Question de M. CUYPERS Pierre (Seine-et-Marne - Les Républicains) publiée le 16/05/2018

Question posée en séance publique le 15/05/2018

M. Pierre Cuypers. Ma question s'adresse à Mme la ministre chargée des transports.

La grève des cheminots affecte des secteurs entiers de notre économie. L'interruption du trafic deux jours sur cinq entrave également l'activité de la journée suivante. Le potentiel de nuisances de la grève pour nos entreprises est inacceptable. Les industries seront touchées à hauteur de près de 60 %.

La France perd des marchés, faute de pouvoir les honorer. Je prendrai l'exemple du secteur des céréales alimentaires et non alimentaires, qui représente 450 000 emplois directs et indirects, une production de 70 millions de tonnes et 9 milliards d'euros pour notre balance commerciale. La grève impose aux entreprises de ce secteur de recourir à des modes de transport alternatifs, routiers et fluviaux, dont on voit bien les limites en termes d'augmentation de la durée d'acheminement et de surcoût financier – entre 5 et 20 euros par tonne.


Mme Éliane Assassi. Battez-vous pour le fret !


M. Pierre Cuypers. Le pire est à venir : les entreprises sont contraintes de puiser dans leurs stocks et, faute de pouvoir être transportées, les récoltes de juillet vont engorger des silos déjà saturés.

Des mesures d'urgence s'imposent. Je vous demande de mettre en place un service minimum de fret ferroviaire en cas de grève pour toutes les industries,…


Mme Éliane Assassi. Ben voyons !


M. Pierre Cuypers. … de prioriser les flux agricoles, de mettre en place des moyens importants pour moderniser les infrastructures fluviales et de prendre une mesure immédiate d'autorisation exceptionnelle de la circulation des camions les dimanches et jours fériés, à partir de vingt-deux heures la veille. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargé des transports publiée le 16/05/2018

Réponse apportée en séance publique le 15/05/2018

Mme Élisabeth Borne, ministre auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports. Monsieur le sénateur, vous m'interrogez sur les conséquences du mouvement social à la SNCF. J'ai souligné à plusieurs reprises le caractère très pénalisant de cette grève pour les voyageurs. Ses conséquences pour notre activité économique, qu'il s'agisse de l'agriculture, de la sidérurgie ou du secteur des matériaux de construction, sont peut-être moins visibles, mais elles sont effectivement tout aussi réelles. Le fret ferroviaire et les activités économiques qui en dépendent payent ainsi un lourd tribut à cette grève.

Les jours de grève, environ un tiers des trains de fret circulent. Pour le fret, deux jours de grève, c'est une semaine d'activité de perdue. L'État et SNCF Réseau sont pleinement mobilisés. Un guichet unique pour les entreprises a notamment été mis en place. J'ai par ailleurs demandé aux préfets d'être particulièrement vigilants, de signaler toutes les situations critiques pour les activités économiques et d'accorder, comme vous le préconisez, des dérogations pour la circulation des poids lourds le dimanche si cela peut constituer une réponse appropriée.

Mme Éliane Assassi. Ben voyons !

Mme Élisabeth Borne, ministre. Les organisations syndicales insistent souvent sur la nécessité de relancer le fret ferroviaire : j'y travaille, comme M. le Premier ministre l'a demandé le 16 avril dernier. Je suis en effet convaincue qu'il s'agit d'une réponse importante en termes de lutte contre le changement climatique et de sécurité routière : un train de fret en plus, c'est cinquante camions de moins sur les routes.

Mais chacun doit prendre ses responsabilités, car il y a un paradoxe à plaider pour une relance du fret ferroviaire tout en le fragilisant, comme c'est le cas avec le conflit actuel. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et sur des travées du groupe Les Républicains. – M. Pierre Laurent proteste.)

M. le président. La parole est à M. Pierre Cuypers, pour la réplique.

M. Pierre Cuypers. Madame la ministre, votre réponse ne me satisfait pas pleinement. Je crois que vous ne mesurez pas dans quelle situation d'urgence économique se trouvent ces entreprises, à la veille de la période de forte activité que représente l'été.

Des mesures urgentes s'imposent. Les agriculteurs, comme les industriels, attendent de votre part des décisions immédiates, afin que ne se trouve pas pénalisé un secteur qui, jusqu'à présent, était considéré comme un fleuron de l'économie de notre pays.

M. le président. Il faut conclure !

M. Pierre Cuypers. Une mauvaise gestion de cette crise et des décisions trop tardives auraient des conséquences irréversibles. N'ajoutez pas une crise à la crise ! (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)

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