Question de M. COURTEAU Roland (Aude - SOCR) publiée le 01/02/2018

M. Roland Courteau appelle l'attention de Mme la ministre du travail sur les conditions dans lesquelles s'effectue l'accompagnement à l'emploi des demandeurs.
Il lui fait remarquer que le portefeuille de demandeurs d'emploi géré par les agents n'a cessé de croître atteignant plusieurs centaines de personnes par agent.
Il lui précise que simultanément, Pôle emploi confie à des prestataires privés certains accompagnements, avec un surcoût selon certaines informations évalué à quelques de 140 millions d'euros par an pour la période 2015-2019.

Il lui signale que ces prestations externalisées censées s'adresser aux « personnes les plus autonomes » doivent être également analysées au vu du sévère rapport rendu par la Cour des comptes, au printemps 2014 montrant que les résultats obtenus par les opérateurs privés de placement (sur la période 2007-2012) n'étaient en rien meilleurs que ceux des conseillers Pôle emploi.
Il lui précise d'ailleurs que nombre de conseillers Pôle emploi pointent l'inadaptabilité et l'inutilité de ce recours aux prestataires privés, qui grève le budget de Pôle emploi et que par ailleurs, plusieurs retours d'expériences portées à la connaissance des agents, traduiraient, dans certains cas, selon ces mêmes informations, des méthodes agressives et contraignantes à l'égard des personnes accompagnées.
Il lui demande donc si elle compte réduire le recours à des prestataires privés dont l'efficacité en termes d'accompagnement au retour à l'emploi n'est pas démontrée et porte atteinte au service public de l'emploi.
Il lui demande également si elle compte s'assurer, au moyen d'évaluations internes de la qualité des méthodes utilisées par ces mêmes opérateurs privés.

- page 407


Réponse du Ministère du travail publiée le 15/03/2018

La convention tripartite État - Unédic -Pôle emploi 2015-2018 définit les modalités d'accompagnement des demandeurs d'emploi en vue de promouvoir une plus grande personnalisation. L'accompagnement des demandeurs d'emploi par Pôle emploi est désormais assuré selon trois modalités principales : la modalité « Suivi » vise les demandeurs d'emploi les plus proches du marché du travail et les plus autonomes dans leur recherche ; l'accompagnement « Guidé » concerne les demandeurs d'emploi ayant besoin d'un appui régulier dans leur recherche d'emploi ; l'accompagnement « Renforcé » est destiné aux demandeurs d'emploi ayant besoin d'être fortement accompagnés dans leur recherche d'emploi et pour l'élaboration de leur projet professionnel. Cela aboutit donc à des tailles de portefeuilles différenciées selon les besoins en accompagnement des demandeurs d'emploi (cf. tableau ci-dessous). Si leur taille s'est accrue avec l'augmentation du nombre de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi, cette hausse s'est faite en respectant le principe d'un suivi différencié en fonction des besoins. L'établissement a de plus consenti des efforts substantiels d'efficience et de redéploiement d'activités pour renforcer le temps consacré à l'accompagnement des demandeurs d'emplois depuis 2015 (+ 4 569 équivalents temps plein (ETP) en 2016, + 5 172 en 2017) afin de limiter les effets de l'augmentation de la taille des portefeuilles. Tableau n°  1 : Taille moyenne des portefeuilles par modalité


 Année

Renforcé

Guidé

Suivi

 Au 1er janvier 2016

75

175

301

 Au 31 décembre 2017

88

197

318
À ces trois modalités s'ajoutent des accompagnements plus intensifs cofinancés par le fonds social européen, et dont les portefeuilles sont de taille plus réduite (autour de cinquante demandeurs d'emploi par portefeuille) : en direction de publics jeunes : l'accompagnement intensif jeunes (« AIJ ») destiné aux demandeurs d'emploi âgés de moins de 26 ans et mis en place depuis septembre 2014 ; ou destinés à des demandeurs d'emploi soumis à des freins périphériques (santé, mobilité, garde d'enfants…) dans leur recherche d'emploi : l'accompagnement « Global », mis en œuvre avec les travailleurs sociaux des conseils départementaux. Cette organisation est une profonde évolution puisqu'elle internalise le suivi des demandeurs d'emploi les plus éloignés de l'emploi, confié pour un temps aux prestataires externes, et permet de concentrer les moyens de l'établissement en direction de ceux qui en ont le plus besoin. Ainsi, aujourd'hui, environ un tiers des conseillers en accompagnement de Pôle emploi sont en charge d'un accompagnement intensif, ce qui représente à chaque instant plus de 530 000 personnes les plus éloignées de l'emploi. Afin de favoriser les reprises rapides d'emploi, il peut en parallèle être proposé aux demandeurs d'emploi les plus autonomes, en modalité d'accompagnement Suivi, de bénéficier d'une prestation spécifique d'accompagnement, d'une durée de quatre mois, délivrée par des prestataires externes, appelée « Activ'emploi ». Cette prestation permet de fournir un soutien dans les « derniers mètres » vers le retour à l'emploi aux demandeurs d'emploi autonomes tout en conservant le lien avec leur conseiller référent au sein de Pôle emploi. Particulièrement soucieux de la qualité des prestations délivrées, Pôle emploi est très attentif à l'évolution de la satisfaction des bénéficiaires des prestations, dont bien entendu Activ'Emploi. Au troisième trimestre 2017, celle-ci s'élève à un bon niveau, 71 % soit un taux équivalent à celui enregistré par Pôle Emploi pour l'accompagnement assuré par ses conseillers en 2017 (71 % également). Les autres prestations assurées par des opérateurs privés mais destinées à des publics plus spécifiques (créateurs d'entreprise, changement de projet professionnel) enregistrent quant à elles des taux de satisfaction très élevés, supérieurs à 80 %. Par ailleurs, Pôle Emploi a fortement renforcé depuis 2015, le contrôle de la qualité des prestations rendues par les opérateurs privés de placement, qui s'articule autour de sept axes : des modalités de rémunération des prestations intégrant un contrôle de qualité implicite ; le contrôle systématique et préalable des moyens mobilisés par les opérateurs ; le contrôle des livrables ; le contrôle in situ de la qualité des prestations délivrées et le traitement des réclamations des demandeurs d'emploi ; l'analyse des enquêtes de satisfaction des bénéficiaires ci-dessus ; la mise en œuvre d'audits portant sur les processus supports clés ; l'intensification de la gouvernance.

- page 1264

Page mise à jour le