Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 05/04/2018

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur l'augmentation conséquente des ventes de méthylphénidate en France.
Un état des lieux sur les données d'utilisation en France et la sécurité d'emploi du méthylphénidate a été publié en avril 2017 par l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Bien que ce psychostimulant soit indiqué dans le trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez l'enfant de 6 ans et plus dans le cadre d'une prise en charge globale, l'ANSM rappelle qu'il peut exposer à des effets indésirables graves, qui sont principalement neuropsychiatriques, cardiovasculaires et cérébrovasculaires et, chez l'enfant, des effets sur la croissance staturo-pondérale. Pourtant les ventes de spécialités composées de méthylphénidate ont augmenté de façon spectaculaire ces trente dernières années, le nombre de boîtes vendues passant de 26.000 en 1996 à plus de 600.000 en 2014. Quant aux ventes calculées en nombre de DDJ (dose définie journalière, soit une posologie de référence de 30 mg) pour 1000 habitants par jour, elles ont augmenté de 0,01 en 1996 à 0,43 en 2012.
C'est pourquoi il lui demande s'il serait possible de connaître des chiffres de ventes plus récents et de savoir si la tendance à la hausse se poursuit.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 24/05/2018

Le méthylphénidate est un psychostimulant indiqué dans le cadre d'une prise en charge globale du trouble déficit de l'attention / hyperactivité (TDAH) chez l'enfant de six ans et plus, lorsque les mesures correctives psychologiques, éducatives, sociales et familiales seules s'avèrent insuffisantes. La décision de prescrire le méthylphénidate doit se fonder sur un diagnostic établi selon les critères du DSM-V (diagnostic and statistical manual of mental disorders) ou les recommandations de CIM-10 (classification internationale des maladies) après une anamnèse et une évaluation complète du patient. Les conditions de prescription et de délivrance de ce produit sont soumises à la réglementation des stupéfiants qui prévoit une prescription initiale hospitalière annuelle réservée à certains spécialistes (neurologue, pédiatre, psychiatre et médecin exerçant dans les centres du sommeil pour la spécialité Ritaline®), un renouvellement mensuel de la prescription par le médecin traitant, une prescription limitée à vingt-huit jours sur une ordonnance sécurisée précisant le nom du pharmacien. Les conditions de prescription et de délivrance ont été rappelées aux professionnels de santé en septembre 2012 par l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la haute autorité de santé (HAS) a publié, en février 2015, des recommandations, « Conduite à tenir en médecine de premiers recours devant un enfant ou un adolescent susceptible d'avoir un trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité – décembre 2014 », destinées aux médecins chargés d'assurer le suivi des enfants et le renouvellement de ces traitements. Ce sont des traitements qui font l'objet d'une surveillance par les autorités de santé via le suivi national de pharmacovigilance et d'addictovigilance depuis 2006, le plan de gestion de risques ainsi que l'analyse régulière des données d'utilisation de ces traitements. L'ANSM suit la consommation de méthylphénidate en France. Elle a publié en mai 2017, un rapport « Méthylphénidate : données d'utilisation et de sécurité d'emploi en France » qui indique, sur la base des données de l'assurance maladie, que la consommation des médicaments à base de méthylphénidate a augmenté de 20% de 2012 à 2014. Il est également précisé que l'utilisation de ce médicament en France reste faible notamment en comparaison à d'autres pays européens. Enfin, l'ANSM met à la disposition des patients et de leur entourage, sur son site Internet, une brochure d'information, intitulée « Vous et le traitement du trouble de déficit de l'attention / hyperactivité par le méthylphénidate ». Cette brochure vise à rappeler les risques liés à l'utilisation du méthylphénidate, les modalités de surveillance du traitement ainsi que les règles de bonne utilisation pour aider le patient dans sa propre gestion du traitement.

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