Question de Mme PUISSAT Frédérique (Isère - Les Républicains) publiée le 31/10/2018

Question posée en séance publique le 30/10/2018

Mme Frédérique Puissat. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Au risque de décevoir M. le ministre d'État, je ferai preuve de moins d'humour dans ma question…

Le nombre de demandeurs d'emploi a encore augmenté au troisième trimestre. Les catégories A, B et C cumulées, 6,6 millions de nos concitoyens sont inscrits à Pôle emploi dont 47 % depuis plus d'un an.

Ce sont 2,8 millions de Français qui sont tombés dans le chômage de longue durée. Difficile de croire qu'il s'agirait d'un chômage volontaire, contrairement à ce que l'on peut parfois entendre. On trouve de la souffrance et des ruptures de vie derrière le chômage.

Cette situation est d'autant plus préoccupante que la France, depuis un an, est le seul pays européen à ne pas voir diminuer le nombre de ses demandeurs d'emploi.

En Espagne, par exemple, le chômage a baissé de 44 % depuis 2014 et continue de décroître. Sur vingt-huit pays européens, la France est vingt-quatrième pour le taux de chômage.

Monsieur le Premier ministre, les chiffres sont têtus et le Président de la République, après dix-huit mois de mandat, ne saurait camper sur une politique qui ne porte pas ses fruits. Pour s'attaquer au chômage, il faut retrouver notre compétitivité économique.

La dépense publique est trop élevée dans notre pays. Or, dans la lignée de votre prédécesseur, vous continuez de la faire croître. C'est pourtant bien cette dépense publique hors norme qui plombe durablement notre capacité à revenir au plein-emploi.

La hauteur de la dépense publique n'obéit à aucune loi universelle et intangible. Elle indique un choix de société, donc un choix politique.

Le Président de la République s'était fixé pour objectif un taux de chômage de 7 % en fin de quinquennat ; nous en sommes aujourd'hui à 9,2 %. Monsieur le Premier ministre, au vu de ces résultats, ne croyez-vous pas qu'il soit temps de changer de cap ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Premier ministre - Relations avec le Parlement publiée le 31/10/2018

Réponse apportée en séance publique le 30/10/2018

M. Marc Fesneau, ministre auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Madame la sénatrice, le chômage de longue durée est un problème auquel le Gouvernement apporte une attention toute particulière. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Je veux d'abord rappeler quelques chiffres : depuis plus d'un an, le taux de chômage de longue durée est passé de 4,3 % à 3,6 % de la population active. La tendance est donc structurellement à la baisse, même si l'on ne peut s'en satisfaire. En effet, comme vous l'avez souligné, le chômage de longue durée concerne environ 47 % des chômeurs en France.

Lutter contre ce type de chômage est un travail difficile. Il faut casser un véritable cercle vicieux : quand on est au chômage depuis plus d'un an, le découragement gagne, les compétences reculent et le sentiment de déclassement progresse. Bien souvent, les employeurs eux-mêmes perçoivent cette situation comme un signal négatif et ne proposent pas d'offres d'emploi, ce qui alimente ces spirales.

Il ne faut pas se tromper, ce problème est d'ordre structurel : même lorsque la croissance repart et que les entreprises cherchent à recruter, une part significative de nos concitoyens ne parvient pas à retrouver un emploi.

À ce problème structurel, nous apportons une réponse structurelle, basée sur les compétences et la qualification.

Le plan d'investissement dans les compétences va ainsi permettre de former 1 million de chômeurs non qualifiés d'ici à la fin du quinquennat, dont beaucoup sont enfermés dans le chômage de longue durée depuis longtemps.

Lutter contre le chômage de longue durée, c'est aussi apporter des réponses innovantes aux personnes les plus en difficulté, notamment les bénéficiaires du RSA.

Pour cette raison, dans le cadre de la stratégie de lutte contre la pauvreté, nous allons mettre en œuvre une garantie d'activité qui permettra d'apporter des réponses adaptées aux situations de chacun.

D'ici à la fin du quinquennat, 100 000 personnes supplémentaires bénéficieront des aides au titre de l'insertion par l'activité économique.

Enfin, ces réponses passeront également par l'appel à projets 100 % inclusion que nous avons lancé et dont les premiers lauréats seront dévoilés dans quelques jours. Là aussi, l'enjeu consiste à trouver des solutions qui prennent en compte la diversité des personnes et des parcours en faisant confiance aux acteurs et aux territoires.

Parce que personne n'est inemployable, nous faisons le pari de l'investissement social. C'est par ces réponses innovantes et par des transformations profondes…

M. le président. Veuillez conclure, monsieur le ministre.

M. Marc Fesneau, ministre. que nous gagnerons le combat contre le chômage de masse et, en particulier, contre le chômage de longue durée. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

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