Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 19/04/2018

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur l'inquiétante propagation de la bactérie Xylella fastidiosa.
Les analyses de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) d'Angers, sollicitées par le syndicat interprofessionnel des oléiculteurs de Corse (Sidoc), ont révélé que plusieurs oliviers, des oléastres (oliviers sauvages), myrtes et chênes verts sont infectés par la bactérie Xylella fastidiosa. Si 25 foyers de cette bactérie pathogène, surnommée « tueuse d'oliviers » en raison des dégâts considérables qu'elle a occasionnés en Italie, avaient déjà été détectés en région Provence-Alpes-Côte d'Azur et 350 en Corse, aucun n'avait jamais touché des oliviers. Or il y a 10 000 hectares d'oliviers en Corse, 107 000 hectares de chênes verts et l'oléastre, plante endémique du maquis, couvre plus de 300 000 hectares.
En l'absence de moyens curatifs ou préventifs pour lutter efficacement contre xylella fastidiosa, qui peut potentiellement toucher 359 espèces végétales, il lui demande ce qu'il compte entreprendre pour endiguer les risques de contamination, que le Sidoc estime « incommensurables ».

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 21/06/2018

Identifiée pour la première fois en Europe en 2013, la bactérie xylella fastidiosa est une priorité phytosanitaire majeure pour l'Union européenne (UE) et un sujet de préoccupation pour de nombreux pays, en particulier la France. Elle a été détectée dans plusieurs États membres de l'UE dont la France, l'Espagne, et l'Italie. En 2017, 7 675 inspections ont été réalisées sur l'ensemble du territoire indemne (hors foyer). Aucune contamination n'a été détectée dans ces zones, y compris chez les professionnels. Dans les foyers des régions Corse et Provence-Alpes-Côte-d'Azur, 34 243 inspections ont été réalisées dans le cadre de la surveillance des foyers conduisant à la découverte de contaminations confinées dans l'environnement immédiat de ces foyers. La Commission européenne et la France ont invité les ministres des États membres les plus concernés par xylella fastidiosa, en raison du contexte pédoclimatique de leur territoire ou de la présence de foyers, à une réunion de haut niveau, à Paris, le 1er décembre 2017. La Croatie, Chypre, la France, l'Allemagne, l'Italie, Malte, le Portugal, la Slovénie, l'Espagne, la Grèce, et la Commission européenne ont exprimé leur engagement collectif dans la lutte contre xylella fastidiosa en adoptant une feuille de route commune pour renforcer la maîtrise de cette maladie. La communication du 3 avril 2018 par le syndicat interprofessionnel des oléiculteurs de Corse de résultats positifs pour des analyses non officielles réalisées par l'institut national de la recherche agronomique (INRA) sur des oliviers est prise très au sérieux par le ministère de l'agriculture et de l'alimentation, considérant en effet les impacts que pourrait avoir une extension de la maladie à cette espèce si l'information devait se confirmer. Suite à cette alerte, plusieurs échantillons ont été prélevés par les services de l'État sur les végétaux suspectés. Les résultats obtenus sur les premiers échantillons par le laboratoire national de référence (laboratoire de la santé des végétaux de l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail – ANSES) n'ont pas confirmé la présence de la bactérie. À ce jour, aucune analyse issue d'un prélèvement officiel et mettant en œuvre la méthode officielle n'a mis en évidence une contamination d'oliviers en Corse ; la situation est donc totalement différente de celle des Pouilles où les dégâts causés par la maladie sur oliviers sont considérables. Afin de mieux comprendre la différence de résultats obtenus avec l'INRA, l'ANSES a procédé également à des analyses officielles en utilisant la méthode d'extraction et d'analyse retenue par l'INRA. Ces analyses n'ont pas permis de confirmer les résultats trouvés par l'INRA et n'ont pas mis en évidence la bactérie sur les échantillons ainsi testés. De multiples facteurs peuvent expliquer les divergences observées, les services de l'État, l'ANSES et l'INRA collaborent activement afin d'identifier les causes possibles de cette différence de résultats, et de nouveaux prélèvements officiels sont en cours. Par ailleurs, face à des cas inexpliqués de dépérissement d'oliviers et d'oléastres en Corse, une mission a débuté à l'initiative du ministère de l'agriculture et de l'alimentation. Rassemblant différents experts du ministère chargé de l'agriculture et du laboratoire de la santé des végétaux de l'ANSES, cette mission a pour objectif de tenter de déterminer les causes des dépérissements observés. Un premier rapport est attendu cet été. Enfin, comme le ministre l'avait annoncé lors du dernier salon international de l'agriculture, une campagne d'information à destination des voyageurs afin de prévenir les transports de végétaux potentiellement contaminés vers des zones indemnes vient d'être lancée dans les ports et aéroports. La mobilisation de l'État est très importante sur ce sujet à forts enjeux.

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