Question de M. PONIATOWSKI Ladislas (Eure - Les Républicains) publiée le 08/02/2018

M. Ladislas Poniatowski attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la situation alarmante des personnels d'établissements d'hébergement pour les personnes âgées (Ehpad). Ces personnels se disent usés, au bord du « burn-out » ; ils déplorent un manque criant de personnels et de moyens leur permettant de faire correctement leur travail et de traiter avec dignité et respect nos ainés.
Ces personnels sont aujourd'hui dans la rue parce qu'ils ne supportent plus de travailler de la sorte, d'être dans l'obligation de négliger les relations, les soins, les échanges avec les résidents. L'image qu'ils se faisaient de leur profession est aux antipodes de ce qu'ils exécutent quotidiennement. Leurs témoignages dénoncent un quotidien intolérable ; ils sont confrontés à un rythme qui ne respecte pas les résidents et les oblige à pratiquer les tâches à la chaîne en occultant tout lien humain, très loin de leurs valeurs et de celles inculquées pendant leur formation.
Avec le vieillissement de la population et l'augmentation du maintien à domicile, les personnes qui intègrent ces Ehpad sont de plus en plus nombreuses, près de 728 000, de plus en plus âgées et donc de plus en plus dépendantes. Pour autant, le taux d'encadrement moyen dans les Ehpad, en France, est de six salariés pour dix résidents ; ce qui nous place très loin derrière les pays d'Europe du nord où l'on trouve un salarié pour un résident.
Il lui demande donc quelles mesures le Gouvernement entend mettre en place pour améliorer rapidement et significativement les conditions de travail dans les Ehpad afin que la prise en charge des résidents soit à la hauteur du respect que nous devons à nos aînés.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 15/02/2018

Conscient de la priorité en matière de prise en charge des personnes âgées ainsi que des enjeux liés au vieillissement de la population, le Gouvernement travaille, au-delà de la mise en œuvre de la loi relative à l'adaptation de la société au vieillissement, à adapter les réponses aux besoins des personnes âgées, et à améliorer la qualité de la prise en charge dans une approche prospective. À cette fin, le haut conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (HCAAM) et le haut conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (HCFEA) ont été missionnés pour réaliser une évaluation prospective des besoins en termes quantitatifs et qualitatifs de prise en charge médico-sociale et sanitaire des personnes âgées à horizon 2030. Afin de répondre aux problématiques entourant la pratique professionnelle dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), tant en termes de sinistralité que de turnover, un groupe de travail relatif à la qualité de vie au travail est installé sous l'égide de la direction générale de cohésion sociale. Il s'efforcera de mobiliser les branches professionnelles et aura pour objectif d'envisager toutes les possibilités d'agir sur la question de la pénibilité des métiers, par exemple au travers de la prévention des troubles musculo-squelettiques ou du stress lié à la prise en charge de personnes âgées très dépendantes. Les travaux du groupe de travail visent in fine à apporter des solutions concrètes aux établissements pour améliorer la situation des personnels, en abordant notamment les questions liées au mangement en EHPAD. Avec la réforme de la tarification, 397,9 millions d'euros de financements supplémentaires seront alloués aux EHPAD sur la période de 2017-2023. Dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018, ce sont d'ores et déjà 100 millions d'euros qui sont consacrés à l'amélioration du taux d'encadrement, de la qualité des accompagnements et des conditions de travail des personnels (185 millions d'euros en 2017). La majeure partie des personnels sont dévoués et consciencieux, loin de la maltraitance quotidienne évoquée lors de faits très regrettables. Ce problème correspond toutefois à une réalité qui doit être combattue. Un programme national de contrôle préventif des établissements médico-sociaux au titre des repérages et des risques de maltraitance a à ce titre été mis en œuvre. La lutte contre la maltraitance s'appuie également sur les dispositions récentes mises en place, telles que la déclaration des évènements indésirables graves associés à des soins et les structures régionales d'appui à la qualité des soins et à la sécurité des patients qui impose le signalement des situations de maltraitance à l'agence régionale de santé (ARS). Ce dispositif s'intègre dans un cadre plus large de politique de lutte contre la maltraitance, qui comprend la diffusion d'un numéro vert national, le 3977, un renforcement des procédures de suivi et de traitement des signalements de maltraitance en institution par les autorités administratives et les acteurs compétents et la promotion d'une culture de la bientraitance des personnes âgées par l'élaboration collégiale de recommandations de bonnes pratiques par l'agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM). Cet effort a d'ailleurs vocation à se poursuivre et à s'amplifier dans le cadre de la nouvelle stratégie nationale de lutte contre la maltraitance qui doit être présentée au deuxième semestre 2018, qui s'appuiera notamment sur les pistes de réflexions issues des travaux du HCFEA.

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