Question de M. DALLIER Philippe (Seine-Saint-Denis - Les Républicains) publiée le 17/10/2018

Question posée en séance publique le 16/10/2018

M. Philippe Dallier. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Le week-end dernier, aux Lilas, en Seine-Saint-Denis, un gamin de treize ans est mort en pleine rue, roué de coups de barre de fer. Bien sûr, nous pensons à lui et à sa famille, mais notre compassion ne le ramènera pas à la vie. J'aimerais que vous vous posiez tous la même question : et si ce gamin avait été le vôtre ? Malgré l'attention que nous portons à l'éducation de nos enfants, si nous vivions dans l'un de ces territoires bientôt perdus de la République, serions-nous à l'abri d'un tel drame ? Je pense que non !

Le nom de ce gamin, Aboubakar, va venir allonger la liste de ces jeunes victimes d'une violence qui devient inouïe, des rivalités entre bandes, parfois pour des peccadilles – c'est le cas ici –, parfois pour le contrôle du trafic de la drogue.

Cette violence ne s'arrête plus aux portes de nos établissements scolaires. Il y a un mois, au lycée Paul-Éluard de Saint-Denis, un gamin a été agressé au couteau et à coups de marteau. Ce n'est plus possible !

Monsieur le Premier ministre, vous avez reçu tous les parlementaires de Seine-Saint-Denis, le 26 septembre dernier. Tous, de droite comme de gauche, avec responsabilité, vous ont dit la même chose. Tous vous ont décrit la même situation.

Monsieur le Premier ministre, vous nous avez écouté réclamer l'égalité républicaine. Nous attendons des mesures fortes en matière d'éducation, de police, de justice.

Monsieur le Premier ministre, vous nous avez écoutés, et nous vous en remercions. Est-ce que vous nous avez entendus ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe Union Centriste.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 17/10/2018

Réponse apportée en séance publique le 16/10/2018

M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Je voudrais tout d'abord revenir sur les faits : samedi 13 octobre, à 18 heures 50, près du centre-ville des Lilas, un enfant est mort. (Murmures sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Catherine Troendlé. On le sait !

M. Christophe Castaner, ministre. Partir des faits, mesdames, messieurs les sénateurs, vaut mieux, à mon sens, que de se complaire dans la parole politique. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) Partir des faits, c'est notamment, plutôt que d'affirmer que cet enfant a été roué de coups de barre de fer, attendre les résultats des enquêtes qui ont été confiées à la police judiciaire et de l'autopsie. Mesdames, messieurs les sénateurs, assumer les faits, c'est regarder la réalité en face, avec toutes les difficultés que vous avez évoquées, monsieur Dallier, c'est-à-dire cette insécurité du quotidien et la présence de bandes organisées.

Dès ce matin, nous nous sommes rendus avec Laurent Nunez aux Lilas. Nous avons rencontré l'ensemble des élus, qui connaissent eux aussi très bien ce territoire. L'ancien maire du Pré-Saint-Gervais a indiqué que cette bagarre, cette guerre entre deux bandes serait née un jour à cause d'une affaire de casquette… C'est cela, la réalité ! (Vives exclamations sur les travées du groupe Les Républicains et du groupe Union Centriste, ainsi que sur des travées du groupe socialiste et républicain et du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)

Mme Éliane Assassi. Un enfant est mort !

M. Christophe Castaner, ministre. La réalité, c'est qu'une violence se déchaîne aujourd'hui sur notre territoire. Il nous faut donc agir à tous les niveaux. Il convient d'abord de mobiliser nos services de renseignement, de connaître la réalité de ces bandes. Il existe aujourd'hui 92 bandes organisées en France, ainsi que d'autres moins organisées,…

M. Rachid Temal. Il faut de l'action !

M. Christophe Castaner, ministre. … qui vivent de trafics. L'année dernière, on a recensé 218 affrontements. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Éliane Assassi. Que fait le Gouvernement ?

M. Christophe Castaner, ministre. La deuxième réponse est judiciaire. Trois jeunes ont immédiatement été interpellés, deux ont été placés sous écrou. Il faut bien entendu que la justice fasse son travail.

Enfin, il faut garantir la sécurité du quotidien sur la voie publique. C'est pourquoi, après la suppression de 12 000 postes dans la police et la gendarmerie (Vives protestations et huées sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe socialiste et républicain.), le démantèlement de nos services d'information, nous nous sommes engagés à recruter 10 000 policiers supplémentaires. Ces renforts m'ont été demandés ce matin même par les élus locaux ! (La voix de l'orateur est couverte par les huées. – Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

Mme Éliane Assassi. C'est nul, comme réponse !

M. le président. La parole est à M. Philippe Dallier, pour la réplique.

M. Philippe Dallier. Je suis sidéré par votre réponse, monsieur le ministre ! Vous n'avez pas compris le sens de ma question, et je crains que vous n'ayez pas compris ce qui se passe dans ces territoires bientôt perdus de la République ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Christophe Castaner, ministre. Si, je le comprends !

M. Philippe Dallier. Et vous venez d'être nommé ministre de l'intérieur ! Alors, je m'inquiète ! Des ministres, on en a vu défiler en Seine-Saint-Denis ! On n'en peut plus, des visites ministérielles ! On a besoin de réponses, parce que les gens qui vivent dans ce département sont des Français comme les autres ! L'État leur doit sa protection, particulièrement aux jeunes ! Monsieur le ministre, comprenez-le ! (Applaudissements prolongés sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste, du groupe socialiste et républicain et du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)

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