Question de M. LOUAULT Pierre (Indre-et-Loire - UC-A) publiée le 16/02/2018

Question posée en séance publique le 15/02/2018

M. Pierre Louault. Ma question porte sur le même sujet, qui est d'importance pour les territoires ruraux. On ne le dit pas assez : 75 % de notre territoire est en voie d'abandon par l'État et les services publics. Les fermetures d'écoles représentent la goutte d'eau qui fait déborder le vase !

On parle d'aider les zones d'éducation prioritaire. Est-il logique d'appliquer la même norme de 25 élèves par classe à la ville comme à la campagne, quand, dans certains territoires ruraux, un enseignant est confronté à trois, quatre ou cinq niveaux différents au sein d'une même classe ? Il faut à mon sens ramener la norme à 20 élèves par classe pour les territoires ruraux, afin de tenir compte des difficultés spécifiques qu'y rencontrent les enseignants. Je tiens également à insister sur la longueur des déplacements à effectuer en milieu rural pour rejoindre l'école.

Trois ans après avoir organisé un regroupement scolaire, on ferme une classe, ce qui revient à fermer l'école, car celle-ci ne comptait que deux classes… Puis on repart à saute-mouton vers de nouvelles réformes.

Monsieur le ministre, il faut prendre conscience des difficultés des territoires ruraux. Je demande également à M. le Premier ministre de tenir compte de l'ensemble des problématiques, par exemple celles qui sont liées aux zonages européens.


M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue.


M. Pierre Louault. On prend les décisions depuis Paris, en appliquant des normes dont la définition ignore totalement les spécificités des territoires ! (Applaudissements sur les travées du groupe Union Centriste.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 16/02/2018

Réponse apportée en séance publique le 15/02/2018

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale. Monsieur le sénateur, votre question recoupe en effet la précédente, mais elle me permettra de prolonger mon propos, en commençant par où j'ai fini tout à l'heure, c'est-à-dire par l'évocation du cas du département que vous représentez, l'Indre-et-Loire. Ainsi, chacun verra que, pour chaque département, je peux affirmer que le taux d'encadrement s'améliore.

M. David Assouline. À Paris, ce n'est pas le cas !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Dans le premier degré, l'Indre-et-Loire comptera 104 élèves de moins l'année prochaine. Pour autant, douze postes d'enseignant sont fléchés pour les dédoublements en REP, douze autres pour les remplacements, et seize pour le soutien aux écoles rurales.

Mme Sophie Taillé-Polian. Mais combien de classes sans enseignant ?

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Au total, il y aura six postes supplémentaires alors qu'il y aura moins d'élèves.

Telle est la réalité, et cela vaudra pour chaque département. Je me tiens à la disposition des représentants de tous les départements ruraux de France pour en parler de manière concrète.

En la matière, nous avons, à mon sens, un point d'accord et un point de désaccord.

Le point d'accord, c'est, évidemment, la nécessité de la renaissance du monde rural : à cet égard, vous me trouverez toujours à vos côtés. Nous y travaillons dès à présent, avec Jacques Mézard, au travers des contrats ruraux de département. En ce moment même, nous invitons les départements qui n'en disposent pas à en signer. Chaque fois qu'un contrat rural de département est signé, nous ouvrons cinq postes supplémentaires au bénéfice de la renaissance du milieu rural.

Nous devons avoir des stratégies partagées pour sauver les écoles rurales et, mieux encore, pour les rendre plus attractives. Vous avez parlé des classes multiniveaux : il s'agit, en fait, d'un atout pédagogique. (M. Martin Lévrier opine.) C'est grâce aux classes multiniveaux que les écoles primaires rurales ont de meilleurs résultats que la moyenne des écoles primaires de France. Je suis pour des écoles primaires rurales toniques. Nous devons les faire renaître, nous sommes en train de nous en donner les moyens.

Le point de désaccord, bien moins important que notre point d'accord, tient au fait que, à mon sens, il ne faut pas tenir de discours de déploration au moment même où s'engage une renaissance. Nous devons tous nous associer pour mener ce travail. Nous nous en sommes donné les moyens, au travers de choix budgétaires très importants.

Si nous accentuons le désespoir au sein de la population par des discours qui ne correspondent pas à nos priorités, nous nous faisons du tort. (Protestations sur des travées du groupe Les Républicains.) En revanche, si nous travaillons ensemble à cette renaissance, nous réussirons. En tout cas, c'est l'invitation que je vous lance. Je le répète, je me tiens à la disposition de chacun d'entre vous, département par département, en vue de mettre en place une stratégie pour la renaissance du monde rural ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et sur des travées du groupe Union Centriste.)

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