Question de M. BLANC Étienne (Rhône - Les Républicains) publiée le 11/02/2021

Question posée en séance publique le 10/02/2021

M. le président. La parole est à M. Étienne Blanc, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Étienne Blanc. Monsieur le ministre de l'intérieur, les chiffres de l'insécurité dans notre pays se dégradent, et il en est un qui inquiète tout particulièrement les Français : celui qui résulte de la constitution de bandes, particulièrement dans les parties urbaines ou périurbaines de notre territoire.

Le chiffre est inquiétant, puisque, au cours de l'année 2020, les agressions commises par ces bandes ont augmenté de l'ordre de 25 %, et ce sont 350 batailles qu'elles se sont livrées.

Ces chiffres inquiètent les Français, dans la mesure où ces bandes sont souvent constituées de mineurs, d'adolescents qui n'ont plus aucun repère moral. La violence des actes qu'ils commettent sous les caméras est là pour le démontrer.

C'est aussi inquiétant parce que, on le sait, ces bandes sont en connexion avec des réseaux divers : stupéfiants, armes ou prostitution. C'est enfin terriblement inquiétant parce qu'elles savent aujourd'hui utiliser les réseaux sociaux, notamment le darknet, pour se constituer, agir et, ensuite, se dissoudre.

Face à ce phénomène, il faut bien avouer que l'on ne voit pas la politique spécifique que le Gouvernement entend mener. On a même parfois le sentiment qu'il est un peu fataliste, nonchalant et passif devant l'importance du phénomène…

Monsieur le ministre de l'intérieur, il s'agit d'une délinquance spécifique, qui doit appeler des politiques qui le sont tout autant. Pouvez-vous aujourd'hui nous dire quelle politique spécifique vous entendez mettre en œuvre pour lutter contre ce phénomène particulièrement inquiétant ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 11/02/2021

Réponse apportée en séance publique le 10/02/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Blanc, sur la question très inquiétante des bandes, vous avez tout à fait raison : à peu près soixante-dix bandes sont recensées, dont 95 % sur la « plaque » parisienne. Le drame de l'affaire Yuriy vient illustrer l'ampleur du phénomène. Je voudrais ici dire à quel point, en cette occasion, les services de police ont été – chacun l'a remarqu頖 rapides et efficaces dans leurs interventions. Je les en remercie.

Il n'est pas tout à fait vrai, cependant, monsieur le sénateur, que les chiffres de la délinquance sont mauvais. Vous l'avez indiqué, ils le sont en zone gendarmerie – j'ai répondu à une question sur ce point ici même voilà quinze jours –, mais ils s'améliorent fortement dans les grandes villes de France, à l'exception – c'est, cette fois, tout à fait vrai – de quelques centres-villes que vous connaissez bien, pour être élu dans l'un d'entre eux.

Lutter contre les bandes, c'est d'abord lutter contre les nouvelles technologies. Chacun doit comprendre ici – je m'adresse aux parlementaires de la Nation – que, si les écoutes téléphoniques, par exemple, aident à lutter contre la délinquance d'hier, les réseaux sociaux comme WhatsApp, Telegram, Signal, ne sont pas dans le scope du ministère de l'intérieur. Il faut que le Parlement réfléchisse à cette question et c'est dans cette perspective que nous vous proposerons – les textes arriveront dans quelques semaines désormais – de modifier la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, dite SILT, et la loi relative au renseignement.

C'est aussi lutter avec des images plus performantes. Plus personne ne doute que les caméras de vidéoprotection sont efficaces et qu'elles permettent de résoudre un certain nombre de conflits, voire de les prévenir. Reste que, aujourd'hui, ce sont les drones qui fonctionnent : ils permettent d'intervenir plus rapidement et de suivre des phénomènes de bande tels que ceux que vous avez évoqués.

C'est justement ce que nous proposons dans le cadre du projet de loi relatif à la sécurité globale, que vous aurez bientôt à examiner – je salue le sénateur Hervé, qui s'occupe particulièrement de ce texte pour le Sénat – : donner à l'État, au ministère de l'intérieur, les moyens de suivre et de superviser ces bandes et améliorer les moyens dont il dispose déjà.

La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) a donné un avis négatif sur le vol de drones. Nous attendons le vote du Sénat pour reprendre cette surveillance, car personne n'imagine pouvoir lutter contre les violences commises par ces bandes sans les drones.

Il s'agit souvent de très jeunes enfants, monsieur le sénateur : 12 ans, 13 ans, 14 ans. On peut en vouloir au ministère de l'intérieur ; on peut aussi se dire que c'est le travail des parents. (Mme Frédérique Puissat applaudit.)

M. le président. La parole est à M. Étienne Blanc, pour la réplique.

M. Étienne Blanc. La réponse à ce phénomène doit être coordonnée. Elle doit articuler les différents points que vous avez soulevés.

Le Sénat sera évidemment extrêmement attentif à ce que vous proposerez, monsieur le ministre, sachant que le dérapage auquel nous assistons, notamment dans nos grandes métropoles, inquiète profondément les habitants de nos villes. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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