Question de M. PONIATOWSKI Ladislas (Eure - Les Républicains) publiée le 13/09/2018

M. Ladislas Poniatowski attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, sur la grave décision d'abandon de la filière hydrolienne au large de la Manche. L'annonce de l'entreprise Naval Energies de fermer son usine d'assemblage d'hydroliennes à Cherbourg condamne le projet de déploiement de sept hydroliennes, porté par EDF (Électricité de France) et Naval Energies. Naval Group et EDF avaient été choisis par l'État en 2014 pour développer ce parc pilote, baptisé Normandie Hydro et situé à 3,5 km au large de Goury (Manche) dans la zone du raz Blanchard, deuxième courant marin le plus puissant au monde. Les sept hydroliennes de 2 mégawatts et 16 mètres de diamètre devaient être construites par OpenHydro, société irlandaise rachetée par Naval Group, et désormais placée en redressement judiciaire. EDF prend le temps d'analyser la situation avant de se prononcer sur l'avenir de ce parc, dont l'aide financière de l'État français a reçu le feu vert de Bruxelles. Un groupe écossais, Simec Atlantis Energy, a marqué son intérêt pour prendre le relais du français. Il lui demande de tout entreprendre pour favoriser la création d'une filière hydrolienne française, qui a beaucoup de retard par rapport à d'autres pays comme l'Allemagne et les États-Unis et d'exiger qu'EDF n'abandonne pas ce projet pilote.

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Transmise au Ministère de la transition écologique et solidaire


Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire publiée le 24/10/2019

Les énergies renouvelables en mer sont une composante majeure de la transition énergétique. La loi pour la transition énergétique et la croissance verte fixe un objectif de 40 % d'électricité renouvelable dans le mix électrique d'ici 2030. L'exploitation du potentiel important dont la France dispose pour développer une filière hydrolienne peut contribuer à atteindre ces objectifs. Deux gisements importants ont en effet été plus particulièrement identifiés en France : l'un dans le Raz Blanchard, l'autre dans le passage du Fromveur. Depuis plusieurs années, le Gouvernement a soutenu le développement de la filière. Pour autant, les projets mis en œuvre n'ont pas démontré à ce stade la maturité de la technologie pour l'exploitation de ce potentiel important : au stade de démonstrateurs, qu'il s'agisse du prototype exploité par EDF au large de Paimpol-Bréhat, conçu par une filiale de Naval Énergies, ou de la turbine de l'hydrolienne Sabella immergée durant un an dans le Fromveur, les tests réalisés en conditions réelles n'ont été que partiellement convaincants. Dans les deux cas, suite à divers problèmes techniques, les turbines ont dû être retirées de l'eau. Les projets de ferme pilote ont été abandonnés à ce stade, dans l'attente de la maturation de la technologie. Dans ce contexte de décalage entre l'offre technologique et la demande du marché, où, de surcroît, les coûts de production des hydroliennes apparaissent très élevés, même à long terme et même par rapport à l'éolien offshore, les conditions pour le lancement d'un appel d'offres commercial ne sont pas réunies. Si des consultations ont été menées en 2017, sous l'égide des préfets coordinateurs de façade, en vue d'identifier des zones propices au développement de fermes commerciales hydroliennes, il est nécessaire, afin d'assurer la bonne utilisation des fonds publics, de disposer des garanties complémentaires pour poursuivre le développement de cette filière à un stade commercial. Les études menées ont conclu à ce stade à une non-maturité de la filière. Dans ce contexte, le Gouvernement ne prévoit pas le lancement d'appels d'offres sur cette technologie dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), en cours de révision. Le Gouvernement suivra attentivement l'évolution des performances de la filière dans les prochaines années.

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