Question de M. ALLIZARD Pascal (Calvados - Les Républicains) publiée le 18/03/2021

M. Pascal Allizard attire l'attention de Mme la secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'économie sociale, solidaire et responsable à propos de la pénurie des semi-conducteurs dans l'industrie.
Il rappelle que les semi-conducteurs, composants indispensables au fonctionnement des appareils et équipements électroniques, sont en situation de pénurie dans le monde, depuis plusieurs mois.
La présente crise met en lumière les fragilités de l'industrie européenne et notamment française, dépendantes de l'Asie.
Différents secteurs sont concernés, comme l'automobile, dont certaines usines tournent déjà au ralenti.
Cette situation risque d'être durable et met en danger nombre d'acteurs économiques. Certaines entreprises s'attendent ainsi à ne pas être livrées avant plusieurs mois.
Par conséquent, il souhaite savoir comment le Gouvernement, en lien avec les autorités européennes, entend répondre à ce défi industriel et quels moyens seront mis en œuvre.

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Transmise au Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Industrie


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Industrie publiée le 20/05/2021

Alors même que la crise de la Covid et les restrictions sanitaires ont pu mettre à mal les capacités de production de semi-conducteurs, la demande en composants électroniques a fortement augmenté du fait du cumul d'une reprise de l'activité rapide et importante en Asie, et d'une forte hausse de la demande des secteurs de l'électronique grand public (PC, gaming, smartphone,…), dans le contexte de crise sanitaire (télétravail et divertissement). Des éléments concomitants, propres au secteur de l'automobile expliquent pourquoi celui-ci est particulièrement touché :un arrêt des commandes de l'industrie automobile lors du printemps 2020 face aux perspectives de ventes alors décroissantes. Cela s'est répercuté dans la chaîne de valeur, stoppant la production de composants électroniques à destination du secteur.La reprise forte du secteur automobile, difficilement anticipable et anticipée par les constructeurs, s'est alors heurtée à des capacités de production du secteur électronique en tension, et redirigées vers les besoins de l'électronique grand public.A cela, il faut ajouter des tendances de fond favorisant la demande de composants électroniques, notamment pour l'automobile (électrification du véhicule, accroissement des fonctions d'aide à la conduite). Afin de prendre la mesure de la situation et d'envisager actions pour y répondre, une première réunion de cellule de crise a eu lieu en février dernier, permettant aux filières électronique et automobile de partager une compréhension commune des déterminants de la pénurie. L'État encourage les discussions entre les différents acteurs de la chaîne de valeur pour faciliter la transmission de l'information, dans le strict respect de la confidentialité et du droit de la concurrence, afin d'allouer la production de composants de la manière la plus efficace et équitable possible. La direction générale des entreprises et France Industrie ont proposé la mise en place d'un groupe de travail sur le sujet de l'ensemble des tensions d'approvisionnement rencontrées aujourd'hui. Celui-ci étudiera les voies de réduction de la dépendance française aux approvisionnements extérieures, ainsi que de réduction de l'impact économique des crises d'approvisionnement et se réunira dans les prochaines semaines. Sur le plan diplomatique, à travers le directeur général des entreprises, l'État a pu échanger avec les autorités taïwanaises, dont est originaire le leader mondial de la fonderie de semi-conducteur et nœud central de cette pénurie, afin d'insister sur la nécessiter de servir équitablement les différents secteurs et zones géographiques semi-conducteurs. Au-delà de ces actions de court terme, qui permettront de limiter l'impact de la pénurie le temps de sa résorption, l'État a engagé des actions pour réduire cette dépendance aux fournisseurs non européens à moyen et long termes. 64 projets d'électronique ont déjà été soutenus dans le cadre de l'appel à projet du plan de relance en faveur du soutien à l'investissement dans les industries critiques pour un montant d'aide d'environ 78 M€ pour un investissement total de plus de 260 M€. Ces projets participeront à renfoncer la résilience de l'industrie française en matière d'approvisionnement en composants électroniques, notamment pour l'industrie automobile. C'est en particulier le cas du projet de l'entreprise X-Fab, à Corbeille-Essonne, qui vise à rapatrier, en France, une ligne de production de composants à destination de l'industrie automobile, alors située en Asie. À plus long terme, à travers la stratégie d'accélération en cours d'élaboration, l'État pourra agir pour créer les conditions nécessaires au renforcement de la résilience de l'industrie européenne concernant l'approvisionnement en composants électroniques. Cela sera aussi l'occasion de renforcer le positionnement de l'industrie électronique française et européenne sur les besoins futurs de l'industrie automobile en composants, notamment en ce qui concerne l'électronique de puissance, qui sera au cœur des enjeux de l'électrification des véhicules, les composants de calcul embarqués ainsi que les capteurs avancés. La DGE travaille ainsi auprès de la Commission et des autres États membres à ce que le prochain projet important d'intérêt européen commun (PIEEC) sur l'électronique couvre un champ technologique suffisamment large pour comprendre ces sujets critiques.

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