Question de M. BONHOMME François (Tarn-et-Garonne - Les Républicains-A) publiée le 20/07/2018

Question posée en séance publique le 19/07/2018

M. François Bonhomme. Ma question s'adresse à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.

Depuis plusieurs mois et même depuis plusieurs années, les violences antisémites et les provocations islamistes se multiplient dans notre pays.

L'imam de Toulouse a récemment tenu des propos que l'on aimerait ne plus jamais entendre sur notre sol. Il a lancé un appel au meurtre des juifs au nom de l'islam et au nom « du respect des commandements divins ».

Cet imam est coutumier du prêche haineux et violent. Ses références sont celles des islamistes. Son modèle est celui des Frères musulmans. Il affiche tranquillement son hostilité à la démocratie et sa haine de la France. Il brandit régulièrement la victimisation des musulmans, fustige la loi française et ses choix démocratiques sur fond de réquisitoire contre l'Occident et ses valeurs.

Face à cette situation, le maire de Toulouse a procédé à un signalement à la justice, ce qui a fait réagir le parquet, qui a demandé une enquête. En revanche, on ne vous a guère entendu sur cette affaire, monsieur le ministre d'État. J'ai bien cherché, mais en vain. C'est pourquoi je vous interroge : que comptez-vous faire face à un imam algérien qui prêche régulièrement la haine des juifs sur notre sol, dans une langue étrangère de surcroît, et lance des appels au meurtre contre les juifs dans notre propre pays ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et du groupe Union Centriste, ainsi que sur des travées du groupe socialiste et républicain.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 20/07/2018

Réponse apportée en séance publique le 19/07/2018

M. Gérard Collomb, ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, vous m'interrogez sur les propos tenus par M. Tatai, imam de la grande mosquée de Toulouse.

Il se trouve que, quelques jours après qu'il a tenu ces propos, je participais au dîner du CRIF à Marseille. L'émotion dans cette assemblée était très forte, et j'y ai condamné avec la plus grande fermeté des propos qui incitent effectivement à la haine.

Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains. Cela ne suffit pas !

M. Gérard Collomb, ministre d'État. Les actes antisémites se sont multipliés en France ces dernières années et l'on déplore une succession de personnes sauvagement assassinées.

Comme je l'ai annoncé à Marseille, j'ai demandé qu'une plateforme de pré-plaintes en ligne soit créée, car un certain nombre de victimes n'osent pas porter plainte par peur des représailles.

En outre, nous avons formé un certain nombre de policiers au traitement des actes antisémites pour qu'ils sachent comment réagir.

Le préfet a porté plainte contre cet imam. Nous faisons confiance à la justice, car – je le dis solennellement dans cette assemblée – on ne peut, en France, appeler à tuer des juifs impunément. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste. – Mme Esther Benbassa applaudit également.)

MM. Roger Karoutchi et Bruno Sido. Expulsez-le !

M. le président. La parole est à M. François Bonhomme, pour la réplique.

M. François Bonhomme. Monsieur le ministre d'État, j'ai bien écouté votre réponse. Sachez qu'un ministre a réagi, celui des affaires religieuses d'Algérie : il a appelé les médias français à cesser leur propagande au profit de tout ce qui porte atteinte à l'islam et à ses symboles.

Je ne veux pas de cette montée d'une nouvelle forme d'antisémitisme, venue cette fois de l'islamisme, que vous ne désignez pas. Je vous rappelle que des juifs vivant en banlieue ont dû massivement déménager, car ils ne pouvaient plus habiter certains quartiers. Je vous rappelle également l'assassinat de Sarah Halimi, le meurtre de Mireille Knoll, défenestrée à quatre-vingt-cinq ans, ou encore l'affaire Médine, un rappeur qui célèbre le djihad, qui s'attaque à la laïcité et qui, au mépris des victimes, va se produire en octobre prochain au Bataclan.

Nous ne voulons ni prêchi-prêcha, ni contorsions, ni circonvolutions. Nous vous demandons simplement de dénoncer clairement le mal en désignant le radicalisme musulman, qui a produit et qui produit de l'antisémitisme. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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