Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 11/03/2021

M. Yves Détraigne souhaite appeler l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur le suicide des internes en médecine.
Quasiment un an jour pour jour après le suicide d'un interne en anesthésie-réanimation au centre hospitalo-universitaire (CHU) de Reims, un étudiant qui faisait son internat en médecine générale dans le même établissement vient de mettre fin à ses jours par pendaison, le 4ème suicide depuis le début de l'année. C'est entre dix et vingt internes en médecine qui mettent fin à leurs jours annuellement. Les jeunes médecins en cours de spécialisation ont donc trois fois plus de risques de mourir par suicide que le reste de la population du même âge.
La question du suicide des internes et des étudiants en médecine reste largement taboue. Pourtant, dans une enquête de 2017 de l'intersyndicale nationale des internes (ISNI), ils étaient 23 % à déclarer avoir eu des idées suicidaires dont 5 % dans le mois précédant la réponse à l'enquête et 3,8 % des jeunes médecins interrogés (758) déclaraient une tentative de suicide. Ces représentants dénoncent une formation médicale qui, en France, reposerait sur une violence institutionnalisée. Depuis cette enquête, et malgré les promesses du ministère de la santé et des responsables de formation, il semblerait que rien n'ait été fait…
L'Intersyndicale demande donc des décisions fortes et rapides. Outre une enquête de l'inspection générale des affaires sociales sur les risques psycho-sociaux durant l'internat, chaque suicide d'interne en médecine devrait automatiquement déclencher une mission d'inspection indépendante nommée par les directeurs d'agences régionales de santé (ARS) et comprenant des représentants des internes. Des mesures conservatoires devraient être diligentées par les directions hospitalières et d'ARS au moindre doute sur une situation de danger grave et imminent pour les personnels. De même le cumul des fonctions managériales et d'enseignement devrait être supprimé et le droit à changer de spécialité ou de subdivision pour respecter le projet professionnel et de vie des internes élargi. Enfin, la mise en place d'un décompte du temps de travail serait utile puisque le temps de travail moyen d'un interne est de 58 h hebdomadaires, 23 h de plus que la durée normale de travail…
Considérant qu'il convient de prendre la mesure du drame et des souffrances extrêmes que vivent les internes, il lui demande quelles mesures il entend prendre afin de lutter contre le mal-être des jeunes médecins en devenir.

- page 1558

Transmise au Ministère de la santé et de la prévention


La question est caduque

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