Question de M. LAUGIER Michel (Yvelines - UC-A) publiée le 18/02/2021

Question posée en séance publique le 17/02/2021

M. le président. La parole est à M. Michel Laugier, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Michel Laugier. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

La ville de Trappes est à la une des médias. Pour avoir été maire de la ville voisine et président de la communauté d'agglomération dont Trappes fait partie, je suis meurtri par la stigmatisation médiatique dont cette ville fait l'objet.

Grâce au plan Borloo et à l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), des centaines de millions d'euros ont été investis, des immeubles démolis puis reconstruits, tandis que des équipements publics sont flambant neufs. Le changement visuel est évident, mais hélas, les problématiques sont toujours là et s'intensifient dans certains quartiers… Une véritable pandémie, avec un variant islamiste particulièrement nocif.

Toutefois, il ne faut pas résumer Trappes à cela, car un véritable travail est fait sur le terrain entre les représentants de l'État et les élus locaux.

Nous ne voudrions pas voir ces efforts anéantis par les déclarations tonitruantes d'un professeur, d'un maire qui tente de défendre sa ville, certes, mais qui se permet de distribuer des documents dans l'enceinte d'un lycée, de personnes menacées de mort qui sont aujourd'hui sous protection policière et de partis populistes qui surfent sur la vague en cette période préélectorale.

Cette polémique éclate alors que l'on ne compte plus les flambées de violence un peu partout sur le territoire : à Besançon, avec une agression raciste ultraviolente ; à Montbéliard, avec des actes de sauvagerie et de guérilla urbaine sur lesquels ma collègue Annick Jacquemet souhaitait aussi vous interpeller ; à Paris, avec le lynchage abominable du jeune Yuriy ; à Poissy, avec un guet-apens couplé à un appel au meurtre, pour ne citer que les plus récents.

Face à ces situations, la police semble dépassée. Et c'est dans ce contexte que la nouvelle Défenseure des droits propose d'expérimenter des « zones sans contrôle d'identité ». Ces déclarations ont semé le doute sur l'engagement du Gouvernement à lutter contre la criminalité et l'insécurité.

Pouvez-vous nous confirmer, monsieur le Premier ministre, que le Gouvernement va réagir avec les moyens nécessaires au climat d'incivilité qui sévit dans certains quartiers, partout en France ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 18/02/2021

Réponse apportée en séance publique le 17/02/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je vous prie tout d'abord de bien vouloir excuser ce léger retard qui m'a empêché de répondre à la question de M. Wattebled ; je remercie M. le Premier ministre de l'avoir fait à ma place.

À travers votre question, monsieur le sénateur, vous soulevez trois sujets.

S'agissant de Trappes, il n'est pas question pour le Gouvernement de désigner un territoire plutôt qu'un autre. Étant moi-même l'élu d'un territoire difficile, je sais combien les élus, les acteurs associatifs et les enseignants, combien tous ceux qui concourent à donner toute sa beauté à une ville, même lorsqu'elle est confrontée à des problèmes, voient parfois leurs efforts ruinés par un événement médiatique.

Par ailleurs, un professeur, qui a le droit en République de dire ce qu'il veut et de dénoncer les menaces, les intimidations et l'état d'une société qu'il constate, et un maire doivent tous deux être protégés par la République, par les services de police, dès lors qu'ils sont menacés – dans les deux cas cités, ils le sont. Il ne nous appartient pas de trancher un différend politique.

Enfin, à Trappes comme ailleurs, il existe des endroits où l'islamisation gagne, où le travail des islamistes est fort. En face, l'offre républicaine doit être encore plus vigoureuse. C'est le sens de l'action de Jean-Michel Blanquer au travers de l'éducation nationale et d'Emmanuelle Wargon avec l'ANRU. Nous aurons l'occasion de le voir ensemble dans quelques jours, je l'espère, sur la question du séparatisme.

Vous avez dit également que des policiers semblaient parfois dépassés. Oui, on constate des actes de violence dans notre pays, mais c'est toujours la police qui gagne.

Dans l'affaire Yuriy, les personnes responsables de ces actes ont été arrêtées et sont sous la main de l'autorité judiciaire. Il en est de même dans l'affaire de Besançon, ainsi que dans celle de Valence. Pour ce qui est de Poissy, les policiers, dès le lendemain de l'agression, sont retournés sur le terrain et ont pu interpeller deux personnes.

Oui, les territoires de la République sont parfois attaqués et, bien évidemment, nous devons renforcer les moyens matériels et humains de la police. Nous devons surtout redire que l'autorité est au cœur du pacte républicain et qu'elle doit chaque fois l'emporter, à Trappes comme ailleurs. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

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