Question de M. BONHOMME François (Tarn-et-Garonne - Les Républicains-A) publiée le 21/06/2018

M. François Bonhomme interroge Mme la ministre des solidarités et de la santé afin de réduire l'addiction à l'alcool chez les jeunes.

La fondation pour l'innovation politique, la fondation Gabriel Péri et le fonds « actions addictions » révélaient en juin 2018 dans une enquête que 11 % des jeunes de 17 ans déclarent boire régulièrement de l'alcool.

Dans le même sens, 59 % des enfants de 11 ans et 84 % de ceux de moins de 15 ans auraient déjà bu de l'alcool.

Il souligne que la fréquence à laquelle est consommé l'alcool se révèle problématique. 79 % des jeunes de 17 ans déclarent ainsi avoir consommé de l'alcool au moins une fois au cours du mois.

Les jeunes s'exposent alors à de nombreux risques tels que les accidents de la route, les violences, les rapports sexuels non consentis et la diminution du contrôle de soi. La consommation d'alcool retarde par ailleurs le développement de certaines régions cérébrales chez les jeunes.

Alors que le plan national de mobilisation contre les addictions doit être rendu public prochainement, il lui demande de bien vouloir lui préciser les mesures envisagées par le Gouvernement afin de lutter contre l'addiction à l'alcool chez les plus jeunes.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 17/01/2019

Les niveaux de consommation des produits psychoactifs sont préoccupants en France en particulier chez les jeunes. En 2014, l'enquête Health Behavior in School-Aged Children (HBSC) auprès des collégiens de 11 à 15 ans et dont les résultats sont publiés par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (numéro 106 de la publication Tendances), montre que l'expérimentation de l'alcool progresse continûment tout au long des années collège de près de la moitié des élèves en 6ème à presque 80 % en 3ème. Parallèlement à la diffusion des usages d'alcool, se développent les ivresses alcooliques et la part des collégiens se déclarant avoir déjà été ivres augmente fortement au cours du collège, de 5 % à environ 30 %. Aussi, la moitié des jeunes de 17 ans participant à la journée défense et citoyenneté, interrogés dans le cadre de l'enquête Escapad, disent avoir connu un épisode d'alcoolisation ponctuelle importante (au moins cinq verres d'alcool en une seule occasion) dans le mois précédant l'enquête. Face à ces constats, plusieurs mesures de prévention de l'usage nocif d'alcool ont été mises en œuvre durant ces dernières années. Parmi les mesures récentes mises en œuvre, on peut notamment citer : l'interdiction de la vente d'alcool aux mineurs : un contrôle systématique de la majorité des clients lors de la vente d'alcool doit désormais être effectué ; l'interdiction des incitations à la consommation excessive ou régulière d'alcool, ainsi que l'interdiction de la vente d'objets incitant à la consommation excessive d'alcool aux mineurs ; la diffusion de campagnes nationales régulières sur des thématiques spécifiques, auprès du grand public ou auprès des professionnels de santé ; un encadrement rigoureux des pratiques promotionnelles du type « happy hours » ; une limitation du taux d'alcoolémie à 0,2 g/L de sang pour les nouveaux conducteurs. Toutefois, l'évolution des pratiques de consommation des jeunes appelle à un renforcement des politiques de prévention. La stratégie nationale de santé 2018-2022 contient un axe majeur sur la prévention et la promotion de la santé, notamment auprès des jeunes en intégrant les questions des risques et des dommages liés à l'usage nocif d'alcool chez les jeunes. Le plan Priorité Prévention présenté en mars 2018 est venu décliner cet axe. Parmi les objectifs à poursuivre dans les cinq années à venir, il s'agira donc de retarder l'entrée des jeunes dans les usages de consommation d'alcool en développant avec l'éducation nationale une école promotrice de santé, notamment en développant des programmes renforçant les compétences psychosociales, en généralisant dans les établissements scolaires les « ambassadeurs élèves » et en y faisant intervenir les étudiants du service sanitaire, dont le rôle sera de partager des messages de prévention (notamment tabac, alcool, nutrition). La volonté est aussi d'accompagner systématiquement les jeunes, d'une part, en s'appuyant sur un dispositif de partenariats entre les collèges et lycées et les « consultations jeunes consommateurs » pour mieux accompagner et mieux orienter les jeunes en difficultés et, d'autre part, en proposant systématiquement un accompagnement spécialisé des jeunes admis aux urgences ou hospitalisés après un épisode d'alcoolisation massive.

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