Question de M. MASSON Jean Louis (Moselle - NI) publiée le 03/10/2018

Question posée en séance publique le 02/10/2018

M. Jean Louis Masson. Monsieur le secrétaire d'État, le Gouvernement pratique un véritable matraquage à l'encontre des personnes âgées.

Il a déjà augmenté de 3 % la CSG payée par les retraités, il met en cause la pension de réversion des veuves et il va maintenant geler le niveau des retraites, ce qui entraînera, au fil de l'inflation, une perte considérable de pouvoir d'achat.

Le président Macron prétend que les retraités sont des privilégiés. Il oublie que beaucoup de retraités ont commencé à travailler à 14 ans, qu'ils ont travaillé 40 heures par semaine, et qu'ils n'avaient que trois, puis quatre semaines de congés payés.


Mme Marie-Noëlle Lienemann. Heureusement qu'il y a eu la gauche !


M. Jean Louis Masson. Au contraire, les actifs d'aujourd'hui bénéficient du travail des générations précédentes. Ils ne commencent à travailler que très tard, ils font 35 heures par semaine, et ils ont cinq semaines de congés payés.

Il faut donc être de mauvaise foi pour prétendre que les retraités vivent aux crochets des actifs.

Les retraites ne sont pas des aides sociales ; elles sont le produit de cotisations versées tout au long d'une vie de travail.

Face aux difficultés budgétaires que chacun connaît, il faut d'abord éviter de creuser les déficits par des mesures démagogiques telles que la suppression de la taxe d'habitation ou la baisse de moitié du prix du permis de chasse.

Les retraités n'ont pas à servir de bouc émissaire pour boucher les trous.

L'Allemagne, monsieur le ministre, vient d'augmenter les retraites de 3,4 %. N'est-il pas honteux que la France fasse exactement le contraire, en laminant le pouvoir d'achat des retraités ?

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'action et des comptes publics publiée le 03/10/2018

Réponse apportée en séance publique le 02/10/2018

M. Olivier Dussopt, secrétaire d'État auprès du ministre de l'action et des comptes publics. Monsieur le sénateur, je voudrais commencer par contester la philosophie qui sous-tend l'une de vos affirmations.

Vous avez présenté les retraites comme un droit acquis à la suite de cotisations. C'est en effet l'acception la plus courante. En réalité, nous savons tous que le système de répartition conduit les générations actuelles à cotiser pour financer les retraites de celles et ceux qui ont fait valoir leurs droits, de la même manière que les retraités d'aujourd'hui avaient financé les pensions servies à leurs aînés.

C'est justement parce que nous avons le souci de préserver dans le temps l'équilibre financier des régimes de retraite que nous veillons à mieux valoriser le travail et que nous avons sollicité un effort des retraités, via une augmentation de la CSG de 1,7 point.

En outre, contrairement à vos affirmations, les pensions de retraite ne sont pas gelées. Elles seront revalorisées de 0,3 %, ce qui correspond pratiquement à la moyenne de la période précédente – 0,4 %.

Comme l'ont souligné Agnès Buzyn et le Premier ministre, aucune menace ne pèse sur les pensions de réversion. Nous travaillons à une réforme des retraites que nous voulons équilibrée, durable et assurant une juste pension à celles et ceux qui font valoir leurs droits. Mais nous ne voulons pas remettre en cause cette architecture et toutes celles et tous ceux qui bénéficient aujourd'hui d'une pension de réversion continueront à en bénéficier sans aucun changement.

Je rappelle également que, même si vous ne partagez pas la réforme que nous avons annoncée, la diminution de la taxe d'habitation dès cette année compensera l'essentiel de l'augmentation de la CSG pour la plupart des retraités.

Enfin, nous avons veillé à ce que les retraités les plus fragiles soient mieux accompagnés, en augmentant de 35 euros au mois d'avril l'allocation de solidarité pour les personnes âgées, que l'on appelle parfois « le minimum vieillesse ». La même hausse sera appliquée en avril prochain et en 2020 afin que, sur trois ans, le minimum vieillesse, pour reprendre cette expression, soit revalorisé de 100 euros. (MM. Didier Guillaume et Jean-Marc Gabouty applaudissent.)

M. le président. La parole est à M. Jean Louis Masson, pour la réplique, en vingt secondes.

M. Jean Louis Masson. Vos explications sont de la poudre aux yeux !

Je vais vous donner un exemple de mensonges que vous venez d'émettre. Vous avez dit qu'en bloquant les retraites, on ne diminue pas le montant touché par les retraités. Or, vous le savez bien, un franc courant n'est pas un franc constant et, si l'on n'actualise pas le montant des pensions en tenant compte de l'inflation, c'est une baisse des retraites ! C'est donc un mensonge que vous venez de formuler ! (M. Pierre-Yves Collombat applaudit.)

M. le président. Il faut conclure.

M. Jean Louis Masson. Je conclus. Une étude économique vient de montrer qu'avec toutes ces mesures ciblées contre les personnes âgées, huit retraités sur dix vont perdre en moyenne 700 euros sur deux ans.

M. le président. Concluez !

M. Jean Louis Masson. Donc, ne venez pas dire que vous défendez les retraités, monsieur le secrétaire d'État !

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