Question de Mme BRUGUIÈRE Marie-Thérèse (Hérault - Les Républicains-A) publiée le 22/02/2018

Mme Marie-Thérèse Bruguière attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur ses propos du 9 février 2018 sur un plateau télévisé : « en termes de santé publique, c'est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka, du whisky, il y a zéro différence. Scientifiquement, le vin est un alcool comme un autre ». Outre le débat contestable sur les questions de santé, il n'est pas concevable d'entendre un membre du Gouvernement faire fi des 10 milliards d'euros d'excédent commercial et des 800 000 emplois directs et indirects générés par la filière du vin.
Elle lui rappelle, au passage, que le procureur impérial, du temps de Napoléon III, qui a requis contre Baudelaire et Flaubert s'appelait Ernest Pinard. En effet, il ne faut pas confondre le pinard avec le vin. Comme il ne faut pas confondre santé et puritanisme. Certes Pinard a réussi à faire condamner Baudelaire, mais combien de vers de Baudelaire nous restent-ils qui célèbrent le vin ! « Aujourd'hui l'espace est splendide / Sans mors, sans éperons, sans bride / Partons à cheval sur le vin / Pour un ciel féerique et divin ! » Le vin est partout chez Baudelaire. In vino veritas. Le vin est un totem comme le disait Roland Barthes.
En mettant au même niveau le vin et les alcools forts, elle ignore cinquante ans d'études démontrant qu'une consommation modérée de vin dans une alimentation équilibrée est protectrice de la santé.
En mettant au même niveau le vin et les alcools durs, elle fragilise l'économie de filières et de régions entières.
Elle lui demande donc, au nom de la filière viticole, d'expliquer d'ici les intentions du Gouvernement et les suites qu'elle entend donner à ses propos.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 01/03/2018

La consommation d'alcool en France est estimée à 11,6 litres d'alcool pur par habitant, soit environ 2,5 verres de 10 g d'alcool par jour et par habitant. Si cette consommation est en baisse depuis plusieurs années, elle demeure néanmoins l'une des plus élevées en Europe et dans le monde. Près d'un adulte sur deux consomme de l'alcool au moins une fois par semaine et 10 % chaque jour, en particulier les plus de 50 ans. Les plus jeunes consomment moins régulièrement mais de façon plus excessive et ponctuelle, avec des épisodes d'ivresse (« binge drinking »). La consommation nocive d'alcool peut conduire à la dépendance et altérer la santé et la qualité de vie, pour soi comme pour les autres. Ainsi, l'alcool est aujourd'hui en France la deuxième cause de mortalité prématurée évitable, après le tabac. Il est responsable de 49 000 décès par an en France, dont 15 000 décès par cancers. L'exposition à l'alcool pendant la grossesse constitue la première cause non génétique de handicap mental chez l'enfant. L'alcool est également à l'origine de 29 % des décès par accident de la route (3 477 tués sur les routes, donc plus de 1 000 morts dus à l'alcool). Face à ces constats, l'Institut National du Cancer (INCa) a lancé, en septembre 2017, une campagne visant à mieux faire connaître les gestes alimentaires quotidiens qui permettent de prévenir les cancers évitables. Parmi les comportements encouragés figure celui de la diminution de sa consommation d'alcool. Mettre à la disposition du grand public les informations qui lui permettront de faire des choix éclairés pour sa santé relève de la responsabilité des autorités sanitaires dont les missions pourraient être niées en cas d'absence d'information de la population sur les risques associés à certains comportements. Par ailleurs, dans le cadre de ses dispositifs de prévention, l'institut national du cancer (INCa) s'attache à promouvoir un discours neutre fondé sur des données probantes, non stigmatisant et prenant en compte les plaisirs associés à la consommation de certains produits, dont l'alcool fait partie. Cette campagne de prévention, qui ne se limite pas uniquement à la question de la consommation d'alcool mais aborde plus largement celle d'une alimentation saine et équilibrée, s'inscrit pleinement dans notre stratégie nationale de santé. Parmi les axes prioritaires de cette stratégie nationale, qui a fait l'objet d'une consultation publique, figure un volet prévention important intégrant plusieurs objectifs de lutte contre l'usage nocif d'alcool.

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