Question de M. BAZIN Arnaud (Val-d'Oise - Les Républicains) publiée le 11/02/2021

Question posée en séance publique le 10/02/2021

M. le président. La parole est à M. Arnaud Bazin, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Arnaud Bazin. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Le week-end dernier, une énième zone à défendre, une ZAD, s'est une nouvelle fois installée en toute illégalité sur des terrains appartenant à l'État, à savoir des emprises dédiées à l'aménagement de la ZAC, la zone d'aménagement concerté, du triangle de Gonesse, dans le Val-d'Oise.

Sur ce secteur devait s'implanter le projet EuropaCity, sacrifié à l'automne 2019 par le Président de la République et le gouvernement de l'époque, dans un mauvais remake de Notre-Dame-des-Landes.

M. Michel Savin. Eh oui !

M. Arnaud Bazin. Plus de dix ans de promesses, autant d'années de travail et d'investissements avaient alors été reniés, ainsi que d'importantes perspectives de développement et d'emplois pour ce territoire oublié de la République.

Désolante rengaine, mais cruelle réalité : malgré ce reniement lourd de conséquences pour la crédibilité de la parole publique et la confiance des investisseurs, Mme Borne avait tenu à réitérer son engagement de mener à bien « la desserte du territoire prévue par la ligne 17 du métro du Grand Paris » et à encourager les parties prenantes à se mobiliser de nouveau pour un autre projet de développement.

Pourtant, malgré cette décision prise sous l'empire d'une vision malthusienne de l'écologie, dont je déplore qu'elle ait tant infiltré l'État, les opposants n'ont pas désarmé. Au contraire, puisque, aujourd'hui, une fois encore, ils défient ouvertement l'autorité de l'État.

Désormais, ils s'en prennent aux chantiers de la ligne 17 tout entière, en bloquant le puits du tunnelier. Ils prétextent un vague projet de jardinage périurbain présenté comme une solution de substitution. Ils ne voulaient pas d'un Disneyland pour consommateurs payé par le grand capital, mais ils veulent bien d'un Disneyland de la courgette pour bobos, payé par les contribuables. (Sourires et applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)

Monsieur le Premier ministre, ferez-vous respecter l'autorité de l'État en évacuant ces délinquants ? Garantissez-vous le bon déroulement des travaux de la ligne 17 ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de la transition écologique publiée le 11/02/2021

Réponse apportée en séance publique le 10/02/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre de la transition écologique. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique. Monsieur le sénateur, vous avez raison, le Val-d'Oise est un territoire dont les enjeux soulèvent des questions structurantes en matière d'aménagement du territoire. Nous devons collectivement être en mesure d'apporter des réponses de bon sens, qui concilient le développement économique et les enjeux écologiques.

Sur le fond, je puis comprendre que des militants souhaitent lutter contre l'artificialisation des terres. Simplement, je pense que la méthode n'est pas la bonne et je les engage à lever ce blocage, qui pénalise l'ensemble du chantier de la ligne du Grand Paris Express, chantier dont le calendrier restera inchangé.

M. Laurent Duplomb. Il faut les mettre dehors !

M. Michel Savin. Envoyez les CRS !

Mme Barbara Pompili, ministre. Pour ce qui concerne les moyens de poursuivre le développement économique et le désenclavement en matière de transport de cette zone populaire de l'est du Val-d'Oise, j'ai la conviction que l'écologie n'est en aucun cas un frein. C'est un accélérateur du développement économique, et nous ne devons pas mettre en opposition ces deux aspects.

L'abandon d'EuropaCity a été décidé par le précédent gouvernement. Il s'inscrit dans une logique conforme à celle du projet de loi que j'ai présenté en conseil des ministres ce matin et qui permettra de lutter contre l'artificialisation des terres, celle-ci étant responsable, vous le savez bien sur vos territoires, de nombreuses aggravations des effets du changement climatique.

M. Laurent Duplomb. Bien sûr ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Barbara Pompili, ministre. Dans ce cadre, le préfet du département a formulé des propositions intéressantes, que nous allons étudier de près.

M. Michel Savin. C'est cela, réunissez un groupe de travail ou une commission ! (Mêmes mouvements.)

Mme Barbara Pompili, ministre. Nous n'écartons aucun scénario, y compris ceux qui permettent d'éviter d'artificialiser les rares terres agricoles de cette partie de l'Île-de-France.

Bien entendu, je suis tout à fait disposée à rencontrer les parlementaires, les élus locaux, les acteurs associatifs et les citoyens du territoire, afin de définir, ensemble, les meilleures solutions pour désenclaver et développer cette partie du Val-d'Oise, qui a besoin de perspectives et de soutien.

Mme Frédérique Puissat. Ce n'est pas la question !

Mme Barbara Pompili, ministre. Vous aurez le soutien du Gouvernement pour trouver les bonnes voies de développement de ce territoire, en associant l'ensemble des acteurs.

M. le président. La parole est à M. Arnaud Bazin, pour la réplique.

M. Arnaud Bazin. J'avais demandé à M. le Premier ministre de nous rassurer sur sa volonté d'expulser et j'ai entendu Mme la ministre Barbara Pompili demander gentiment aux délinquants de partir tranquillement. Je suis rassuré ! (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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