Question de Mme PEROL-DUMONT Marie-Françoise (Haute-Vienne - SOCR) publiée le 26/07/2018

Mme Marie-Françoise Perol-Dumont attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur les risques d'addiction auxquels sont exposées les jeunes générations. Une étude de juin 2018 montre en effet que les niveaux de consommation de tabac, d'alcool, de cannabis, de cocaïne, de pornographie, de jeux vidéo ou encore d'utilisation des écrans, pour ne citer qu'eux, sont particulièrement inquiétants. Les chiffres sont alarmants : 5 % des 18-24 ans consommeraient de la cocaïne, de l'ecstasy ou du GHB toutes les semaines. Abstraction faite des drogues dures, plus d'un jeune sur dix joue également au moins une fois par semaine à un jeu d'argent et 15 % des 14-17 ans regardent de la pornographie toujours au moins une fois par semaine. Il semble ainsi, dans un premier temps, essentiel de faire en sorte que la loi soit respectée. L'enquête souligne d'ailleurs que se procurer des produits interdits aux mineurs est pour ces derniers un « jeu d'enfant ». Qui plus est, les handicaps se cumulent puisque les jeunes des milieux défavorisés et les jeunes obèses sont les plus vulnérables en matière d'addiction. Elle demande donc quelles mesures concrètes le Gouvernement compte mettre en œuvre pour assurer une meilleure protection des jeunes et tout particulièrement des mineurs.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 17/01/2019

La prévention des consommations à risque dès le plus jeune âge, qu'il s'agisse de tabac, d'alcool ou encore de cannabis et des autres substances illicites ou des addictions sans substances (écrans et jeux), est une priorité de la politique de prévention du Gouvernement. C'est pourquoi le plan « priorité prévention » lancé en mars 2018 contient plusieurs mesures visant à son renforcement. Il repose tout d'abord sur une école davantage promotrice de santé, s'appuyant sur des dispositifs tels que les ambassadeurs élèves et le service sanitaire des étudiants en santé mais aussi sur le développement des compétences psycho-sociales des enfants. Le développement d'une bonne estime de soi, la capacité à résister à la pression du groupe, l'acquisition de compétences relationnelles pour faire face aux conflits, l'apprentissage de la gestion de ses émotions sont autant de facteurs de protection qui permettent de prévenir les comportements à risques futurs notamment à l'adolescence. Il prévoit la généralisation de partenariats entre établissements d'enseignement secondaire (collèges - lycées) et le renforcement des consultations jeunes consommateurs (CJC). Ces partenariats favoriseront les actions de prévention collective, les consultations avancées et une meilleure orientation des jeunes en difficulté avec une consommation ainsi que leurs proches. Les CJC font partie du dispositif médico-social de prévention et prise en charge des consommateurs de substances psychoactives. Elles accueillent les usagers et leur famille, et développent des actions de prévention hors les murs. 267 CSAPA (centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie) gèrent une activité CJC, avec 540 points d'accueil sur le territoire national. Il mobilise les autres dispositifs spécifiques, maisons des adolescents, services universitaires de médecine préventive et de promotion de la santé dans la lutte contre le tabagisme, ainsi que les équipes de liaison spécialisées en addictologie pour le repérage et prise en charge suite à une alcoolisation massive. Le plan s'appuie également sur le respect des dispositions d'interdiction de vente d'alcool, de tabac et de jeux d'argent aux mineurs, pour mieux protéger les mineurs face aux addictions. Concernant l'usage des écrans, il n'existe que des données partielles sur l'usage des écrans par la population ou encore ses conséquences sur la santé en cas d'usage excessif. Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, entre 1 et 2 % de la population générale serait concernée par l'usage problématique d'écrans. La réalité de ce que recouvre la notion d'« écrans » s'avère trop large pour cibler les cas d'addictologie. Aussi, la frontière entre l'utilisation ponctuelle et la pathologie reste difficile à déterminer. Le constat des conséquences néfastes des écrans sur la santé des jeunes est souvent le fait d'observations empiriques de l'entourage ou des professionnels de santé. Le Haut conseil de la santé publique a été saisi afin qu'il produise des recommandations de bonnes pratiques en matière d'utilisation des écrans chez les jeunes de 0 à 18 ans. Pour soutenir le renforcement de la prévention des addictions dès le plus jeune âge, le Gouvernement a décidé d'élargir l'objet du Fonds de lutte contre le tabac à l'ensemble des addictions, qui bénéficiera d'ailleurs du produit de l'amende forfaitaire pour usage de stupéfiants, prévue dans le projet de loi de programmation pour la justice. Ce nouveau fonds interviendra donc en complémentarité des autres sources de financements qui bénéficient à la prévention des addictions.

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