Question de M. MARC Alain (Aveyron - Les Indépendants) publiée le 25/05/2018

Question posée en séance publique le 24/05/2018

M. Alain Marc. Ma question s'adresse à M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.

Monsieur le ministre d'État, à l'invitation de Michel Dantin et de José Bové, j'ai assisté à Bruxelles à une conférence sur le loup, lequel est à nouveau présent à nouveau dans le Larzac depuis quelques années. Aucun des moyens techniques préconisés ce jour-là par le commissaire européen à l'environnement ne s'est révélé efficace, et celui-ci a d'ailleurs tenu des propos pour le moins ridicules.

Depuis un mois, avec la sortie des troupeaux, les attaques reprennent, entraînant la mort d'animaux et la baisse de la lactation, due au stress. Les éleveurs sont de plus en plus enclins à garder leurs animaux à l'intérieur des bergeries.

Alors que nous sommes classés au patrimoine mondial de l'UNESCO pour l'agropastoralisme, le loup perturbe ce fragile équilibre. En effet, sans brebis, point de biodiversité.

Le commissaire européen s'est empêtré dans des propositions technocratiques, et il a même laissé penser que chaque État avait la latitude nécessaire pour gérer ses populations de loups… Face au désarroi de nos éleveurs, nous ne comprenons pas les contradictions entre la directive Habitats-faune-flore et la convention de Berne.

Monsieur le ministre d'État, au vu de la situation du loup, dont l'espèce n'est plus menacée, et de la biodiversité, dont nous savons tous qu'elle est en danger sur notre planète, quelles mesures comptez-vous prendre pour protéger l'agropastoralisme ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires et du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire publiée le 25/05/2018

Réponse apportée en séance publique le 24/05/2018

M. Nicolas Hulot, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Monsieur Alain Marc, il y a des dossiers particulièrement difficiles à porter… Entre Brigitte Bardot qui m'invective toutes les semaines parce qu'elle voudrait que l'on ne touchât pas à un seul loup et quelques éleveurs – pas tous ! – qui me vouent aux gémonies et aimeraient que l'on éradique l'ensemble des loups, vous comprendrez que le compromis est compliqué. Il en va du respect de la biodiversité naturelle comme du respect de la diversité culturelle : on ne peut avoir d'affection sélective.

La biodiversité est un tout. Le mouton y a sa place, le loup aussi. Et j'admets avec vous que le pastoralisme participe également à l'épanouissement de la biodiversité.

J'ai conscience du caractère exceptionnel de la biodiversité dans la région que vous avez citée, dans les Cévennes et les Causses, et du rôle de l'agropastoralisme dans la préservation des paysages.

C'est pourquoi nous avons lancé un plan pluriannuel. J'ai certes une cruelle conscience des difficultés qu'il pourra occasionner pour certains éleveurs, même si plusieurs d'entre eux, que l'on ne cite jamais, s'en sortent très bien. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) Je suis désolé, mais je reçois chaque semaine des témoignages d'éleveurs qui cohabitent avec le loup ! Je ne dis pas que c'est possible dans tous les territoires…

Le plan pluriannuel que nous avons établi sur six ans, avec Stéphane Travert, constitue, de notre point de vue, le meilleur des compromis, même s'il n'est pas encore parfait.

Je ne puis admettre que, au début du XXIe siècle, on utilise de simples clôtures électriques pour protéger les éleveurs et les moutons. Nous réfléchissons à d'autres technologies. En attendant, j'ai pris la décision de pérenniser la brigade loups, qui offre des services et un confort psychologique aux éleveurs. Nous examinerons, étape après étape, l'efficacité des dispositifs. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. – Des sénateurs du groupe Les Républicains imitent le hurlement du loup.)

M. le président. La parole est à M. Alain Marc, pour la réplique.

M. Alain Marc. Monsieur le ministre d'État, il faut savoir que, sans agropastoralisme, les orchidées et les plantes rares disparaissent. Nous sommes tous très soucieux de la biodiversité sur notre planète. José Bové, qui connaît bien mon territoire, dit la même chose que nous ! Il faut vraiment prendre ce sujet au sérieux.

Nous sommes des praticiens de terrain. Je plaignais presque le commissaire européen à l'environnement lorsqu'il a formulé ses propositions ridicules de portail électrique. Nos territoires comptent cinq habitants au kilomètre carré ; dans le Sahel, il y en a dix…

Allons sur le terrain et examinons ce que l'on peut faire ! Je pense que des mesures de bon sens pourraient être prises avec votre collaboration, monsieur le ministre d'État. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires et du groupe Les Républicains.)

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