Question de Mme SOLLOGOUB Nadia (Nièvre - UC) publiée le 23/05/2019

Mme Nadia Sollogoub attire l'attention de Mme la ministre du travail sur les initiatives publiques locales destinées à faciliter la mise en formation professionnelle des jeunes.

Le diplôme demeure une arme essentielle dans l'univers professionnel, que ce soit pour entrer sur le marché du travail ou pour y progresser ensuite. Les jeunes actifs (15-29 ans) sans qualifications sont les plus exposés au chômage. Leur taux de chômage est le plus fort (39,2 %). Avec l'âge, le fait de ne pas avoir de diplôme continue d'être déterminant : 19,6 % des 30-49 ans dans ce cas sont au chômage, 11 % après 50 ans, des taux bien plus hauts que pour ceux qui disposent de diplômes plus élevés, dans chaque catégorie d'âge. La situation est très difficile pour ceux qui sortent du système scolaire sans qualification, surtout dans un pays comme la France qui survalorise le diplôme au détriment de l'expérience.

En milieu rural éloigné des centres urbains où se concentre l'essentiel des établissements d'enseignement professionnel, la faible mobilité des personnes concernées liée à la rareté de l'offre de transports collectifs et au coût d'obtention du permis de conduire, sans compter celui de l'acquisition d'un véhicule, aggrave la situation. Les quelques centres de formation des apprentis ou les lycées professionnels présents dans la ruralité manquent d'internats, de dessertes de transports et doivent redoubler d'ingéniosité pour faciliter l'accès à leur établissement. En complément des aides à la personne (transports, hébergement et restauration) consenties par les conseils régionaux, les communes ou les intercommunalités interviennent souvent à leurs frais pour organiser les liaisons avec les gares routières et ferroviaires les plus proches, ou trouver des solutions d'hébergement de proximité. L'apport de ces interventions, « facultatives » mais animées de la volonté d'appuyer les établissements et d'offrir davantage de chances aux jeunes ruraux mériteraient d'être évaluées et soutenues financièrement par l'État en tenant compte de la contribution ainsi rendue à la mobilisation pour l'emploi.

Elle lui demande si le Gouvernement envisage de prendre en compte l'intérêt de ces initiatives publiques locales pour la mise en formation des jeunes et de les rendre éligibles à un soutien financier.

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Transmise au Ministère du travail, de l'emploi et de l'insertion


Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion - Insertion publiée le 22/07/2020

Réponse apportée en séance publique le 21/07/2020

M. le président. La parole est à Mme Nadia Sollogoub, auteur de la question n° 808, adressée à Mme la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion.

Mme Nadia Sollogoub. Je souhaitais attirer l'attention de Mme la ministre du travail sur les initiatives publiques locales destinées à faciliter la mise en œuvre de la formation professionnelle des jeunes.

En milieu rural éloigné des centres urbains, où se concentre l'essentiel des établissements d'enseignement professionnel, la faible mobilité des personnes concernées liée à la rareté de l'offre de transports collectifs et au coût d'obtention du permis de conduire, sans compter celui de l'acquisition d'un véhicule, aggrave la situation. Les quelques centres de formation des apprentis ou les lycées professionnels présents dans la ruralité manquent d'internats et de dessertes de transports et doivent redoubler d'ingéniosité pour faciliter l'accès à leur établissement.

En complément des aides à la personne – transports, hébergement et restauration – consenties par les conseils régionaux, les communes ou les intercommunalités interviennent souvent à leurs frais pour organiser les liaisons avec les gares routières et ferroviaires les plus proches, ou trouver des solutions d'hébergement de proximité. Ces interventions, « facultatives », mais animées de la volonté d'appuyer les établissements et d'offrir davantage de chances aux jeunes ruraux, mériteraient d'être évaluées et soutenues financièrement par l'État.

Le Gouvernement envisage-t-il de prendre en compte l'intérêt de ces initiatives publiques locales pour la mise en formation des jeunes et de les rendre éligibles à un soutien financier ?

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Brigitte Klinkert, ministre déléguée auprès de la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion, chargée de l'insertion. Madame la sénatrice Nadia Sollogoub, je vous remercie de votre question.

Vous avez tout à fait raison, la question de la formation est essentielle lorsque l'on parle de l'insertion des jeunes.

Vous l'avez rappelé, les jeunes sans qualification ont le plus fort taux de chômage de la population française. Cependant, le Gouvernement n'a pas attendu la crise pour agir en faveur de leur formation. Je pense tout d'abord au Plan d'investissement dans les compétences, le PIC : 13,8 milliards d'euros sur le quinquennat pour former 1 million de jeunes et 1 million de demandeurs d'emploi, ce n'est pas rien !

Je pense aussi à l'apprentissage, qui a été réformé en 2018, afin de le rendre plus simple et lui redonner l'attractivité qu'il mérite pour les jeunes et les entreprises.

En 2019, nous avons constaté une augmentation sans précédent du nombre de contrats d'apprentissage, avec une croissance à deux chiffres, notamment dans le secteur du BTP : +13 % de contrats d'apprentissage.

Sur le permis de conduire, une aide a été mise en place dans le cadre de la réforme, et a permis l'utilisation du compte personnel de formation, le CPF, pour le financer. Nous savons à quel point c'est un élément clé de l'employabilité et de l'insertion.

La mise en place du service public de l'insertion et de l'emploi, le SPIE, est l'un de mes objectifs prioritaires. Je vais d'ailleurs me rendre prochainement dans les 14 départements expérimentateurs.

Ma méthode est celle d'une élue locale : aller sur le terrain et prendre en compte les spécificités de chaque territoire. C'est notamment dans ce cadre que des réponses seront apportées aux problématiques du logement et de la mobilité des jeunes que vous mentionnez.

Enfin, face à la crise, le Gouvernement a annoncé un plan pour l'emploi des jeunes. Il comportera un soutien à l'embauche à hauteur de 4 000 euros pour un contrat long ; un plan de relance de l'apprentissage, avec une prime de 5 000 euros pour les moins de 18 ans et de 8 000 euros pour les plus de 18 ans ; 300 000 contrats et parcours d'insertion pour les plus éloignés de l'emploi ; enfin, 100 000 services civiques supplémentaires, pour permettre aux jeunes de s'engager dans des missions utiles à la société.

Madame la sénatrice, le Gouvernement n'a qu'un objectif : pas un jeune sans solution en septembre ! Nous y veillerons, nous nous y engageons. La situation l'exige et nous serons à la hauteur.

M. le président. La parole est à Mme Nadia Sollogoub, pour la réplique.

Mme Nadia Sollogoub. Madame la ministre, si l'on s'adresse aux jeunes et à leurs familles, on comprend vite que les freins à l'apprentissage sont, outre la difficulté à trouver des stages et des maîtres d'apprentissage, des problèmes pratico-pratiques liés au transport et au logement.

Les aides financières sont une chose… Mais que faire d'un bon de transport lorsqu'il n'y a pas de transport public ?

Pour cette raison, certains maires – j'ai en tête l'exemple de la commune de Varzy, dans la Nièvre – veillent à mettre en place une navette communale pour emmener les jeunes à la gare le vendredi soir et les ramener le lundi matin, ce qui représente plusieurs dizaines de kilomètres et, bien entendu, une charge financière. D'autres recensent les chambres chez l'habitant ou ont des projets d'aménagement de bâtiments communaux pour y faire des studios destinés spécifiquement aux apprentis.

Néanmoins, ces élus ne sont pas soutenus financièrement pour ces projets. Ils mettent pourtant en place des services indispensables mais invisibles, semble-t-il, aux yeux de l'État.

À l'heure où nous venons de voter une aide exceptionnelle et conséquente pour l'apprentissage, et dans le cadre d'une réflexion globale pour soutenir celui-ci, il ne faudrait pas oublier les élus locaux, qui sont bien souvent le maillon final d'une chaîne dont chaque élément est indispensable.

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