Question de Mme LIENEMANN Marie-Noëlle (Paris - CRCE-R) publiée le 04/03/2021

Mme Marie-Noëlle Lienemann attire l'attention de M. le Premier ministre sur la stratégie confuse de l'État concernant les laboratoires nantais Xenotheran et Valvena.

Lors de son déplacement à Nantes le 11 février 2021, le président de la République a selon la presse indiqué que l'État aurait la volonté de négocier une précommande de 30 000 doses du médicaments anti-Covid – le XAV-19 – développé par Xénothera, société de biotechnologie nantaise. Cette société indiquait le lendemain « ne pas avoir confirmation de cette précommande », pourtant l'Élysée affirmait encore que des « discussions avec le laboratoire sont engagées depuis le mois de juin 2020 ». On ne saurait trouver situation plus confuse et opaque.

Le XAV-19 est un mix d'anticorps qui neutralise le virus et l'empêche de se multiplier, permettant ainsi de réduire le risque d'aggravation chez les patients atteints des formes modérées de la maladie. Si la stratégie de vaccination contre le Covid-19 est une priorité absolue, on mesure bien ici tout l'intérêt d'un tel médicament alors que la communauté scientifique peine à trouver un traitement efficace contre la maladie. Xenothera souhaite lancer une campagne d'essai en France mais également à l'échelle européenne, dans l'espoir d'une mise sur le marché cet été. Une précommande permettrait au laboratoire d'enclencher une production industrielle du XAV-19, dont le coût pourrait être 15 fois moins élevé que les anticorps monoclonaux américains.
Nous avons également appris voici près de 3 mois que les Britanniques bénéficieraient du vaccin développé par le laboratoire franco-autrichien Valvena, basé à Saint-Herblain près de Nantes. Le Royaume Uni a ainsi annoncé une précommande de 40 millions de doses supplémentaires de ce vaccin français, qui s'ajoutent aux 60 premières millions de doses qui seront produites au Royaume Uni… les Français et les Européens devront attendre 2022. Dès juin 2020, la présidente du conseil régional des Pays-de-la-Loire ainsi que le préfet de région avaient alerté le Gouvernement sur le potentiel de développement d'un vaccin français par ce laboratoire.
Il paraît invraisemblable que de telles opportunités et capacités françaises aient été si ce n'est ignorées à tout le moins négligées si longtemps, alors que la lutte contre la pandémie et ses conséquences devait représenter la priorité absolue des pouvoirs publics.

Elle lui demande donc de bien vouloir lui indiquer quels sont les échanges que le Gouvernement a eus dès l'été 2020 avec les élus locaux et la société Valvena, et quels sont les raisons et les blocages qui ont abouti à ce que ce soit le gouvernement britannique qui profite ainsi du vaccin développé par ce laboratoire. Elle lui demande de bien vouloir lui indiquer si le Gouvernement est en discussions avec cette société pour permettre la production de ce vaccin en France à destination de nos concitoyens, en plus des 100 millions de doses déjà précommandées par la Grande-Bretagne.
Par ailleurs, elle lui demande de bien vouloir lui confirmer que l'État a bien l'intention de passer une précommande de 30 000 doses du XAV-19 et de lui indiquer quelles sont les discussions en cours entre le Gouvernement et la société Xenothera. Elle lui demande enfin de bien vouloir lui indiquer si ce laboratoire bénéficie du soutien de l'État, notamment au travers du « plan de relance » comme semble le croire la presse locale, et à quel niveau.

Au moment où la reconstitution de notre outil pharmaceutique industriel apparaît comme une nécessité vitale, elle enjoint le Gouvernement à aider – y compris financièrement – toutes les initiatives françaises en réduisant au maximum les blocages bureaucratiques qui pourraient être rencontrés.

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Transmise au Ministère de l'économie, des finances et de la relance


Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la relance publiée le 02/09/2021

L'État français a initié des discussions avec le laboratoire herblinois Valneva, dont il est l'actionnaire minoritaire par l'intermédiaire d'une participation de bpifrance, dès le 6 mai 2020. Au terme d'un cycle de réunions de travail, la direction de la société a choisi de fabriquer la substance active de son candidat-vaccin « VLA2001 » à Livingstone, en Écosse, où elle détient depuis 2013 un site de production. La mise en flacons des vaccins sera faite à Solna, en Suède. La France milite en faveur de l'intégration d'un vaccin à virus inactivé, technologie sur laquelle repose le candidat-vaccin conçu par Valneva, au sein du portefeuille vaccinal européen. Aussi, la France pousse la Commission européenne à sécuriser une précommande de 60 millions de doses du « VLA2001 ». Des essais cliniques de phase III du « VLA2001 » ont débuté en juin, les premiers résultats sont attendus au quatrième trimestre 2021. S'ils s'avèrent satisfaisants, la revue des données de la Medecine and Healthcare products Regulatory Agency (M.H.R.A., le régulateur britannique) et de l'Agence européenne du médicament et le candidat-vaccin pourrait obtenir une autorisation de mise sur le marché à cette prériode. Selon ce calendrier, qui dépend du succès des essais cliniques, le « VLA2001 » serait livré à la France lorsqu'elle disposera déjà, compte-tenu des contrats déjà signés et à venir, de plus de 150 millions de doses de vaccins contre la Covid-19. Le laboratoire nantais Xénothéra conçoit le « Xav-19 », un traitement destiné à des patients souffrant de symptômes modérés de la Covid-19 et reposant sur un anticorps polyclonal. Xénothéra a bénéficié d'aides de bpifrance ainsi que d'un financement européen. Ils ont permis :D'initier l'essai clinique POLYCOR en France, promu par le CHU de Nantes, ainsi qu'un essai clinique européen;De monter en charge afin de lancer la production. Un accord de précommandes a été en outre conclu avec le Gouvernement.

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