Question de M. CHEVROLLIER Guillaume (Mayenne - Les Républicains) publiée le 01/04/2021

Question posée en séance publique le 31/03/2021

M. le président. La parole est à M. Guillaume Chevrollier, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Guillaume Chevrollier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

Monsieur le ministre, il y a quelques jours, j'ai rencontré des jeunes, en classe de terminale, au lycée Lavoisier de la ville de Mayenne. Ils m'ont fait part de leur grande inquiétude, à trois mois du baccalauréat, au sujet de l'épreuve du grand oral.

Cette épreuve finale, inédite, est la grande nouveauté du baccalauréat. Elle est déterminante, dotée d'un coefficient important. Les lycéens la travaillent et se montrent studieux, car ils ont envie de donner le meilleur d'eux-mêmes.

Cependant, comment peut-on se préparer à une épreuve dont on ne connaît pas les modalités ?

Cette inquiétude est partagée par tous. Les professeurs, formés tardivement, sont écartelés entre la nécessité de terminer le programme et celle de préparer les élèves à l'oral. Les lycéens se demandent si l'épreuve sera maintenue ou annulée, comme cela a été le cas pour l'oral de français l'année dernière.

Certaines questions portent sur l'organisation de l'épreuve. Elles sont très basiques, mais personne n'est capable d'y répondre.

De plus, la situation sanitaire impose à certains lycées de fonctionner de manière hybride, en présentiel et en distanciel. Les élèves n'auront donc pas les mêmes conditions de préparation à cet examen, pourtant national, ce rite de passage fort dans la vie d'un jeune adulte.

À cette inégalité s'ajoute celle qui est dénoncée par les bacheliers des établissements privés hors contrat, les candidats libres et ceux qui sont inscrits en cours à distance, y compris dans le cadre réglementé du Centre national d'enseignement à distance, le CNED. Ils seront les seuls à ne pas bénéficier du contrôle continu, comme leurs camarades du public et du privé sous contrat avec l'État. Cette différence de traitement entre les élèves constitue une rupture d'égalité devant l'examen.

Monsieur le ministre, les jeunes, les parents, les professeurs et les élus locaux m'interpellent sur l'urgence de soutenir la jeunesse. Quel message leur enverrez-vous pour les rassurer ? Ils attendent des informations très claires et concrètes sur les modalités du grand oral. Pouvez-vous nous donner des précisions sur ce sujet ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 01/04/2021

Réponse apportée en séance publique le 31/03/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur, je vous remercie de cette question, qui me donne l'occasion, tout comme vous l'avez fait, de souligner l'importance de la nouvelle épreuve inscrite dans la réforme du baccalauréat.

Cette épreuve constitue, en effet, l'une des innovations les plus importantes de cette réforme. Notre intention à cet égard est de rappeler à tous ceux qui participent au système éducatif, depuis l'école maternelle jusqu'à la terminale, combien il est essentiel pour les élèves d'être capables de s'exprimer à l'oral, de s'extravertir, d'écouter et d'argumenter. Or ce ne sont pas forcément les points forts du système actuel.

L'expression orale est tout à fait complémentaire de la compétence écrite, et nous voulons la développer, grâce à une série d'initiatives que je ne détaillerai pas, mais dont font partie la pratique théâtrale et le chant.

L'« école de la confiance » dont nous parlons signifie aussi qu'il faut apprendre aux élèves à avoir confiance en eux, en leur donnant les moyens de s'exprimer.

La situation actuelle remet en cause tous les éléments du système et nous oblige à des adaptations. Nous avons d'ailleurs déjà procédé à certaines d'entre elles. À ce stade, je considère que l'épreuve pourra avoir lieu, dès lors, bien sûr, que les conditions au mois de juin le permettront.

Nous l'organiserons avec bienveillance, car cet oral n'a d'intérêt que si les élèves le réussissent. C'est un bon message à leur envoyer que de leur rappeler qu'il est important de s'entraîner.

En revanche, il n'est pas exact de dire que nous n'avons pas fourni les ressources nécessaires à la préparation de l'épreuve. Chacun peut le vérifier immédiatement sur les sites « education.gouv.fr » et « eduscol.education.fr ». L'explication du grand oral y figure en trois points détaillés, contrairement à ce que vous avez affirmé, ainsi que des ressources pour s'entraîner.

Comme il s'agit d'une première, il est tout à fait normal que l'épreuve suscite des questions. Les corps d'inspection sont là pour aider les professeurs. Nous leur proposons également, depuis plusieurs mois, des sessions de formation continue.

Je le répète, l'objectif est de faire réussir les élèves. La philosophie de la réforme repose sur l'idée que, en préparant le baccalauréat, les élèves doivent acquérir des capacités qui leur permettront de réussir, après l'examen.

Il ne s'agit pas de les brimer en leur imposant une épreuve pénible, mais au contraire de leur offrir l'occasion de s'entraîner pour développer des qualités qui leur seront utiles par la suite, notamment pour réussir dans l'enseignement supérieur.

M. le président. La parole est à M. Guillaume Chevrollier, pour la réplique.

M. Guillaume Chevrollier. Monsieur le ministre, ma question remonte du terrain. Les acteurs concernés ne semblent pas connaître les modalités du grand oral.

Les lycéens sont inquiets. Les professeurs, qui ont pourtant vécu d'autres réformes, sous la droite et sous la gauche, n'ont pas le souvenir d'avoir connu une telle impréparation. Auparavant, les choses étaient fixées dès la rentrée scolaire. Ce n'est pas le cas avec ce gouvernement, et je le regrette. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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