Question de M. BRISSON Max (Pyrénées-Atlantiques - Les Républicains) publiée le 26/10/2018

Question posée en séance publique le 25/10/2018

M. Max Brisson. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Les événements inadmissibles qui se sont déroulés au lycée Édouard-Branly de Créteil ont débouché sur une libération de la parole des professeurs, au travers de la campagne #PasDeVague.

« Pas de vague », depuis des années, c'est l'injonction adressée à des professeurs bâillonnés par une hiérarchie paralysée par la peur du scandale.

« Pas de vague », c'est la seule réponse donnée aux enseignants confrontés aux incivilités, aux insultes et aux violences.

Il aura fallu la diffusion sur internet d'une vidéo pour que les professeurs commencent à être entendus. Vous qui vous présentez comme le « ministre des professeurs », vous qui parlez d'« école du respect », vous ne pouvez plus tolérer, comme ce fut longtemps prôné, que la parole de l'élève vaille celle du maître, que ce soit uniquement au maître de respecter l'élève, que le concept d'autorité soit relativisé au sein même de l'école.

Désormais, il faut des actes. Quels moyens humains et quel arsenal de sanctions comptez-vous donner aux chefs d'établissement ? Comment comptez-vous agir pour redonner confiance à des professeurs démoralisés et rendre le métier de nouveau attractif ? Allez-vous enfin enterrer une école de pensée qui, de Bourdieu à Meirieu, a fini par affaiblir gravement l'école de la République ? (Protestations sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe communiste républicain citoyen et écologiste. – M. Bruno Retailleau applaudit.)

Monsieur le ministre, depuis que vous êtes arrivé au Gouvernement, la parole a évolué. Mais il est désormais temps que, sur le terrain, les professeurs, les parents, les élèves voient un changement et qu'un terme soit mis à un laxisme qui n'a que trop duré ! (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe Union Centriste.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 26/10/2018

Réponse apportée en séance publique le 25/10/2018

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le sénateur Max Brisson, je vous remercie de cette question sur un sujet extrêmement important.

Les événements de la semaine dernière ont, à juste titre, ému la France entière. Je veux d'abord exprimer ma profonde empathie à l'égard non seulement de la professeur qui en a été victime, mais aussi de l'ensemble des professeurs de France et des personnels de l'éducation nationale. En effet, ils sont trop souvent victimes de faits de violence – en général moins graves que ceux de la semaine dernière, heureusement – et peuvent se sentir insuffisamment soutenus par l'institution et, au-delà, par la communauté nationale.

Lorsque j'ai dit, en prenant mes fonctions, que j'étais le ministre des professeurs, la formule n'était pas forcément très populaire. Aujourd'hui, je pense qu'elle peut faire l'unanimité, parce que tout le pays comprend désormais qu'il faut soutenir les professeurs.

Depuis dix-sept mois, je n'ai pas fait que parler : j'ai également agi. Beaucoup a déjà été accompli. À peine entré en fonctions, j'ai déclaré mon refus du « pas de vague ». Tous les chefs d'établissement, tous les directeurs départementaux en ont tenu compte. Nous avons rétabli l'ordre dans plusieurs établissements : je pense au cas, bien connu, du lycée Joseph-Gallieni de Toulouse, mais ce n'est pas le seul.

Dès mon arrivée au ministère, nous avons créé une cellule dédiée aux questions de sécurité. Cette cellule, dirigée par un préfet, a permis d'intervenir dans les établissements que je viens d'évoquer. Nous tiendrons demain une réunion avec le ministre de l'intérieur, Christophe Castaner, en vue de l'installation du comité stratégique sur la sécurité des établissements. Cette instance nous permettra d'élaborer, avec la ministre de la justice, une démarche en tenant compte de ce qui se passe non seulement dans la classe – toute une série de mesures tendant à conforter l'autorité du professeur seront prises –, mais aussi à l'échelle de l'établissement et autour de celui-ci.

De fait, bien des chantiers doivent encore être ouverts, mais, en un an et demi, nous avons progressé sur le sujet,…

M. Bruno Retailleau. Avec quelles solutions ?

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. … alors que beaucoup de choses n'avaient pas été faites pendant des années. Monsieur le sénateur, en tant qu'inspecteur général de l'éducation nationale, vous savez de quoi je parle !

M. le président. Il faut conclure, monsieur le ministre !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Il est paradoxal que l'on nous reproche aujourd'hui d'avoir insuffisamment avancé en un an et demi, quand rien n'avait été fait auparavant ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)

M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour la réplique.

M. Max Brisson. Monsieur le ministre, pour lutter contre la violence à l'école, nous n'avons pas besoin d'un énième comité stratégique ! Notre école a besoin de professeurs respectés, elle a besoin d'autorité. Incarnez l'autorité, monsieur le ministre, non seulement en paroles, mais aussi en actes ! (Bravo ! et applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)

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