Question de Mme GARRIAUD-MAYLAM Joëlle (Français établis hors de France - Les Républicains) publiée le 21/03/2018

Question posée en séance publique le 20/03/2018

Mme Joëlle Garriaud-Maylam. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, le Président de la République a choisi la Journée internationale de la francophonie pour dévoiler son plan en faveur de la langue française.

Il était urgent de passer du discours aux actes. Comment peut-on en effet se faire le chantre de la francophonie tout en coupant de 33 millions d'euros les budgets consacrés à l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger et en supprimant des postes de professeurs ? N'est-il pas contradictoire de vanter le français comme langue d'avenir et de parler anglais dans les grandes enceintes internationales, où l'on trouve pourtant d'excellents interprètes ?

Alors qu'un grand plan est en train d'être dévoilé, je veux mettre en garde contre une approche trop jacobine. La francophonie ne peut plus être un instrument piloté par le Quai d'Orsay… ou par l'Élysée. Tant que nous la concevrons comme une stratégie impulsée par Paris, nous nous couperons des pays francophones. La francophonie se construirait alors sans nous, alors que la francophonie du XXIe siècle se doit d'être agile, pragmatique, en perpétuelle adaptation aux attentes locales.

Il ne s'agit pas de considérations théoriques. L'indépendance du réseau de nos 834 alliances françaises est aujourd'hui menacée. Un placement sous tutelle du Quai d'Orsay ou des instituts français serait une erreur stratégique et un très mauvais signal envoyé aux francophones et aux autorités des pays où sont implantées les alliances.

Le français doit sortir des sphères académiques pour redevenir la langue des secteurs d'avenir, créateurs d'emplois.

Pour mobiliser l'énergie des jeunes et leur offrir de nouvelles opportunités à l'international, j'avais suggéré la création – très nécessaire – d'un volontariat international d'enseignement en français. Le grand plan pour le français du Gouvernement concrétisera-t-il enfin cette demande ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Jean-Marie Bockel applaudit également.)

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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé des affaires européennes publiée le 21/03/2018

Réponse apportée en séance publique le 20/03/2018

Mme Nathalie Loiseau, ministre auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée des affaires européennes. Madame la sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam, vous l'avez dit, le Président de la République est en ce moment même à l'Académie française (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain.) pour présenter la nouvelle stratégie de la France pour la promotion du français et du plurilinguisme dans le monde. Je crois que ce qu'il annonce répondra à vos attentes.

En cette Journée internationale de la francophonie, je veux vous confirmer l'engagement du Gouvernement pour faire de la promotion de la langue française l'un des grands enjeux de ce quinquennat.

Le français est parlé aujourd'hui par près de 300 millions de locuteurs dans le monde ; il pourrait l'être par plus de 700 millions en 2050. Il faut en tirer toutes les conséquences.

Le français est un atout majeur de la France dans la mondialisation. C'est aussi un bien commun, au-delà des frontières hexagonales. Cela doit nous conduire à décentrer notre regard sur le français, qui est autant une langue d'Afrique et d'ailleurs que de France. Il nous faut aussi prendre la pleine mesure du défi éducatif sur le continent africain, et il nous revient de conforter notre capacité de rayonnement, notamment grâce à ces magnifiques outils, que vous avez cités, que sont les lycées, les alliances et les instituts français.

S'agissant des alliances françaises, le Président de la République a émis le souhait que dix alliances françaises soient ouvertes chaque année et que les crédits alloués à ces institutions soient sanctuarisés.

Pour ce qui est des lycées français, le chef de l'État a annoncé qu'il comptait doubler le nombre d'élèves dans ces établissements à travers le monde.

Nous devons relever deux défis : renouveler notre capacité à atteindre de nouveaux publics, d'une part ; accélérer la prise de conscience francophone en France même, d'autre part.

En cette Journée internationale de la francophonie, vous me permettrez, madame la sénatrice, de rendre hommage à votre mobilisation sur ce sujet et de saluer vos idées, notamment celle de la création d'une cité de la francophonie à Villers-Cotterêts et celle d'un volontariat international d'enseignement en français, que vous venez de rappeler.

Ces deux idées viennent d'être reprises par le Président de la République ; il vient d'en faire l'annonce il y a quelques instants. (MM. François Patriat et Jean-Claude Requier applaudissent.)

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