Question de M. KERROUCHE Éric (Landes - SOCR) publiée le 28/03/2018

Question posée en séance publique le 27/03/2018

M. Éric Kerrouche. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale. Elle porte sur la situation dans les universités françaises, singulièrement celle de Montpellier.

Dans la nuit du 22 au 23 mars, des individus encagoulés ont commis des actes d'une grave violence contre des étudiants qui occupaient un amphithéâtre en signe de protestation. Cette occupation n'est pas isolée, comme en témoignent les cas de Paris, de Bordeaux, de Toulouse, de Lille, où des actes graves semblent avoir été également relevés.

Une telle violence, aux relents rances et aux racines extrémistes, n'a pas sa place à l'université, lieu du savoir et de l'apprentissage. Aucun blocage ne peut justifier de telles exactions. La démission du doyen de la faculté de droit, après des propos douteux, ne peut constituer la seule réponse. Nous attendons le résultat de l'enquête qui a été diligentée.

Vous le voyez, monsieur le ministre, contrairement aux assurances que vous voulez donner, les étudiants sont inquiets concernant la réforme de l'université votée en février 2018, quand ils n'y sont pas opposés, car elle met en place une sélection sociale et géographique qui ne veut pas dire son nom. C'est un nouveau symptôme du bouillonnement social que le Gouvernement ne veut pas voir.

Alors que l'étude Campus Responsables de 2016 a montré combien les universités sont des leviers importants de développement socio-économique, vous vous obstinez à sous-investir.

Officiellement, le budget de l'enseignement supérieur est en hausse dans la loi de finances. Or cette hausse, qui inclut d'ailleurs l'inflation, n'est en rien à la hauteur des défis à venir.

Votre gouvernement a une double responsabilité, s'agissant des croissances d'effectifs d'abord, des choix fiscaux qu'il a réalisés ensuite. Vous savez d'ores et déjà que la création de places supplémentaires ne suffira pas à accueillir les nouveaux bacheliers. Sans la flat tax et la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune, qui rapportait 5 milliards d'euros, le budget de l'enseignement supérieur aurait pu augmenter de près de 40 %.

Contrairement à tout ce que prétend le Gouvernement auquel vous appartenez, la France n'est pas une entreprise. C'est une République qui doit privilégier un destin collectif dans lequel il ne saurait être question de favoriser uniquement quelques-uns.


M. le président. Votre question, s'il vous plaît !


M. Éric Kerrouche. Monsieur le ministre, ma question est simple : quand le Gouvernement va-t-il enfin prendre la mesure des besoins de l'université et de la recherche ? Allez-vous enfin répondre aux angoisses d'une génération qui n'entend pas être sacrifiée sur l'autel d'un néo-libéralisme et d'une austérité insensés ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 28/03/2018

Réponse apportée en séance publique le 27/03/2018

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale. Monsieur le sénateur Éric Kerrouche, je réponds à votre question en l'absence de la ministre de l'enseignement supérieur, Frédérique Vidal.

Votre question se compose en réalité de deux parties. Même si je ne vois pas très bien la relation entre elles, je m'efforcerai de répondre à chacune d'elles.

Je ne peux évidemment que condamner, comme vous, ce qui s'est passé à l'université de Montpellier, comme l'a fait tout le Gouvernement par la voix de Frédérique Vidal. Ma collègue a immédiatement diligenté une enquête auprès de l'Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche. Nous sommes dans l'attente de ses conclusions et nous serons bien entendu inflexibles sur les suites judiciaires à donner à cette affaire.

Comme vous l'avez rappelé, le doyen de la faculté de droit a démissionné à la suite de ces événements.

Mme Esther Benbassa. Heureusement !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. À la demande du président de l'université, le vice-président assure l'intérim du doyen.

J'en viens à la seconde partie de votre question, dont je ne vois absolument pas le rapport avec les événements auxquels vous venez de faire référence, dans la première partie de votre question, ces violences qui ont eu lieu contre des étudiants rassemblés pacifiquement pour protester contre certains aspects de la réforme de l'université.

Je puis vous assurer que la réforme de la plateforme Parcoursup qui a été menée par Frédérique Vidal garantira à tous les étudiants de France de bien meilleurs mois de juin, de juillet et d'août que ceux qu'ont connus leurs prédécesseurs en 2017 sous le régime APB. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.) Cette plateforme est une amélioration indiscutable.

Compte tenu de la modestie des investissements dans l'enseignement supérieur ces dernières années, de ce qui s'est passé avec le système APB – je pense au tirage au sort des étudiants –, il me semble que vous devriez être prudent avant de porter un jugement sur la nouvelle plateforme !

Nous vous donnons donc rendez-vous au mois de septembre, mais vous verrez dès la fin du mois de mai que Parcoursup est nettement meilleur que le système APB. (Marques d'approbation et applaudissements sur les mêmes travées.)

Mme Éliane Assassi. Surtout pour les handicapés !

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