Question de M. MIZZON Jean-Marie (Moselle - UC) publiée le 06/12/2018

M. Jean-Marie Mizzon attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur l'apprentissage de la langue allemande notamment dans les collèges et lycées de Moselle. Dans ce territoire, les chiffres – fournis par le ministère de l'éducation nationale - sont particulièrement impressionnants. En effet, 100% des collèges mosellans proposent l'enseignement de l'allemand tandis que 94 % des collèges offrent une section bilangue anglais/allemand (85 collèges sur 90, soit 12 de plus qu'à la rentrée 2016). Enfin, 68 % des collèges offrent une LV1 allemand dès la 6ème ou en 5ème après une 6ème bilangue. Au total, en Moselle, collèges et lycées confondus, ce sont aujourd'hui 65 % des élèves qui suivent un enseignement de l'allemand. Il est vrai, que, dans le cadre de sa politique de développement de l'enseignement des langues vivantes, le ministère de l'éducation nationale a fait de l'enseignement de l'allemand l'une de ses priorités. Dans le cas de la Moselle, l'importance accordée à cet idiome s'explique aussi par une situation géographique particulière puisque la région partage une frontière avec l'Allemagne, un voisin particulièrement performant et attractif au plan économique pour nombre de Mosellans toutes générations confondues. Or, contre toute attente, l'allemand, au sortir du collège ou du lycée, y est très peu maîtrisé. Rares sont, effectivement aujourd'hui, les Mosellans capables de s'exprimer avec aisance et à fortiori couramment dans cette langue : cela alors même que l'Allemagne recherche les compétences de jeunes diplômés européens, toutes disciplines confondues, et pourrait procéder à nombre d'embauches de jeunes Mosellans, si proches, si seulement cette barrière de la langue n'existait pas. Aussi, afin de mettre un terme à une situation des plus dommageables pour l'emploi des jeunes mosellans, il demande si le ministère de l'éducation nationale pouvait envisager de mettre en place une politique ambitieuse de coopération liant les établissements mosellans et allemands afin de mettre en place des échanges réguliers d'élèves, seuls capables de produire un bilinguisme actif.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 25/04/2019

Depuis la signature du traité de l'Élysée le 22 janvier 1963, l'apprentissage de la langue du partenaire est au cœur de la coopération franco-allemande. Dans les deux pays, un incontestable volontarisme politique et budgétaire a favorisé cet apprentissage. En janvier 2003, la Déclaration commune signée par le Président de la République française et le chancelier de la République fédérale d'Allemagne à l'occasion du 40ème anniversaire du Traité de l'Élysée soulignait la nécessité de favoriser l'acquisition de la langue du partenaire afin que les jeunes Français et Allemands trouvent en leurs deux pays « un cadre unique pour l'accomplissement de leurs études et l'exercice de leur profession ». En France, depuis la rentrée 2016, l'apprentissage de la langue vivante débute dès le cours préparatoire à raison de 54 heures annuelles. L'objectif visé est d'augmenter l'exposition des élèves à la langue vivante. Le rapport rendu au ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse par Chantal Manès et Alex Taylor le 12 septembre 2018, « Propositions pour une meilleure maîtrise des langues vivantes étrangères » confirme, en s'appuyant sur les résultats de recherches en sciences cognitives, la nécessité de débuter l'apprentissage des langues dès l'école primaire. Par ailleurs, il s'agit de diversifier l'offre de langues en proposant notamment l'enseignement de l'allemand dès le CP. Les classes bilangues anglais-allemand à la rentrée 2018 en classe de sixième comprenaient 85 374 élèves, soit plus de la moitié des élèves concernés par ce dispositif. Concernant les performances des élèves français, mesuré en fin de collège en 2016, dans le cadre du cycle des évaluations disciplinaires réalisées sur échantillon (Cèdre) de la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance, le niveau des acquis des élèves de troisième, en allemand, est stable en compréhension de l'oral depuis six ans. Il est en hausse significative en compréhension de l'écrit. Les élèves obtiennent également de meilleurs résultats en expression écrite. L'académie de Nancy-Metz développe de nombreux projets transfrontaliers. À titre d'exemple, le Prix franco-allemand de la chancellerie, créé en 2016, est le fruit d'un partenariat entre cette académie, l'Université de Lorraine et le Goethe-Institut de Nancy. Il vise à souligner une relation franco-allemande fondée sur l'amitié, se développant dans la durée, avec la responsabilité d'agir pour un avenir européen. L'académie de Nancy-Metz et la Sarre sont également des pionniers en matière de coopération transfrontalière. Ils innovent et créent des synergies depuis de nombreuses années : échanges d'élèves, de professeurs, formations innovantes, double-diplômes, etc. À ce jour, plus de 80 établissements scolaires de l'académie ont un partenariat avec un établissement sarrois. Les deux entités régionales souhaitent aujourd'hui renforcer encore davantage leur coopération et leurs échanges. Dans le nouveau traité franco-allemand signé le 22 janvier dernier à Aix-la-Chapelle, le projet de feuille de route précise qu'en termes de coopération éducative, la France et l'Allemagne augmenteront les programmes de mobilité et d'échanges, particulièrement pour les jeunes citoyens et dans le cadre de l'Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ) et se fixeront des objectifs chiffrés dans ces domaines. Afin d'encourager des liens toujours plus étroits en matière d'expression culturelle, en s'appuyant sur des instituts culturels intégrés, ils mettront en place des programmes spécifiques et une plate-forme numérique visant plus particulièrement les jeunes. En outre, en matière d'éducation, les pays partenaires se sont engagés à développer les certifications (Deutsches Sprachdiplom der KMK et Diplôme d'études en langue française). De même, ont été envisagées des saisons académiques croisées Académies-Länder : « année de l'allemand » ; « année du français et des cultures francophones ». Pour consolider les parcours de mobilité et l'employabilité, la reconnaissance générale de l'Abibac auprès des universités et des portails en ligne ainsi que la reconnaissance du baccalauréat et de l'Abitur dans le cadre de l'espace européen de l'éducation font partie des objectifs fixés par le traité. Enfin, l'augmentation des partenariats et des appariements entre établissements ainsi que la consolidation du programme FranceMobil - Mobiklasse.de constituent des vecteurs de la coopération entre les deux pays. Ainsi, les parcours de continuité et les différents programmes de mobilité développés, notamment par l'OFAJ, et très largement portés par les équipes des établissements scolaires, confortent la place de l'enseignement de l'allemand dans le système scolaire français. Ils augurent des perspectives intéressantes pour les années à venir, particulièrement en ce qui concerne la mobilité. En outre, les sections spécifiques binationales et internationales, auxquels l'Allemagne et la France sont très attachées, favorisent le rayonnement de la langue allemande en France et contribuent à former des élèves germanophiles, fiers de parler allemand à l'école, au collège puis au lycée et sensibles à la culture du pays ami.

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