Question de M. KANNER Patrick (Nord - SOCR) publiée le 06/04/2018

Question posée en séance publique le 05/04/2018

M. Patrick Kanner. Monsieur le Premier ministre, le candidat Emmanuel Macron s'était réclamé d'un point d'équilibre entre libérer et protéger. Où en sommes-nous onze mois après son élection et dix mois après un exercice, pour le moins, pyramidal du pouvoir ?

Les Français sont inquiets. Qu'ils soient fonctionnaires, retraités, cheminots, personnels soignants, acteurs du logement social, étudiants, bénévoles associatifs ou élus locaux, ces Français ne voient pas l'équilibre de l'engagement présidentiel. Ils nous le disent chaque jour depuis des semaines : le compte n'y est pas !

La France n'est pas une start-up où le désordre deviendrait une énergie créatrice. Notre pays a besoin d'un climat apaisé et d'un cap. Votre feu d'artifice de réformes correspond-il à ce cap ? Quelle est votre vision de la justice sociale ? Quelle est la place du service public dans vos choix politiques ?

Je vous pose ces questions, parce que les Français se les posent eux-mêmes. Notre pays et les Français ne sont pas contre les réformes par principe. Ils demandent d'abord à les comprendre et, surtout, à ce qu'elles portent un progrès social. Cela a toujours été notre position, celle de la responsabilité et de la recherche de l'intérêt général.

Je vous pose ces questions, parce que, entre la promesse des annonces et le contenu réel des réformes, l'écart est parfois grand – nous le verrons par exemple demain avec feu l'idée d'une assurance chômage universelle…

Je vous pose ces questions, parce que malgré les accusations, l'été dernier, de budget insincère et de mauvaise gestion, tout le monde voit aujourd'hui que, grâce aux cinq dernières années, votre gouvernement dispose de la meilleure situation économique et financière que la France ait connue depuis plus de dix ans. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. – Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)


M. Marc-Philippe Daubresse. C'est un poisson d'avril !


M. Patrick Kanner. Monsieur le Premier ministre, toutes celles et tous ceux qui ont fait tant d'efforts veulent savoir s'ils en seront récompensés !

Ma question est alors simple : en cette période troublée, quelle est l'ambition sociale réelle de votre gouvernement pour notre pays ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.- Marques d'approbation sur des travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 06/04/2018

Réponse apportée en séance publique le 05/04/2018

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Monsieur le président Kanner, dans le temps nécessairement contraint qui est le mien – le président Larcher vient de nous inviter à la concision –, je crains d'avoir du mal à répondre au feu d'artifice de questions que vous venez de formuler…

Sachez que je goûte pleinement le prix et la valeur de votre propos, vous qui vous avez eu à connaître l'exercice des responsabilités et avez participé, pendant quelques années – et encore récemment –, à la direction des affaires du pays ; vous qui avez connu des périodes dont je crois pouvoir dire qu'elles n'étaient pas toujours caractérisées par le calme social et durant lesquelles la question des méthodes employées a pu être soulevée (M. Jean-François Longeot applaudit.) ; vous qui avez constaté, en 2017, combien les Français avaient envie non plus de tergiversations, mais au contraire de décisions et d'une forme de rupture, j'ose le mot, par rapport à une ère, à mon avis trop longue, durant laquelle les décisions n'avaient pas été prises.

Vous me dites que nous voudrions esbaudir les Français par un tourbillon de réformes… Je ne le crois pas. Nous essayons, sujet après sujet, de réparer un pays qui a des atouts considérables et des richesses merveilleuses, mais qui connaît aussi des problèmes dont nul ici ne peut nier l'importance et l'intensité, ni l'ancienneté.

Lorsque nous essayons, comme aujourd'hui, d'apporter une réponse face à la dégradation du service public ferroviaire, nous tentons de réparer une situation qui n'est pas apparue en neuf mois.

Lorsque nous essayons, comme aujourd'hui sous l'autorité de Mme Vidal, de réparer l'accès à l'université française (M. François Grosdidier s'exclame.) et de substituer à la sélection par l'échec et le tirage au sort une orientation intelligente et éclairée des lycéens, nous tentons de réparer une situation qui, loin d'être nouvelle, est ancienne.

M. François Patriat. Très bien !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Lorsque nous réformons le droit du travail, comme avec les ordonnances prises au mois d'octobre dernier, nous le faisons parce que, depuis trop longtemps, nous considérions que le droit du travail n'offrait pas les souplesses permettant aux petites et moyennes entreprises de recruter sans risque.

Lorsque nous proposons une réforme de l'apprentissage, comme nous allons le faire bientôt, c'est pour le développer, car c'est un atout exceptionnel pour ceux qui en bénéficient et pour l'économie française dans son ensemble.

Dans toutes ces réformes et dans bien d'autres, monsieur le président Kanner, notre objectif n'est pas de casser tel ou tel privilège ou de dresser les Français les uns contre les autres ; nous entendons mettre en œuvre la lettre et l'esprit du programme présidentiel, la lettre et l'esprit des propositions faites par Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle : transformer le pays, regarder les problèmes en face, dire là où nous n'avons pas suffisamment avancé et essayer de trouver les solutions.

Voilà ce que nous voulons faire. Il est vrai que ce n'est pas toujours facile et je reconnais qu'il est nécessaire d'expliquer encore et toujours les choses, mais rien, monsieur le président Kanner, absolument rien ne nous fera dévier de cet objectif simple et des engagements qui ont été pris devant les Français. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains et du groupe Union Centriste.)

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