Question de M. KAROUTCHI Roger (Hauts-de-Seine - Les Républicains) publiée le 11/10/2018

M. Roger Karoutchi interroge M. le Premier ministre, qui a assuré en octobre 2018 par intérim les fonctions ministre de l'intérieur par intérim, sur les propos tenus par son prédécesseur dans ces fonctions lors de la cérémonie de passation des pouvoirs le mercredi 3 octobre 2018.

Celui-ci a déclaré que la situation était « très dégradée » dans les quartiers, où « les narcotrafiquants ont pris la place de la République ». Il s'inquiétait ainsi que tout cela « devienne demain ingérable ».

Il aimerait connaître la liste de ces territoires oubliés de la République et les décisions qu'il compte prendre pour remédier à ce contexte que le précédent ministre de l'intérieur pourrait décrire comme explosif.

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Réponse du Premier ministre publiée le 01/11/2018

Les propos de M. Gérard Collomb visaient à rappeler l'insécurité profonde qui mine les quartiers, liée notamment à la drogue, mais aussi les problèmes de communautarisme, et par suite l'importance pour l'État et tous les acteurs concernés de se mobiliser. Il convient de rappeler à cette occasion que le président de la République a fait de la sécurité un des enjeux fondamentaux du quinquennat et que le Gouvernement mobilise tous les moyens nécessaires pour répondre aux défis que doit affronter la République. Tout d'abord, les moyens humains et matériels sont renforcés : ainsi, 10 000 postes seront créés au sein de la police nationale et de la gendarmerie nationale durant le quinquennat. En outre, d'importants moyens financiers sont engagés, avec par exemple une hausse de 2 % des crédits consacrés à la police nationale en 2018. En 2019 encore, les crédits des forces de sécurité augmenteront de 2,6 % par rapport à 2018. Si l'efficacité des forces de sécurité intérieure de l'État repose sur des moyens confortés, elle suppose également des transformations en profondeur. Tel est le sens des nouvelles structures territoriales de coordination de la lutte contre la criminalité organisée et l'économie souterraine, co-pilotées par les préfets et les procureurs de la République. Tel est le sens de la stratégie nationale de la police de sécurité du quotidien (PSQ) déployée prioritairement dans les quartiers de reconquête républicaine (QRR). Ces mesures fortes impliquent un partenariat renouvelé avec les acteurs locaux de la sécurité, notamment les polices municipales, dans le cadre d'un continuum de sécurité globale. L'action interministérielle sur les quartiers identifiés comme prioritaires dans le cadre de la politique de la ville et de la PSQ a officiellement été lancée le 18 septembre 2018 à Matignon et a été suivie d'un déplacement du ministre de l'intérieur pour lancer les quinze premiers quartiers de reconquête républicaine. Une seconde vague de quinze QRR sera mise en place d'ici l'été 2019 et les trente autres d'ici fin 2020. Ainsi, 300 policiers supplémentaires seront déployés d'ici décembre dans les quinze quartiers de la première vague, et au total ce sont 1 300 policiers supplémentaires qui seront affectés dans les QRR d'ici 2020. De plus, parmi les axes d'intervention prioritaires en matière de sécurité, figure une lutte accentuée contre l'économie souterraine et plus particulièrement les trafics de stupéfiants. La méthode dite de « pilotage renforcé », expérimentée à Marseille à partir de 2015, puis développée depuis dans d'autres grandes agglomérations, qui produit des résultats probants, se met en œuvre dans l'ensemble des quartiers identifiés. Elle s'appuie sur le décloisonnement du renseignement criminel entre les différents services de police (au sein de cellules de renseignement opérationnel sur les stupéfiants – CROSS) pour mieux démanteler les réseaux. Dans ces quartiers, préfets et procureurs auront comme outil de coordination les cellules de lutte contre les trafics (CLCT) spécialement créées pour démanteler les réseaux et les points de « deal ». Comme en témoigne ces quelques exemples, sur le plan sécuritaire, la détermination de l'État à faire respecter partout la loi de la République est totale. L'État est tout aussi déterminé dans sa volonté de réintroduire les principes et les vertus de la République là où ils se sont délités.

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