Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 04/10/2018

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur une bactérie multirésistante qui se propage dans les hôpitaux du monde entier.
Dans un article de la revue Nature Microbiology, publié le 3 septembre 2018, des chercheurs australiens alertent sur les dangers que représente la bactérie Staphylococcus epidermidis. En effet, si cette bactérie est communément présente sur une peau saine, certaines de ses souches, ayant légèrement modifié leur ADN, sont devenues résistantes aux antibiotiques couramment utilisés dans les hôpitaux et peuvent provoquer des infections cutanées, nasales ou urinaires potentiellement incurables. Trois variantes en ont été retrouvées dans des échantillons provenant de 96 établissements de 24 pays, incluant des souches d'Europe. Elles touchent en priorité les patients aux défenses immunitaires affaiblies ou ceux porteurs de dispositifs implantés, tels que des cathéters, des valves cardiaques ou des prothèses articulaires.
En conséquence, il lui demande ce qui peut être envisagé pour lutter contre cette bactérie que les scientifiques australiens qualifient de « redoutable pathogène nosocomial ».

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 17/01/2019

Le ministère chargé de la santé a bien été informé de la propagation de la bactérie Staphylococcus epidermidis dans les hôpitaux et a été destinataire de l'évaluation de risque concernant cette bactérie réalisée en novembre 2018 par l'European centre for disease prevention and control (ECDC). En France, une enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales et des traitements anti-infectieux en établissement de santé, réalisée en 2017 par Santé Publique France sur un échantillon de 403 établissements de santé (80 988 patients) indique, effectivement, que, sur l'ensemble des micro-organismes isolés des infections nosocomiales (4 232), la bactérie Staphylococcus epidermidis a été identifiée 251 fois, soit 5,39 % de l'ensemble des prélèvements positifs et la prévalence chez les patients infectés est de 0,25 %. Afin de prévenir ces infections et donc d'éviter la propagation de Staphylococcus epidermidis, notamment les souches résistantes chez les patients aux défenses immunitaires affaiblies ou ceux porteurs de dispositifs implantés, des pratiques d'hygiène rigoureuses doivent être mises en œuvre lors de la pose des dispositifs de cathéters ou de prothèses. Une prescription raisonnée d'antibiotiques permettra de contrôler la résistance de Staphylococcus epidermidis aux antibiotiques de première ligne. Dans le dispositif de prévention des infections associées aux soins existant à chaque échelon (national, régional et local), les Centres d'appui à la prévention des infections associées aux soins (CPIAS), ont été alertés au niveau régional par le ministère des solidarités et de la santé et par Santé Publique France afin de sensibiliser les professionnels de santé. Au niveau national, cinq missions nationales de surveillance et de prévention des infections associées aux soins, pilotées par des CPIAS sélectionnés, pour la période 2018-2023, ont été mises en œuvre sous l'égide de Santé publique France. La surveillance de la bactérie Staphylococcus epidermidis est bien inscrite dans ces missions nationales. Une vigilance sur l'émergence de cette bactérie est donc renforcée à tous les niveaux ainsi que la sensibilisation des professionnels de santé.

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