Question de M. MAUREY Hervé (Eure - UC) publiée le 29/03/2018

M. Hervé Maurey attire l'attention de M. le ministre de l'économie et des finances sur les difficultés pour les scieries à s'approvisionner en bois.
Selon le secteur de la transformation du bois, les scieries auraient des difficultés croissantes pour trouver de la matière première, en particulier du chêne.
Ce constat est surprenant au regard de la place de la France dans le marché mondial de la production de bois. On estime à 16 millions le nombre d'hectares de forêt en France, soit près de 30 % du territoire métropolitain. Notre pays est le premier producteur de chêne d'Europe et le troisième au niveau mondial.
Il apparaît que l'exportation de chêne expliquerait en grande partie cette pénurie, avec en particulier entre 25 et 30 % de la production qui serait exportée vers la Chine. En dix ans, ces exportations auraient été multipliées par dix, selon la profession, divisant par près de deux le nombre de grumes de chênes disponibles pour les scieries françaises, passées de 2,45 millions de m3 en 2007 à 1,25 million de m3 en 2017.
La Normandie serait particulièrement concernée par ce problème avec 40 % de la production locale exportée.
Les scieries françaises sont contraintes d'importer à leur tour du chêne depuis l'étranger avec deux conséquences. Le premier effet est économique, les scieries françaises perdant de la compétitivité du fait de prix renchéris par les coûts de transport et l'effet de rareté. On observe un déclin de ce secteur avec 30 scieries qui auraient fermé leur porte en moyenne depuis 2005. Leur nombre serait passé de 900 à 550 en 2017. En Normandie, on constaterait une diminution de 20 % des scieries normandes entre 2010 et 2016.
La seconde conséquence est environnementale, avec l'augmentation des exportations et des importations dont le transport est polluant.
Aussi, il lui demande s'il compte prendre des mesures pour remédier à cette situation.

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Transmise au Ministère de l'agriculture et de l'alimentation


Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 10/05/2018

Les professionnels de la première transformation du bois - notamment les scieries de chêne - connaissent, depuis plusieurs années, des difficultés d'approvisionnement en matière première. Au regard de cette conjoncture, la mise en place du « label UE » par l'office national des forêts participe de la volonté de pérenniser l'outil de transformation du bois et d'assurer un développement équilibré de la filière forêt-bois dans son ensemble. Afin de résoudre les difficultés d'approvisionnement soulignées par la fédération nationale du bois, le Gouvernement a décidé d'engager des actions structurantes pour permettre de maintenir le tissu industriel de transformation du bois et répondre au double objectif de création de richesse nationale et d'emplois dans les territoires ruraux. La mission d'appui à la clarification de l'organisation de la filière forêt-bois confiée à M. Jean-Yves Caullet en début d'année 2018 resserrera les liens entre les différents acteurs de la filière. Leur rapprochement permettra d'améliorer la qualité du dialogue entre les familles professionnelles de l'amont à l'aval dans la perspective, in fine, de développer cette filière d'avenir, levier majeur de création de valeur ajoutée, de services environnementaux, de développement des énergies renouvelables et de lutte contre le changement climatique. C'est également dans cet esprit que France bois forêt (pour l'amont) et France bois industries entreprises (pour l'aval) ont été invités à travailler avec France bois régions à l'élaboration d'un plan de la filière « feuillus » d'ici la fin du mois de mai 2018. Ce plan, dans ses modalités opérationnelles, aura pour objectif de transformer la filière « feuillus » pour créer davantage de valeur et identifier les axes de transformation nécessaires pour faire face à la concurrence et gagner en compétitivité. Il sera assorti d'engagements des acteurs économiques les uns vis-à-vis des autres, précisera les objectifs à atteindre en termes notamment de montée de gamme des produits ou de contractualisation à horizon de cinq ans. Concomitamment à cette démarche fédératrice, les services du ministère de l'agriculture et de l'alimentation travaillent à un nouveau dispositif de financement, conçu avec Bpifrance, et qui sera mis en œuvre prochainement dans le cadre du grand plan d'investissement. Il permettra de soutenir l'investissement dans l'outil industriel de transformation du bois par l'attribution de prêts avec différé d'amortissement du capital durant la période de montée en puissance des équipements de production. Enfin, afin d'apporter une réponse aux entreprises de sciages de chêne connaissant des difficultés avérées d'approvisionnement, les services de l'État en région réunissent localement l'ensemble des parties prenantes pour partager un diagnostic et identifier les solutions à mettre en œuvre à partir, notamment, d'engagements pris réciproquement entre les acteurs économiques.

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