Question de M. WATTEBLED Dany (Nord - Les Indépendants) publiée le 13/06/2018

Question posée en séance publique le 12/06/2018

M. Dany Wattebled. Ma question s'adresse à Mme Nathalie Loiseau, ministre auprès du ministre des affaires étrangères et européennes, chargée des affaires européennes.

Le G7 de Charlevoix, au Canada, se termine et, il n'y a pas d'autres mots, c'est un fiasco diplomatique. Les négociations se sont résumées à un dialogue de sourds entre les États européens et le Canada, d'un côté, et les États-Unis du Président Donald Trump, de l'autre.

Le Président Trump, qui avait déjà refusé de signer la partie du communiqué conjoint sur le climat, a retiré entièrement la signature des États-Unis, dans l'avion qui l'emmenait vers Singapour. Face à ce caprice, votre homologue allemand a déclaré : « En quelques secondes, vous pouvez détruire la confiance en 280 caractères sur Twitter. »

Il s'agit bien de confiance aujourd'hui, madame la ministre. Comment faire confiance à un allié qui s'engage dans une guerre commerciale contre l'Europe, au mépris de toutes les règles de l'Organisation mondiale du commerce, l'OMC, et du libre-échange ?

Comment faire confiance à un allié qui déchire ses engagements sur l'Iran et menace les entreprises européennes de représailles ?

Comment faire confiance à un allié qui remet en question le principe même de l'Alliance atlantique, en affirmant qu'elle lui coûte trop cher ?


Mme Marie-Noëlle Lienemann. Il faut en sortir !


M. Dany Wattebled. Pendant ce temps, Vladimir Poutine, qui rencontrait ses homologues chinois et iranien, avait beau jeu d'ironiser sur le « babillage inventif » des pays du G7.

Madame la ministre, face à l'imprévisible M. Trump, il est temps que l'Europe devienne enfin une puissance capable de négocier en position de force. Il est temps que l'Europe relève le défi de l'unité et de la cohésion pour parler d'une seule voix face aux États-Unis, à la Chine et à la Russie.

Ma question est la suivante : quelles initiatives la France compte-t-elle prendre pour tirer les conséquences de l'échec du G7 de Charlevoix et pour, enfin, construire une Europe indépendante, souveraine et puissante ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires, ainsi que sur quelques travées du groupe Les Républicains.)

- page 5718


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé des affaires européennes publiée le 13/06/2018

Réponse apportée en séance publique le 12/06/2018

Mme Nathalie Loiseau, ministre auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée des affaires européennes. Monsieur le sénateur Wattebled, vous avez raison, le sommet du G7 s'est mal terminé et nous le regrettons. Un travail important avait été accompli, un accord était intervenu sur un texte ; il n'est jamais bon de revenir sur un accord signé.

Je voudrais partager avec vous deux convictions. La première, c'est que nous avons besoin d'un cadre multilatéral efficace pour traiter les enjeux globaux, qu'il s'agisse du commerce, du climat, de la santé ou du terrorisme. Nous en avons besoin, comme les États-Unis en ont besoin. En l'absence d'un tel cadre, c'est la loi de la jungle qui l'emporte et personne n'est gagnant.

Ma seconde conviction, c'est que les États-Unis sont pour nous un partenaire et un allié, ainsi qu'en témoignent notre histoire commune, le sang que nous avons versé ensemble et les valeurs que nous partageons. Être alliés ne signifie toutefois pas taire ses divergences. Avec l'administration du Président Trump, des divergences, nous en avons : sur le commerce, sur l'accord nucléaire avec l'Iran, sur l'accord de Paris, sur Jérusalem, nous ne sommes pas d'accord (M. Roger Karoutchi s'exclame.), et nous le disons.

Dans ce contexte, nous devons également être unis dans l'Union européenne et faire valoir nos intérêts propres. L'alliance n'interdit pas, bien au contraire, de faire valoir nos intérêts, à titre national et à titre européen. C'est ce que nous faisons en décidant de mesures de rétorsion et de mesures de sauvegarde face à la décision unilatérale des États-Unis d'instaurer des tarifs sur l'acier et sur l'aluminium. C'est également ce que nous faisons en réformant le règlement de blocage de 1996 et en restant dans l'accord nucléaire avec l'Iran.

M. le président. Il faut conclure.

Mme Nathalie Loiseau, ministre. Nous avons besoin d'une Europe plus unie, plus forte et plus souveraine. C'est ce que le Président de la République a proposé et c'est à cela que nous travaillons. (Mme Patricia Schillinger et M. Robert del Picchia applaudissent.)

- page 5718

Page mise à jour le