Question de M. RAPIN Jean-François (Pas-de-Calais - Les Républicains) publiée le 14/03/2018

Question posée en séance publique le 13/03/2018

M. Jean-François Rapin. Monsieur le ministre d'État, ministre de l'intérieur, l'insécurité grandissante à Mayotte fait croître une crise sociale d'une ampleur sans précédent. Les gouvernements Ayrault et Valls ont systématiquement été interpellés, sans effet concret. En tant que président de l'Association nationale des élus du littoral, et parce que je suis très attaché aux territoires ultramarins, j'ai déjà alerté personnellement et directement le ministre Nicolas Hulot sur cette question, par le biais du volet environnemental.

Aujourd'hui, malgré les appels au secours des élus mahorais et de la population, le Gouvernement semble mettre ses pas dans ceux de ses prédécesseurs.

Ce département français a des besoins vitaux comme l'accès à l'eau, à l'école, à l'électricité, à l'assainissement, au logement et, surtout, à la sécurité.

Les réponses apportées par votre gouvernement, à savoir quelques policiers et gendarmes supplémentaires, un déploiement de la police de proximité et un état-major de lutte contre l'immigration clandestine, ne sont pas à la hauteur des enjeux. On nous annonce même une nouvelle conférence sur l'avenir de Mayotte, alors que les assises des outre-mer souhaitées par Emmanuel Macron sont en voie de s'achever. Pour les Mahorais, vos réponses sont malheureusement techniques, technocratiques et, surtout, dilatoires, alors qu'ils attendent un soutien du Gouvernement, c'est-à-dire un engagement politique fort.

L'idée de créer une maternité extraterritoriale traduit la reconnaissance que l'immigration clandestine, insupportable à Mayotte, est à l'origine de cette crise, qui risque de dégénérer.

Les habitants ne veulent pas de « sous-mesures » – ce sont leurs propres termes. Ils veulent des actes et des solutions juridiques pour stopper l'immigration clandestine, l'explosion des naissances et le regroupement familial.

Mayotte a toujours manifesté son attachement à la France, et elle attend autre chose qu'un discours de plus. Allez-vous, monsieur le ministre, prendre la mesure des souffrances qu'endure la population de Mayotte et faire enfin de vraies propositions ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe Union Centriste.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 14/03/2018

Réponse apportée en séance publique le 13/03/2018

M. Gérard Collomb, ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Jean-François Rapin, vous le savez, j'ai toujours pensé que les problèmes d'immigration étaient des problèmes sérieux. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) Nous le voyons en Europe, et aujourd'hui à Mayotte.

La crise que nous connaissons actuellement est due à la différence de niveau de vie entre le département de Mayotte et les Comores toutes proches. Entre l'île d'Anjouan et Mayotte, il y a seulement 70 kilomètres ! Or la différence de niveau de vie est de 1 à 13. Nous assistons donc à une immigration massive, assortie de difficultés pour les Mahorais, en particulier d'une insécurité grandissante. Et nous avons connu, ces derniers jours, une révolte de la population, incarnée par les élus, mais aussi par l'intersyndicale. (Brouhaha.)

Donc oui, nous allons apporter des réponses concrètes à des problèmes qui sont extrêmement graves ! (Vives exclamations sur les travées du groupe Les Républicains et du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)

M. François Grosdidier. Quand ?

M. Gérard Collomb, ministre d'État. J'ai commandé, en début d'année, de nouveaux bateaux, de manière à pouvoir lutter contre l'immigration à Mayotte. Ils seront livrés pendant l'été. En attendant, nous avons demandé qu'un patrouilleur de la marine nationale puisse venir sur les lieux.

Le dialogue est engagé avec les élus, parce que c'est avec eux que nous voulons construire un nouvel avenir pour Mayotte dans la République française ! (Nouvelles exclamations sur les mêmes travées. – Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

Mme Éliane Assassi. Et l'augmentation des prestations à Mayotte ?

M. le président. La parole est à M. Jean-François Rapin, pour la réplique.

M. Jean-François Rapin. Des constats, des constats, monsieur le ministre ; pas de propositions ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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