Question de M. MARCHAND Frédéric (Nord - LaREM) publiée le 01/11/2018

M. Frédéric Marchand attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation au sujet des décrocheurs en sections techniques supérieures.

L'échec à l'université est une préoccupation centrale des politiques éducatives depuis plus d'une décennie. Avec raison puisque la sortie sans diplôme de l'université concerne environ 50 000 jeunes par an.

L'échec en premier cycle universitaire focalise l'attention dans le débat public au détriment des décrocheurs en sections techniques supérieures (STS) dont la part, après une inscription, est aussi voire plus importante que celle des étudiants inscrits à l'université.

Les sorties sans diplômes concernent principalement les bacheliers professionnels, dont l'accès aux STS est encouragé depuis la loi n° 2013-660 du 22 juillet 2013 relative à l'enseignement supérieur et à la recherche.

Contrairement aux instituts universitaires de technologie (IUT) qui constituent un chemin possible vers les études longues et attirent des profils scolaires et sociaux intermédiaires, les STS débouchent moins fréquemment sur des poursuites d'études et concernent davantage les élèves d'origine populaire et les détenteurs de baccalauréats technologiques ou professionnels.

Cette moindre visibilité est sûrement due au fait que les STS bénéficiaient auparavant d'un meilleur accès à l'emploi, or cet avantage a disparu pour les sortants de la génération 2010.

Environ 80 000 jeunes ont quitté l'enseignement supérieur sans diplôme en 2010 : 90 % d'entre eux étaient issus de STS (22 000) ou de l'université (49 000). L'abandon des études supérieures apparaît comme un phénomène assez massif au sein de ces deux filières de l'enseignement supérieur court, contrairement aux autres filières où il reste marginal.

Les études des déterminants individuels de l'abandon ont montré que les hommes, les bacheliers technologiques et plus encore les bacheliers professionnels, les jeunes issus de milieu populaire, ainsi que ceux qui ont subi une orientation contrainte, ont davantage de risque de décrocher.

Selon une étude du centre d'études et de recherches sur les qualifications (CÉREQ), les sortants sans diplôme ont un profil social et scolaire modeste. Ce sont les représentants de cet autre enseignement supérieur peuplé de bacheliers professionnels et technologiques et de jeunes issus de milieu populaire. Ainsi, au sein de la génération 2010, les non-diplômés de STS ont majoritairement quitté leur formation en année terminale.

Par ailleurs, les jeunes quittant les STS sans diplôme reprennent moins souvent des études par la suite que leurs homologues sortant de l'université. En effet, au sein de la génération 2010, un décrocheur de STS sur dix a accompli cette démarche durant les cinq années suivant sa sortie contre un décrocheur sur quatre issus de l'université.

Plus problématique, pour tous les jeunes de la génération 2010, l'accès à l'emploi a été plus difficile que pour ceux des générations précédentes. Parmi les non-diplômés du supérieur, les jeunes sortis de STS sont les plus touchés et ont passé, en moyenne, deux fois plus de temps au chômage au cours de leurs cinq premières années de vie active que leurs homologues de la génération 1998 soit treize mois contre six.

Diverses études montrent la dégradation de la réussite des STS tant au niveau de l'acquisition du diplôme que de l'entrée sur le marché du travail. Il lui demande quelles mesures sont envisagées par le Gouvernement pour éviter le décrochage en STS et rendre à ces dernières leur attractivité et leur efficacité.

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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 23/05/2019

Présentée le 30 octobre 2017 par le Gouvernement dans le cadre du Plan étudiants, la réforme du premier cycle de l'enseignement supérieur a pour objectif de renforcer l'information et l'orientation des bacheliers, l'accompagnement pédagogique et la personnalisation des parcours de formation. En ce qui concerne l'admission en formation, l'objectif est notamment d'orienter de plus en plus de titulaires d'un baccalauréat professionnel vers les sections de technicien supérieur (STS) afin d'améliorer leurs chances de réussite dans des filières correspondant le mieux à leurs compétences et leurs aspirations. La loi n° 2018-166 du 8 mars 2018 relative à l'orientation et à la réussite des étudiants garantit la cohérence entre les acquis de la formation antérieure du candidat et les caractéristiques de la formation demandée. Parmi celles-ci, les connaissances et compétences attendues pour la réussite dans chacune des formations conduisant à un diplôme national, dont le BTS, font l'objet d'un cadrage national arrêté par le ministre chargé de l'enseignement supérieur et mis en ligne sur la plateforme Parcoursup (arrêté du 9 mars 2018). Par ailleurs, une expérimentation, d'une durée de trois ans, a été engagée à la rentrée scolaire 2017 visant à faciliter l'accès des nouveaux bacheliers professionnels qui souhaitent poursuivre leurs études en STS (décret n° 2017-515 du 10 avril 2017 portant expérimentation de modalités d'admission dans une section de techniciens supérieurs pour les titulaires d'un baccalauréat professionnel). Outre l'amélioration de la poursuite d'études des bacheliers professionnels en favorisant leur accès en STS, la première année d'expérimentation a permis de constater le développement d'un meilleur accompagnement de ces élèves au sein du lycée pour préparer l'accès à l'enseignement supérieur, ainsi que des échanges renforcés entre équipes des classes de terminales et des STS. Un nouveau dispositif spécifique leur est également proposé, depuis la rentrée 2018, pour l'accès en STS : la classe passerelle. Commune au ministère de l'éducation nationale et au ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, la circulaire n° 2018-089 du 18 juillet 2018 relative à l'organisation de classes passerelles (CP) vers les STS fixe comme objectif de consolider les savoirs et compétences des bacheliers professionnels, et, s'ils poursuivent en STS, d'augmenter le taux de passage de 1ère en 2e année de STS et de limiter le décrochage au cours de la 1ère année de STS. 2000 places supplémentaires en classes passerelles ont été ouvertes au niveau national à la rentrée 2018 et réparties entre les académies en fonction des besoins constatés à cet égard.  Enfin, la réforme du 1er cycle de l'enseignement supérieur se poursuit actuellement avec une réflexion sur les cursus du BTS, du DUT, de la licence professionnelle ainsi que de la licence autour de la question de la professionnalisation du premier cycle de l'enseignement supérieur. Dans ce cadre, outre l'attractivité, la cohérence et la personnalisation des parcours de formation, il s'agit également de répondre à un enjeu de lisibilité de ces formations au regard des besoins des entreprises garantissant une insertion professionnelle en fin de premier cycle et renforçant ainsi son attractivité et la réussite de ceux qui s'y engagent.

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