouhaha redouble d'intensité.)

Monsieur le ministre, à quelle conditionnalité climatique et sociale prévoyez-vous de subordonner ces aides ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)


Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la relance publiée le 08/04/2021

Réponse apportée en séance publique le 07/04/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance.

M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la relance. Monsieur le sénateur, permettez-moi de vous dire que vous ne manquez pas d'air ! (Bravo ! et applaudissements amusés sur les travées des groupes RDPI, INDEP, RDSE, UC et Les Républicains.)

M. Marc-Philippe Daubresse. Ça plane pour lui !

M. Bruno Le Maire, ministre. En effet, attaquer autant que vous le faites le transport aérien, tout en nous demandant de le soutenir, ça ne manque pas d'air !

Quant aux reproches que vous nous faites d'avoir attaqué collectivement la maire de Poitiers, vous me permettrez de confirmer une bonne fois pour toutes que je ne souhaite nullement, comme personne ici, que les responsables politiques s'occupent des rêves de nos enfants ! (Vifs applaudissements sur les mêmes travées.)

Mais je veux vous rassurer, vous et votre collègue de Poitiers, ainsi que tous les Verts : nous continuerons à soutenir massivement et durablement le transport aérien, à travers les PME du secteur, le constructeur Airbus et toute l'industrie française, qui tous contribuent à faire notre excellence ! (Bravo ! et applaudissements sur les mêmes travées.)

Nous réaliserons ce soutien avec l'ambition d'accélérer la décarbonation de notre industrie. Oui, nous sommes capables d'être la première nation, parmi le premier continent au monde, à proposer un avion zéro carbone fonctionnant à l'hydrogène. Cela vaut mieux que de laisser des avions cloués au sol, et les emplois qui vont avec.

Notre ambition est de voir voler les avions avec plus de carburant décarboné et de réduire l'utilisation de l'avion. À ce titre, nous avons demandé à Air France de supprimer toutes les lignes là où existe une solution de transport par train en moins de deux heures trente.

Telle est notre ambition : non des avions cloués au sol, mais des avions plus propres, plus compétitifs et créateurs d'emplois, qui soutiennent notre industrie ! (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP, RDSE, UC et Les Républicains.)

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