Question de Mme DINDAR Nassimah (La Réunion - UC) publiée le 07/06/2018

Mme Nassimah Dindar attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, sur la gestion globale de l'accueil du public lors des éruptions volcaniques à La Réunion.

Actuellement l'ouverture de l'enclos en phase éruptive provoque des débats à La Réunion. En effet, l'État est d'accord pour organiser cette gestion du public, mais à la seule condition qu'une des collectivités territoriales organise et finance un plan global de gestion du public.

Le président du syndicat national des accompagnateurs en montagne (SNAP) déplore une régression orchestrée par l'État, sur l'accès du public lors des éruptions, avec des débats qui s'éternisent. Celui-ci tentera une action en justice si des solutions concrètes ne sont pas trouvées, afin de constater une ingérence de l'État.

La préfecture de La Réunion a rappelé la mesure phare qui a été prise : plus d'ouverture libre de l'enclos en phase éruptive, et accompagnement de tout individu. Les professionnels de montagne regrettent ce choix.

Par ailleurs, lors des récentes éruptions, la gestion du public a été catastrophique : un trafic routier interrompu, des stationnements sauvages, et des bus touristiques contraints de repartir.

Une autre question est débattue, celle de l'accès des secours sur le site. La solution proposée par les professionnels de la montagne est qu'une collectivité territoriale prenne part au financement de cette gestion globale de l'accueil du public à travers notamment la mise en place de navettes.

Plusieurs interrogations subsistent, relatives à la collectivité qui acceptera de s'impliquer, à l'effort financier qui sera demandé au public et au rôle de l'État dans la prise en charge de cette gestion globale du public.

Ainsi, elle souhaite connaître la position du Gouvernement sur cette problématique d'accès aux éruptions, et les engagements qui seront pris en vue de clarifier le champ de compétences entre État et collectivités territoriales.

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Transmise au Ministère de l'intérieur


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 20/06/2019

Le Piton de la Fournaise est l'un des volcans les plus actifs au monde, avec une moyenne de deux à trois éruptions par an. Le caractère imprévisible de son activité et sa dangerosité imposent des règles d'accès au volcan, particulièrement strictes, répondant au double impératif de sécurité et de préservation d'un site protégé. Pour garantir des conditions optimales de sécurité, l'accès du public à l'enclos Fouquet est interdit depuis 2005, en période éruptive. Cette décision a été prise après qu'un accident mortel soit survenu le 29 août 2003. Au cours de l'éruption, seuls les services de secours, le personnel scientifique et les professionnels de l'image (sur accréditation) sont autorisés à pénétrer dans l'enclos. En effet, en plus de l'activité effusive, d'autres dangers peuvent menacer la sécurité du public : des effondrements (caldeiras, cratères à puits) peuvent se produire au sommet du Piton de la Fournaise (comme en 1961, 1964, 1986, 2002, 2007) ; une activité faiblement explosive, durant laquelle des blocs peuvent être projetés sur l'ensemble du cône sommital et des cendres fines être transportées sur l'ensemble du massif volcanique ; un dégagement de gaz contenus dans le magma et qui sont pour partie libérés à l'évent, le long de l'écoulement, ou encore lors d'une entrée en mer ; des cheveux de Pelé qui peuvent couper ou endommager les voies digestives ou respiratoires. La situation géographique du massif volcanique doit également être prise en compte : en zone de haute montagne (2 200 m d'altitude) et dans une partie de l'île où les conditions météorologiques sont très changeantes et où la couverture par les réseaux de téléphonie mobile reste partielle. Enfin, les capacités de secours du département sont contraintes et ne permettent pas d'envisager une fréquentation soutenue sur le volcan, dans des conditions optimales de sécurité. Depuis plusieurs années, l'engouement médiatique et touristique - local, national et international - est croissant et le nombre de visiteurs toujours plus grand, avec un afflux important le long de la route des laves. Afin de répondre à ces impératifs, une étude a été lancée dès 2015 et porte sur les conditions d'accès au volcan, puisque le seul accès en véhicule (route forestière) est rapidement saturé. En effet, les dernières éruptions ont mis en évidence des difficultés importantes de circulation, rendant incompatible la présence simultanée des bus et des voitures sur une route étroite. Cette circulation difficile est amplifiée par le développement d'un stationnement « sauvage », qui est malheureusement devenu la règle. En conséquence, tant que la route forestière n° 5 reste libre d'accès, la circulation des bus a été interdite pour ne pas aggraver la congestion déjà importante, avec le risque qu'un bus reste bloqué dans un étranglement ou qu'un accident se produise lors d'un croisement. À cet égard, des aménagements ont été conduits par l'office national des forêts (ONF) et la Région sur la route de la plaine des sables tandis que la communauté d'agglomération du Sud-Ile-de-la-Réunion (CASUD) a fait des propositions pour assurer la gestion du trafic. Enfin, le bureau d'études ELAN a été chargé de conduire une étude globale sur l'amélioration de la gestion du trafic au Volcan. Il rendra ses conclusions en juillet 2019 : sur l'impact environnemental lié à cette fréquentation (le volcan est situé dans le cœur de parc et constitue donc une zone à préserver), le parc national de la Réunion, l'ONF et la CASUD ont apporté des réponses notamment pour la gestion des déchets et le stationnement ; sur un accompagnement du public au sein de l'enclos par des spécialistes formés,  quarante-sept accompagnateurs en moyenne montagne ont suivi une formation spécifique sur le volcan et, à l'issue de cette formation, une expérimentation a été conduite in situ en juillet 2017. Cette expérimentation a mis en lumière des difficultés à la fois techniques et stratégiques (notamment liées à la commercialisation de cette prestation). Depuis, ce dossier a fait l'objet d'un nouvel examen par les services de l'État qui ont formulé des propositions afin de garantir la sécurité des usagers et l'activité des accompagnateurs. Celles-ci ont reçu un accueil favorable des acteurs concernés et pourraient être finalisées avant août 2019.

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