Question de M. CAPUS Emmanuel (Maine-et-Loire - Les Indépendants) publiée le 27/06/2018

Question posée en séance publique le 26/06/2018

M. Emmanuel Capus. Ma question s'adresse à Mme la secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances.
Madame la secrétaire d'État, la semaine dernière, a eu lieu une réunion cruciale de l'Eurogroupe, qui pourrait bien déterminer l'avenir de la zone euro.

Tout d'abord, elle a permis d'acter un accord sur la dette grecque et de rendre aux Grecs leur autonomie financière. Après presque une décennie de sacrifices, c'est un grand moment pour la Grèce, c'est un grand moment pour la France, qui s'est toujours tenue à ses côtés, et c'est un grand moment pour la zone euro, qui montre qu'elle est enfin capable de sortir de la crise.

Ensuite, cette réunion a permis de présenter le programme de réforme de la zone euro, défini par Emmanuel Macron et Angela Merkel à Meseberg, la semaine dernière. Ce projet est équilibré : il associe l'idée française d'un budget commun de la zone euro et la volonté allemande de créer un véritable Fonds monétaire européen. Il associe donc à égalité rigueur budgétaire et nécessité d'investir dans l'avenir.

Toutefois, nombre de questions restent en suspens sur le financement, l'utilisation et surtout le volume de ce budget de la zone euro. Le président Macron s'est heurté au refus de la Chancelière d'annoncer un montant précis. Espérons que la montagne française n'accouchera pas d'une souris allemande ! (Murmures sur les travées du groupe Les Républicains et du groupe socialiste et républicain.)


M. Roger Karoutchi. L'image n'est pas extraordinaire…


M. Emmanuel Capus. Madame la secrétaire d'État, les questions que nous nous posons ne sont pas seulement techniques ; elles sont aussi politiques. La zone euro apparaît plus divisée que jamais. Votre homologue néerlandais a pris la tête d'une fronde de douze pays opposés au projet franco-allemand. Au sein même de la majorité d'Angela Merkel, plusieurs poids lourds s'opposent à ce que les Allemands payent pour les autres. La Chancelière est affaiblie, l'unité de l'Eurogroupe est rompue. La France apparaît bien seule pour porter une ambition européenne forte et crédible.

Dans ce contexte, madame la secrétaire d'État, comment comptez-vous convaincre nos partenaires d'avancer avec nous pour réformer la zone euro et construire une union économique et monétaire plus forte et plus protectrice ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministre de l'économie et des finances publiée le 27/06/2018

Réponse apportée en séance publique le 26/06/2018

Mme Delphine Gény-Stephann, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances. Monsieur Capus, vous avez salué l'accord crucial sur la Grèce. Il s'agit en effet d'un pas extrêmement important, qui nous permet de sortir de dix années au cours desquelles nous sommes allés de programme en programme pour soutenir la Grèce. C'est un accord majeur !

Les difficultés de la Grèce ont servi de révélateur des faiblesses de la zone euro. Il nous faut la réformer, notamment grâce au mécanisme européen de stabilité. Le statu quo n'est pas une option : nous ne pouvons nous satisfaire d'une union monétaire qui ne soit pas davantage une union économique. C'est tout l'esprit de la feuille de route dont nous avons discuté avec l'Allemagne.

Nous avons prévu de parachever l'union bancaire, de faire en sorte que son filet de sécurité ultime soit pleinement opérationnel, de renforcer encore le mécanisme européen de stabilité et de créer un véritable budget de la zone euro. Il s'agit là de réponses indispensables pour faire émerger une union prospère et plus stable.

Bien évidemment, ces propositions doivent être portées au sein de l'Eurogroupe, ce que nous avons commencé à faire.

Les autres États membres sont convenus qu'il s'agissait d'une base de travail solide. Il est toutefois normal, et même sain, que des discussions aient lieu. Je puis vous assurer que Bruno Lemaire et Olaf Scholz sont absolument déterminés à convaincre nos partenaires de la zone euro d'avancer.

Nous sommes ouverts aux discussions, mais il faut maintenant avancer, et très vite. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

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